Enchères et damnation

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 31 mai 2002 - 382 mots

Dans son dernier livre, Vincent Noce, journaliste au quotidien Libération,
nous propose de découvrir l’univers des enchères par le biais de petits récits truffés d’anecdotes truculentes. Dans la seconde partie de son ouvrage, il revient sur les grandes affaires du marché qui ont défrayé la chronique depuis vingt ans, du scandale Loudmer à l’imbroglio de la succession Giacometti.

Il fut un temps où les salles de Drouot étaient franchement inhospitalières pour le quidam qui voulait chiner : en entrant sur le terrain de chasse gardée des professionnels, il risquait carrément d’être violemment bousculé au détour d’un couloir. Aujourd’hui, antiquaires et amateurs se croisent habituellement dans l’hôtel parisien. Pour remporter à bon compte la victoire dans l’arène des enchères, il faut avoir l’œil et savoir décrypter les rituels de la maison. Il convient de déjouer les fréquentes petites magouilles, et de ne pas tomber dans les grosses combines, qu’elles soient licites ou illégales. À partir d’anecdotes, le chroniqueur de Libération donne ainsi, en dix chapitres, aux novices des ventes publiques les bases pour bien enchérir et ne pas tomber dans les pièges classiques, tel le “bourrage” dont fut victime un client (chapitre 6) qui avait osé mettre une première mise sur une banale grenouille en porcelaine chinoise proposée à un prix attractif. Il s’est finalement retrouvé avec l’objet en question sur les bras au double de sa valeur, sans avoir compris que le commissaire-priseur le faisait monter sur ses propres enchères.

La suite de l’ouvrage porte sur les plus célèbres affaires litigieuses qui parfois ont connu une fin heureuse – un Poussin pour le Louvre –, qui ont jeté le discrédit sur un expert, un marchand ou un commissaire-priseur, ou qui ont “grillé” un tableau de maître, comme le Jardin à Auvers de Van Gogh. L’auteur en parle avec beaucoup d’humour (mais sans méchanceté) et de décontraction. Page 358, un passage reprend les aventures de Jacques Tajan venu se restaurer dans un McDonald’s de Picardie après un inventaire : ce récit gratiné, écrit et publié en 1999 par le commissaire-priseur dans sa publication L’Optimiste, livre un témoignage digne des meilleurs commentaires d’hommes politiques lors de leur descente dans le métro parisien.

- Vincent Noce, Descente aux enchères, Les coulisses du marché de l’art, éd. J.-C. Lattès, 2002, 431 p., 20 euros. ISBN 2-7096-2153-3.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°150 du 31 mai 2002, avec le titre suivant : Enchères et damnation

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque