Frac Ile-de-France

Analyse de l’impact

Au Plateau, les dernières acquisitions de l’institution y sont dévoilées dans une mise en scène signée Xavier Franceschi

Le Journal des Arts

Le 8 janvier 2008 - 498 mots

PARIS - Travailler à la constitution d’une collection publique d’oeuvres d’art, c’est envisager en même temps les moyens d’en assurer la diffusion dans les meilleures conditions. L’exposition « Sudden Impact » organisée au Plateau par Xavier Franceschi offre un exemple remarquable de la diversité des choix artistiques du FRAC Ile-de- France, reflet du dynamisme de la scène artistique contemporaine. En découvrant les dernières acquisitions de cette collection qui mêlent des oeuvres de jeunes artistes de nationalités variées comme Wade Guyton ou Angela Detanico et Raphael Lain, à celles d’artistesjouissant déjà d’une reconnaissance internationale comme Anthony McCall, les visiteurs sont invités à découvrir un chapitre inédit de l’histoire de l’art en train de s’écrire. Multipliant les rapprochements formels et les interférences sémantiques entre des oeuvres de différentes natures, « Sudden Impact » propose un parcours riche en surprises et en expériences sensibles. Dès l’entrée, le visiteur se trouve impliqué dans une situation de dialogue actif avec les oeuvres. De fait, les deux sculptures O et Q de Mathieu Lehanneur réunies sous le titre Eléments (2006) diffusent chacune une substance (du quinton et de l’oxygène) susceptibles d’améliorer le bien-être du visiteur. Ce type d’interactions impalpables et pourtant physiquement marquantes se poursuit avec la présentation de l’un des tout derniers films de lumière solide d’Anthony McCall, You and I horizontal (2005) dans lequel chacun est invité à sculpter avec de la fumée le faisceau lumineux d’un film abstrait émanant d’un projecteur. Il se retrouve encore dans la sculpture réalisée en métal blanc et résistances électriques de Nathalie Elemento dont les formes domestiques contribuent aussi à chauffer l’espace d’exposition. Un peu plus loin, la pièce Quelque chose en moins, quelque chose en plus (2005) de Pierre Bismuth, composée d’une moquette bleue percée de cercles de même diamètre jusqu’à élimination du maximum de matière possible et le mur recouvert d’impacts colorés conçu par Bruno Peinado fournissent un dispositif idéal pour la mise en scène des autres oeuvres. Se côtoient alors judicieusement et non sans humour le Chillum (1998) géant de Henrik Plenge Jakobsen, les Galets Mous (2003) réalisés en bonbons Kréma et les sculptures de chiens en mousse à raser de Michel Blazy. Enfin, si certaines pièces acquièrent dans ce contexte de « fin de partie » un caractère vaguement menaçant comme le mouvement de ce nuage énigmatique évoluant dans les rues vides de Paris que nous donne à voir la vidéo de Laurent Grasso ou dans l’objet que semble pointer sur nous la fillette photographiée par Michel François, rappelant un cliché célèbre de William Klein, l’impact annoncé par le titre de l’exposition demeure aléatoire, telle une énigme à résoudre par chacun à sa manière. Ce jeu de combinaisons habiles que l’on retrouve dans l’ensemble de l’exposition multiplie ainsi les pistes de lecture et permet de percevoir la force et la richesse des oeuvres présentées.
 

SUDDEN IMPACT

Jusqu’au 28 février, Le Plateau, 22, rue des Alouettes, 75019 Paris, tél. 01 53 19 84 10, tlj sauf lundi et mardi 14h-19h, samedi et dimanche 12h-20h.

SUDDEN IMPACT

- Commissaire : Xavier Franceschi, directeur du FRAC Ile-de-France - Artistes : Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Pierre Bismuth, Michel Blazy, Angela Detanico et Raphael Lain, Nathalie Elemento, Michel François, Laurent Grasso, Wade Guyton, Mathieu Lehanneur, Arnaud Maguet, AnthonyMcCall, Walter Niedermayr, Bruno Peinado, Henrik Plenge Jakobsen.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Analyse de l’impact

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