Muriel Toulemonde

Le Journal des Arts

Le 27 septembre 2002 - 475 mots

À l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Nathalie Pariente, à Paris, Muriel Toulemonde a répondu à nos questions.

Votre exposition s’intitule “Chronométrie intime”. Pouvez-vous nous expliquer ce que signifie cette expression ?
J’ai pris cette expression dans un livre de George Steiner, Grammaires de la création. Il associe la chronométrie intime à une conception du temps, à l’affectation du temps sur notre être. Or tout mon travail est basé sur comment notre conscience et notre corps sont affectés par le temps. C’est l’expression la plus appropriée pour définir mon travail.

Les photographies que vous exposez représentent des athlètes en train de s’entraîner avec des cordes et des parachutes. Comment expliquez-vous votre intérêt pour cette pratique ?
Je courais un matin dans un parc et j’ai vu un exercice d’entraînement où un homme tenait les rênes d’une athlète. Pour moi, c’était évident que cela avait un écho avec mon travail.

Les modèles sont-elles des athlètes professionnelles ?
Non, car je ne voulais pas tomber dans l’imagerie du sport avec les dossards et les sponsors sur les T-shirts, la beauté de l’action, et le corps dans toute sa puissance. Je ne voulais pas ce côté compétition. Ici, les jeunes femmes photographiées font uniquement du sport pour le plaisir, même si elles s’entraînent trois ou quatre fois par semaine.

Malgré l’effort, une harmonie se dégage de vos photographies...
Lors des entraînements, j’ai pris des photos en rafale comme un photographe de sport. Puis, j’ai éliminé tous les clichés qui étaient de l’ordre de l’effort, car je voulais avoir un autre regard sur le sport, un regard qui soit plus introspectif et qui laisse le côté dépassement de soi-même. Dans cette série de photographies, j’ai essayé de montrer l’état intérieur de concentration pendant l’entraînement, comment la conscience et le corps semblent en adéquation parfaite, comment le corps devient l’image de la conscience. Dans mes travaux précédents, les corps photographiés ou filmés étaient plus aliénés, plus torturés. Je ne conçois pas ces nouvelles photographies comme la représentation d’une course vaine. J’y vois au contraire une féminité en pleine harmonie qui assume totalement son attache, son harnais.

Vous présentez également une vidéo qui montre des nageurs en pleine séance d’entraînement dans une piscine à Budapest. La vidéo commence par une vision brutale puis semble glisser vers un dédoublement de la réalité par l’intermédiaire d’une bande-son. Comment expliquez-vous le choix du montage ?
En effet, le film se déréalise petit à petit, il glisse d’un paysage un peu chaotique, d’une piscine en construction et des nageurs en activité vers l’état intérieur de ces nageurs. Le mouvement régulier de la nage crée momentanément une absence de la conscience. C’est le passage de l’état d’effort à celui d’intense concentration que j’ai essayé de retranscrire dans cette vidéo.

Galerie Nathalie Pariente, 14-16 rue de Thorigny, 75003 Paris, tél. 01 40 27 08 82, jusqu’au 2 novembre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°155 du 27 septembre 2002, avec le titre suivant : Muriel Toulemonde

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