Une biennale australe

Sydney expérimente la frontière entre réalité et fiction

Le Journal des Arts

Le 28 juin 2002 - 570 mots

Pour son édition 2002, la Biennale de Sydney réunit jusqu’au 14 juillet cinquante-sept artistes. Répartie dans différents espaces de la ville, cette manifestation constitue l’un des événements artistiques les plus importants d’Australie.

SYDNEY (de notre correspondant) - Très tôt dans son histoire, les organisateurs de la Biennale de Sydney ont confié sa direction artistique à un seul commissaire chargé de l’élaborer autour d’un thème. Ce système a parfaitement fonctionné jusqu’à la fin des années 1990. Puis, la réputation de la biennale s’est brusquement ternie, notamment sur le plan local. La manifestation a aussi pâti de l’explosion du nombre des biennales à travers le monde. Ironiquement, la Biennale de Sydney a renoncé à l’un des aspects qui avaient fait son succès. Elle a abandonné lors de l’édition 2000 ce commissariat unique et a confié l’organisation de la manifestation à un comité de six membres, composé de quelques-unes des “stars” de l’art contemporain international comme Harald Szeemann, commissaire de la dernière Biennale de Venise, ou Sir Nicholas Serota, directeur de la Tate Gallery de Londres. Cette biennale “rétrospective”, célébrant ses vingt-cinq ans d’existence, a eu un succès aussi bien populaire que critique, en dépit de l’absence d’un axe fédérateur ou d’un thème. La Biennale de Sydney 2002 est revenue au système précédent. Son directeur, Richard Grayson, est un “artiste expérimental” résidant à Adélaïde (Australie du Sud), un ancien membre du Basement Group formé en Grande-Bretagne. Sous le titre “(The World May Be) = Fantastic” [“(Et si le monde était) = fantastique”], Richard Grayson a voulu réunir des artistes traitant de la frontière entre réalité et fiction, ce que l’artiste australienne Patricia Piccinini définit comme “les distinctions souvent spécieuses entre l’artificiel et le naturel”. Quelque cinquante-sept artistes, dont douze Australiens, exposent dans cette biennale. À côté de Vito Acconci, Chris Burden et Susan Hiller sont présents les Français Gilles Barbier et Philippe Parreno, ou les Belges Patrick Corillon et Panamarenko. “C’est avant tout une biennale d’art international, nous a déclaré Richard Grayson. Mais je crois qu’il est important pour les artistes locaux d’y être présents, car on y traite d’un thème rarement abordé en Australie aujourd’hui. La majorité des Australiens s’intéressent beaucoup aux codes de l’art et aux traditions radicales dans les discours postmodernes. C’est pourquoi j’ai pensé qu’il serait bon de mettre en avant les œuvres qui ne traitent pas nécessairement de cette problématique, mais qui sont un peu provocatrices. Un marchand étranger peut donc voir des travaux de très bons artistes australiens dans la biennale, mais il y a aussi d’autres œuvres d’excellents plasticiens du pays partout dans la ville. La biennale n’envahit pas Sydney, comme peut parfois le faire ce type de grande manifestation, mais tout le monde a organisé un événement ayant un rapport avec elle. Pour le monde de l’art en général, c’est un bon moyen de se recentrer.” Ces derniers mois, Richard Grayson a dû surmonter à la fois des soucis de santé et une crise financière, mais les choses semblent être rentrées dans l’ordre. “Jamais de ma vie, déclare-t-il, je n’ai été près d’un Gestalt ou d’un Zeitgeist [esprit du temps]. Mais cette fois, cela a bien failli m’arriver !”

Enfin, quelques jours après l’ouverture de la Biennale 2002, la directrice artistique de l’édition 2004 a été nommée en la personne de la Portugaise Isabel Carlos,) critique d’art et commissaire d’exposition indépendante.

- BIENNALE DE SYDNEY 2002, jusqu’au 14 juillet, différents lieux dans la ville, www.biennaleofsydney.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°152 du 28 juin 2002, avec le titre suivant : Une biennale australe

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