Art non occidental

Les Indiens à Drouot

L’une des plus belles ventes mondiales dans la spécialité

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 22 novembre 2002 - 497 mots

Des objets indiens d’Amérique du Nord ont été réunis pour une vente exceptionnelle à Drouot le 2 décembre. Les lots sont tous des objets authentiques, anciens et bien conservés. Ce rendez-vous devrait relancer l’intérêt pour la spécialité qui avait presque disparu des ventes publiques.

PARIS - Une vacation consacrée à l’art des Indiens d’Amérique du Nord se tiendra à Drouot-Richelieu le 2 décembre. C’est la deuxième du genre cette année, organisée par le cabinet Schoeller assisté de l’expert Daniel Dubois. La première, qui a eu lieu le 15 avril, comprenait une centaine de lots provenant majoritairement de la prestigieuse collection d’Yves Berger. Le succès fut au rendez-vous. Drouot n’avait pas connu de vente sur cette thématique depuis vingt-cinq ans. En France, seules quelques pièces remarquées des connaisseurs passent aux enchères lors de vacations d’arts primitifs. Aussi, lorsque Eric Schoeller annonça son intention de préparer des rencontres régulières avec l’art des Indiens à l’hôtel des ventes parisien, au rythme de une à deux par an, l’entreprise sembla périlleuse. Une grande partie des objets circulant dans le commerce sont des pièces tardives, datant des années 1930, qui ont perdu leur authenticité d’antan. Les populations indiennes ont été parquées dans des réserves dès 1975. À partir de là, leur production originale d’usage s’est muée rapidement en pièces d’apparat et souvenirs divers. Il reste qu’Eric Schoeller a fait le pari de dénicher d’anciennes collections européennes. “Il ne faut pas oublier que les Européens ont rapporté des tas de choses d’Amérique du Nord dès le XVIIe siècle. Les Français étaient présents au Canada et en Louisiane, notamment.”

La vente s’articule autour d’une quarantaine d’objets de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle, dans un état de conservation exceptionnel. La plupart sont issus d’une même collection française, telle une tenue complète d’Indiens Crees des Plaines (Canada), composée d’une chemise, d’une paire de jambières et d’une paire de mocassins. Cette pièce digne d’un musée, le clou de la vente, est estimée 150 000 euros. Sont aussi à retenir un sac à pipe dit “Pony Bead”, de type archaïque, de la région du haut Missouri (estimé 12 000 à 15 000 euros) et un rare couteau anglais du XVIIIe siècle de marque W. Greaves & Sons, au manche en laiton incrusté d’écailles noires de tortue. Les couteaux étaient offerts par les européens aux chefs indiens. Celui-ci est conservé dans son étui en peau frangée et brodée de piquants de porc-épic, confectionné par des Crees des Plaines. “C’est une des plus belles ventes mondiales d’art indien depuis soixante ans”, assure Eric Schoeller. Pour le reste de la vente, les lots ont été sélectionnés avec grand soin, car,”dans les collections d’indiennistes, les objets sont souvent dénaturés quand ils ont été retouchés ou rafistolés par les collectionneurs eux-mêmes”. Plusieurs calumets-tomahawks ont été estimés entre 5 000 et 10 000 euros, et quelques photographies de la tournée de Buffalo Bill en Europe prises par Constant Robert en 1905 sont à saisir à partir de 800 euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Les Indiens à Drouot

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