Philippe Terrier-Hermann

Le Journal des Arts

Le 8 novembre 2002 - 590 mots

À l’occasion de ses deux expositions simultanées à la galerie Ludovic de Wavrin et à la galerie Actuellement, à Paris, Philippe Terrier-Hermann a répondu à nos questions.

L’exposition à la galerie de Wavrin ne se présente pas comme une simple exposition de photographies. Elle comprend également des pierres en céramique, un meuble en bois précieux, des flacons de parfum, et une robe haute couture. Comment s’articulent toutes ces pièces ?

J’ai commencé en 1996 la série photographique Internationale qui prend pour cadre le monde clos et luxueux du pouvoir. J’ai donc constitué une banque d’images décrivant un certain mode de vie lié au luxe et à la haute société, et dont on a pu apercevoir quelques clichés l’année dernière au Centre national de la photographie, à Paris. Comme cet univers est très lié au monde de la publicité et de la communication audiovisuelle, j’ai décidé de brouiller les pistes, de créer des produits qui portaient mon nom, tel qu’un parfum pour homme, de manière à ce que l’on ne sache plus très bien, au final, si les photos exposées sont destinées à vendre des produits ou bien si les produits sont des excroissances des photographies. Tous les objets que vous avez précédemment cités apparaissent dans les images présentées à la galerie Ludovic de Wavrin. Elles ont été prises au Pavillon Mies van der Rohe à Barcelone qui est, pour moi, La Mecque de l’architecture internationale. Faire des photos là-bas, dans cet écrin, c’était reprendre à mon compte une esthétique singulière qui, au départ, répondait à des aspirations sociales et qui est devenue, à l’image de la célèbre chaise de Mies, l’emblème de la réussite sociale et du luxe. En effet, aujourd’hui, n’importe quelle banque de grand standing possède ce genre de mobilier, de même que les publicitaires affectionnent ce Pavillon pour y réaliser des publicités. J’ai donc volontairement placé mes objets dans ce Pavillon et, à partir de là, ce sont devenus des objets de bon goût.

Parallèlement, vous exposez à la galerie Actuellement une série de portraits où l’on reconnaît notamment l’ex-sous-secrétaire d’État italien chargé des biens culturels, Vittorio Sgarbi.

Ce travail réalisé à la Villa Medicis, à Rome, est de l’ordre du portrait photographique traditionnel, avec des personnes en situation. Il répond à un contexte particulier. En effet, ce qui m’a frappé quand je suis allé en Italie, c’est la manière dont les hommes se présentaient, et comment des représentations masculines occupaient les rues, les places et les cours, à travers notamment les bustes des empereurs. Ce qui m’a beaucoup amusé, c’est que les femmes, au contraire, sont toujours habillées. C’est un peu l’inverse de la culture française où la beauté est incarnée par le corps dénudé de la femme. Je me suis donc intéressé à la représentation de la masculinité. Dans cette série, il y a des acteurs de soap opera (feuilletons télévisés), des sportifs, des hommes politiques et des aristocrates qui sont toujours montrés dans un contexte bien précis. Je trouvais également très intéressant de travailler sur l’ambiguïté du pouvoir italien, qui joue sur la séduction, et de montrer comment Vittorio Sgarbi est ambigu par rapport à sa représentation et à sa manière d’être. Dans le cadre de l’exposition à la galerie Actuellement, je présente dix-huit portraits sur les quarante-huit réalisés, et aussi ma dernière vidéo, Romans, réalisée à la Villa Medicis.

Galerie Ludovic de Wavrin, 22 bis passage Dauphine 75006 Paris, tél. 01 43 25 49 97, jusqu’au 4 janvier. Galerie Actuellement, 117 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 06 63 58 50 09, jusqu’au 11 décembre

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°158 du 8 novembre 2002, avec le titre suivant : Philippe Terrier-Hermann

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