Laurent Coulet, un libraire généraliste

Le Journal des Arts

Le 17 mai 2002 - 612 mots

Fils et petit-fils de libraires, Laurent Coulet fait partie de ces marchands qui ont grandi au milieu des livres et dont la vocation semble toute naturelle. Une immersion tellement évidente dans le monde de la bibliophilie, qu’il se souvient aujourd’hui de son étonnement lorsqu’il ne trouvait pas de livres anciens chez les parents de ses camarades d’enfance... Mais s’il est issu d’une famille du livre, il n’appartient pas à une dynastie de libraires puisqu’il s’est établi, et travaille, seul. La carrière de Laurent Coulet a débuté avec Jacques Quentin, un important marchand genevois, qui avait alors une librairie avenue de Suffren à Paris : “J’ai appris auprès de lui mon métier, il a su me communiquer le savoir bibliophile. C’est une notion très empirique, qui va au-delà des études de lettres, de l’histoire technique du livre ou même de l’histoire de la bibliophilie.” Après quatre années formatrices, il quitte son mentor pour tenir pendant trois ans la librairie de son grand-père, avant de fonder la sienne, en 1985.

La librairie Laurent Coulet est aujourd’hui un espace discret et intime qui correspond à l’idée que son propriétaire se fait d’un “petit métier assez confidentiel”. Porté par ses goûts personnels vers les textes littéraires, qui forment l’essentiel de ses catalogues, il s’intéresse plus aux finesses d’un livre et à la qualité de sa reliure qu’il ne s’attache véritablement à la catégorie dans laquelle l’ouvrage peut s’inscrire. Laurent Coulet est un libraire à vocation généraliste, à condition que les livres soient remarquables. En ce domaine toutefois, il n’y a jamais de certitudes acquises, “un libraire a toujours la surprise de ce qu’il trouve, et de ce qu’il va trouver. Le hasard est le grand pourvoyeur de notre métier !”Peu présent dans les foires et salons consacrés aux livres anciens, il a récemment mis en ligne son dernier catalogue sur un site anglais haut de gamme, worldbookdealers.com. “Pour le moment, je ne crois pas que cela m’ait apporté grand- chose, et je ne crois pas qu’Internet soit vraiment un support adapté au commerce des livres, sauf s’il s’agit de domaines très spécialisés ou de livres moyens.” Le catalogue, dans sa version classique sur papier, reste cependant primordial, “c’est une démonstration de savoir-faire : le libraire y montre comment il sait décrire les livres, l’éventail de ce qu’il propose et il y publie un prix”. Laurent Coulet envoie environ 2 500 de chacun de ses catalogues à ses clients. Un nombre important qui ne correspond pas réellement à sa clientèle régulière,  plus restreinte. “La collection est quelque chose de très intime, et le libraire entre par ce biais dans une partie de la vie privée du bibliophile. Il y donc un aspect cordial et très intime dans cette relation. Je crois par contre que l’affectivité doit être tenue à l’écart pour que les rapports restent sains, puisque c’est avant tout le commerce du livre qui nous lie.”

Quinze ans après l’ouverture de sa librairie, il constate plusieurs évolutions dans la pratique de son métier, “l’aspect le plus évident est la réelle raréfaction des livres. II est de plus en plus difficile de trouver de très beaux exemplaires des grands textes littéraires. Dans le même temps, il y a eu une sensible augmentation du prix des beaux livres, qui est liée au fait que la bibliophilie accède à un statut moins confidentiel et moins confiné. Dans ce contexte, les exemplaires importants deviennent de véritables objets d’art. En revanche, la cote les livres moyens, ceux qui n’ont rien de remarquable et dont on peut trouver plusieurs exemplaires dans une même année, s’est légèrement affaissée”.

- Librairie Laurent Coulet, 166 boulevard Haussmann, 75008 Paris, tél. 01 42 89 51 59.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Laurent Coulet, un libraire généraliste

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