Intérieur Zen

Quand le mobilier évoque le Japon

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 octobre 2002 - 370 mots

La galerie Downtown nous fait découvrir un art de vivre à la japonaise, celui de l’après-guerre, quand l’esprit moderniste allait puiser sa source dans le purisme de l’Asie.

PARIS - L’environnement, une création éphémère inspirée d’un décor traditionnel japonais, invite au repos, à la méditation : un plancher de bois noirci, un bassin, des bonzaïs, des jardins de cailloux blancs et de sable noir. François Laffanour a ainsi bâti son exposition intitulée “Japonism” autour de quelques pièces de mobilier des années 1940, 1950 et 1960, caractérisées par un certain purisme évocateur du pays du Soleil levant.
Charlotte Perriand a passé plusieurs années au Japon. À son retour en 1946, elle est imprégnée de purisme zen et s’attache à “faire passer la beauté par la vérité du geste”. Ses créations, à l’exemple des tables, tabourets et du banc en bois présentés à la galerie Downtown, allient dépouillement, élégance, fonctionnalisme et qualité de fabrication. Mais le travail du designer et ébéniste américain George Nakashima reste le plus fascinant. Après avoir travaillé au Japon entre 1937 et 1939 pour l’architecte Antonin Raymond, Nakashima crée à Seattle une ligne de mobilier destinée à la production industrielle tout en œuvrant pour des particuliers. Nelson A. Rockefeller lui doit le décor d’une maison de style japonais. Le designer réalise lui-même en artisan chaque pièce de mobilier en bois, du séquoia et du noyer essentiellement. L’influence japonaise est indéniable. Il joue avec les nœuds du bois et la sinuosité de sa chair ligneuse pour l’assise d’un banc à dossier ou le plateau d’un guéridon, dont les excroissances ligneuses naturelles rappellent les formes aléatoires et alambiquées des “pierres de méditation”. La “cabane de méditation” dont la forme est héritée des lanternes japonaises, n’est autre qu’un luminaire géant en papier d’écorce de mûrier qui illustre bien l’inspiration artistique du sculpteur et designer Isamu Noguchi. Les lampes et lampadaires signés Serge Mouille finissent de planter le décor. Stabiles ou mobiles, ces luminaires en métal déployé, parfois aux allures de coquillages, ont été choisis “juste pour l’esprit de l’objet”. Tant il est vrai qu’ils s’accordent à merveille avec ce japonisme ambiant.

JAPONISM, MOBILIER 1940-1960

Jusqu’au 30 novembre, galerie DOWNTOWN, 33 rue de Seine, 75006 Paris, tél. 01 46 33 82 41, www.galerie-downtown.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°157 du 25 octobre 2002, avec le titre suivant : Intérieur Zen

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