Profession

Facteur et restaurateur de pianos

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 16 janvier 2008 - 756 mots

Rares sont les pianos à être encore fabriqués en France.Les professionnels travaillent désormais à la maintenance et à la restauration des instruments anciens

Peut-on encore aujourd’hui utiliser le vocable « facteur de pianos » ? Depuis quelques années, le terme tend en effet à disparaître, pour une raison simple : il ne correspond plus à la réalité de l’activité de ces professionnels, facteur signifiant « celui qui fait ». Or, depuis la fin des années 1960, très peu de pianos sont fabriqués en France, mis à part quelques productions marginales dues à des artisans hautement qualifiés. Par la force des choses, les professionnels de cet instrument à cordes ont donc dû renoncer à la fabrication pour se consacrer à l’accordage et à la réparation des pianos. De fait, les nouvelles générations de facteurs sont devenues plus trivialement des « techniciens et assistants techniciens en instrument de musique option piano », selon la terminologie d’une nouvelle filière de formation. La réouverture, à Alès (Gard) en 1996, et aujourd’hui à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), de la manufacture Pleyel, qui fit les grandes heures de la facture instrumentale française de 1807 à 1961, peut être perçue comme un signe positif. Même si, en raison d’un contexte très concurrentiel, venant notamment d’Asie ou de Russie, Pleyel se concentre désormais sur un catalogue restreint (pianos de concert, pianos d’artistes, commandes spéciales). La manufacture de Saint-Denis devrait à terme employer seize salariés représentant tous les métiers afférents à la fabrication du piano (facteur mais aussi menuisiers, ébénistes, techniciens régleurs, opérateur commande numérique...).
Toute intervention effectuée sur un piano, instrument très complexe relevant d’un assemblage de plusieurs milliers de pièces, requiert des compétences spécifiques et différentes selon qu’il s’agit d’un piano droit, d’un piano à queue ou d’un pianoforte. Le technicien doit être doué de connaissances scientifiques, afin d’en comprendre le fonctionnement. En outre, le praticien doit savoir travailler le bois, composante majeure du meuble qui contient l’instrument. Enfin, pour pratiquer l’accordage, c’est-à-dire régler la tension des cordes correspondant à chaque note, une maîtrise du solfège et une bonne oreille sont évidemment indispensables. Le métier d’accordeur offre ainsi une voie de formation aux déficients visuels, auxquels sont destinés quelques CAP spécialisés.
Pour Gérard Fauvin, facteur et restaurateur à Pétignac, près d’Angoulême (Charente), il faut avant tout posséder le goût du piano. Depuis 1986, ce dernier a formé pas moins de dix-neuf apprentis au sein de son « Domaine musical ». « Mais je suis le plus vieil apprenti de mon entreprise », souligne ce dernier, qui s’est formé en Allemagne après des études de musicologie. En dépit de l’évolution de la profession, Gérard Fauvin se revendique facteur et a fabriqué de A à Z plusieurs pianos et clavecins. « Un Canadien m’a un jour donné le bon terme pour qualifier notre métier, raconte Gérard Fauvin. Nous sommes des “œuvriers” : à la fois harmonisateur, régleur, accordeur, menuisier, marqueteur... » Aujourd’hui, l’essentiel de son activité consiste à restaurer des pianos anciens, dans le respect de l’instrument. « Il faut savoir écouter avec humilité ce qu’a encore à dire un piano. »
Si le métier de facteur de pianos a toujours été peu répandu, même aux grandes heures des manufactures Pleyel, Gaveau et Érard, il est donc plus que jamais réservé aux passionnés. Il nécessite un très long apprentissage, mais aussi une adéquation à un certain mode de vie, dominé par la musique et l’incertitude.

Formations

- CAP ATIM (« Assistant technicien en instruments de musique » option Piano) : ne forme qu’au travail sur les pianos droits. Durée : deux ans. Accès après la 3e. - Brevet des métiers d’art (BMA) ATIM : après un CAP, forme à la technique du piano à queue et permet d’acquérir une autonomie technique. - ITEMM, Institut technologique européen des métiers de la musique, 71, avenue Olivier-Messiaen, 72000 Le Mans, tél. 02 43 39 39 00, www.itemm.fr Formation par apprentissage (il faut trouver un maître d’apprentissage). Formation continue pour les professionnels. - Oscar Walcker Schule, Römerhügelweg 53, Ludwigsburg, Allemagne, tél. 49 71 41 44 49 100, www.ows-lb.de Formation en allemand et éventuellement en anglais. - CAP « Accordeur de pianos », formation destinée aux déficients visuels. Durée : trois ans. Accès après la 3e. Institut national des jeunes aveugles (INJA), 56, boulevard des Invalides, 75007 Paris, tél. 01 44 49 35 35, www.inja.fr École nationale des déficients visuels, rue Paul-Doumer, BP 99, 59120 Loos, tél. 03 20 16 83 83 - Renseignements : Chambre syndicale de la facture instrumentale, 62, rue Blanche, 75009 Paris, tél. 01 48 74 76 36, www.csfimusique.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Facteur et restaurateur de pianos

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