Art contemporain

LE CHOIX DU COLLECTIONNEUR

Yves Klein : « L’absolu de l’art, c’est la vie »

Par Bernard Arnault · Le Journal des Arts

Le 8 janvier 2008 - 410 mots

Le titre de cette composition artistique, un photomontage en fait, est d’après Yves Klein lui-même, « un homme dans l’espace ! Le peintre de l’espace se jette dans le vide ! ». Ce qui m’a toujours séduit dans ce saut, vrai ou faux, peu importe en fait, c’est que l’artiste nous fait entrer dans son rêve, l’homme oiseau. Et nous fait comprendre que chaque moment de la vie peut être une oeuvre. À l’époque, il y a les tout premiers spoutniks puis les hommes dans l’espace. Devant ce « saut dans le vide », on éprouve un sentiment de liberté, une fureur de vivre comme celle de James Dean. Toute une génération qui n’hésite pas à tout tenter pour exister. Tout homme face aux défis de la vie est ou sera tenté par un tel geste – c’est le courage extraordinaire d’un artiste qui l’exécute ici pour nous. Les artistes comme Klein ou encore Andy Warhol, ou aujourd’hui Maurizio Cattelan transforment par leur seule présence la vie en spectacle, arrêtent le temps, fixent l’éphémère. Voilà bien les raisons de la fascination et de l’attraction qu’ils exercent sur nous. Leur liberté est alors garante de la nôtre.

Klein évoque encore la singularité et la logique, la maîtrise du corps et la domination de l’esprit, l’énergie vitale et le génie de la stratégie, sans omettre la poésie, le bleu de l’infini et du rêve. Des correspondances qui me sont personnelles bien sûr, mais que je retrouve jusque dans mon activité professionnelle : la maîtrise du geste va de pair avec l’engagement du créateur. Il s’agit de repousser les frontières, d’élargir le regard, de faire naître une sensibilité, de se laisser aller à une dynamique poétique. L’appel du vide c’est l’appel de la vie, le sens du risque. Une aventure individuelle à tenter en commun.

J’ai été heureux, au travers du groupe LVMH, mécène de la rétrospective qui se déroule en ce moment même au Centre Pompidou, de retrouver la liberté et l’intensité des « cendres d’un art » qui captivent si ardemment le regard et l’imagination des milliers de visiteurs qui embrassent ainsi une oeuvre fulgurante.
Enfin, l’élan d’un tel envol ne nous engage-t-il pas à aller vers les autres, vers l’autre, vers celui qui s’envole ou celui qui court à sa perte ? Une leçon de morale et de solidarité en somme. De toute manière, nous sommes concernés, concernés par la vie. « L’absolu de l’art, c’est la vie », disait Klein.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Yves Klein

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