Vanvitelli, le « védutiste » hollandais

La Ville Éternelle consacre une première exposition au peintre

Le Journal des Arts

Le 22 novembre 2002 - 498 mots

Soixante-dix peintures et une vingtaine de dessins du Hollandais Gaspar van Vittel (dit également « Vanvitelli », Amersfoort 1652/1653 – Rome 1736), précurseur de la peinture de vedute au XVIIIe siècle et père du célèbre architecte Luigi Vanvitelli, sont pour la première fois exposés en Italie, pays d’adoption de l’artiste. Riche en inédits, cet ensemble d’œuvres est montré au cloître de Bramante, à Rome, jusqu’en février.

ROME - L’exposition “Vanvitelli” a été organisée par Fabio Benzi, directeur du cloître de Bramante (Chiostro del Bramante), et Claudio Strinati, surintendant du pôle muséal romain, avec l’aide d’un comité scientifique comprenant notamment Giandomenico Romanelli et Giuseppe Pavanello, respectivement directeurs des musées municipaux vénitiens et de la Fondation Cini. Ces derniers sont les commissaires de la version vénitienne du projet, qui sera présentée au Musée Correr au printemps 2003 et comprendra une section supplémentaire sur les “védutistes” vénitiens contemporains de Vanvitelli (on peut définir le “védutisme” comme un genre pictural axé sur l’art du paysage, de la vue urbaine ou suburbaine). “Après deux années de recherches menées essentiellement dans les collections et les archives historiques des familles nobles, nous avons été récompensés par des prêts importants, à l’image de ces sept tableaux sortant pour la première fois des appartements privés des princes Colonna, tableaux que même Giuliano Briganti n’est pas parvenu à publier dans son livre consacré à l’artiste”, souligne Fabio Benzi.

La principale section de l’exposition traite de l’image de Rome, où Vanvitelli s’installa à l’âge de vingt-deux ans, à l’occasion du Jubilé de 1675. “Il fut l’un des premiers à utiliser la chambre noire en Italie, déjà employée par Vermeer en Hollande. Ce procédé lui permit d’innover dans ses sujets et d’étudier de nouvelles coupes en perspective, dans un esprit scientifique et esthétique caractéristique du siècle des Lumières”, ajoute le commissaire. L’exposition présente en particulier une quinzaine de vues panoramiques et monumentales extraordinairement détaillées, comme celle de la Piazza Navona de la Collection Thyssen-Bornemisza, huit scènes animées des berges du Tibre, ainsi qu’une dizaine de paysages suburbains. Dans la deuxième partie de l’exposition sont évoqués les voyages effectués par Vanvitelli au cours des deux dernières décennies du XVIIe siècle : à Florence, Bologne, Venise, et jusqu’en Lombardie. Parmi les six vedute de la cité vénitienne, l’une, provenant du Prado, témoigne d’une connaissance et d’une perméabilité aux solutions imaginées par les “védutistes” vénitiens. Sont également montrées une dizaine d’huiles peintes non seulement pendant son séjour à Naples, entre 1699 et 1702 (il était alors au service du duc de Medinaceli, vice-roi espagnol), mais aussi lors de son voyage à Messine, en 1711. Exhumé des dépôts de la Bibliothèque nationale de Rome, un précieux ensemble de dessins préparatoires exécutés dans un style très réaliste clôt l’exposition. Pour que les visiteurs puissent les observer dans leurs moindres détails, une loupe a été mise à leur disposition.

GASPARE VANVITELLI, jusqu’au 2 février 2003, Chiostro del Bramante, via della Pace 5, Rome, tlj sauf lundi 9h-19h, samedi 10h-23h, tél. 39 06 68 80 90 98.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Vanvitelli, le « védutiste » hollandais

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