L’héritage Séfarade

L’exposition de Tolède retrace l’histoire des juifs en Espagne

Le Journal des Arts

Le 10 janvier 2003 - 479 mots

Pour fêter ses cent ans d’existence, la Société d’État pour l’action culturelle extérieure (Seacex) en Espagne – l’équivalent de l’Afaa en France, avec cependant une politique plus tournée vers le passé – a organisé et financé l’exposition “Mémoire de Séfarade”? au Centre culturel San-Marcos de Tolède. La manifestation met à l’honneur l’apport des juifs dans la culture espagnole.

TOLÈDE - À l’occasion du centenaire de sa création, le Seacex (Société d’État pour l’action culturelle extérieure) propose une reconstitution de l’histoire des juifs en Espagne. Isidro G. Bango Torviso, professeur d’histoire de l’art antique et médiéval à l’université autonome de Madrid, est le commissaire de cette exposition qui retrace la présence des juifs dans la péninsule Ibérique de l’époque romaine jusqu’à leur expulsion en 1492. Répartis en huit sections thématiques, les pièces archéologiques, meubles, manuscrits, tableaux, maquettes, cartes et matériel audiovisuel invitent à la découverte de cette longue période durant laquelle les juifs ont cohabité avec la religion catholique dominante, avant d’être persécutés par l’Inquisition et forcés à la diaspora. L’exposition s’ouvre sur une vidéo où deux juifs racontent l’histoire de Séfarade (Espagne en yiddish), commentent les circonstances de l’expulsion de leur peuple et réfléchissent sur le sens de mille cinq cents ans de présence de la communauté juive en Espagne. La vieille église San Marco est  transformée pour l’occasion en musée grâce à l’architecture très inventive des designers Macuá & Garcia Ramos.
La pierre trilingue de Tarragone, la stèle d’Orihuela et l’épigraphe de Justin figurent parmi les 300 pièces prêtées par 70 musées et institutions. Une maquette de la Judería, le quartier juif de Giron, introduit à la section thématique, “Un espace pour la vie et la mort”, dans lequel les contrats de mariage, les objets, les nécropoles, les fêtes et les prières illustrent les rites de la vie quotidienne. Le développement social et culturel des habitants de Séfarade est traité à travers l’analyse de l’architecture et de l’influence de la culture islamique.
Les juifs convertis au christianisme ont laissé un très riche héritage culturel. Les juifs, les musulmans et les chrétiens entretenaient de bonnes relations durant le Moyen Âge. Des œuvres clés, comme le Livre de Ajedrez (“échecs” en espagnol) et le Livre d’astronomie, sont issues de cette collaboration entre savants des trois cultures, avant que n’éclate le conflit entre juifs et chrétiens en 1492 : “Nous n’avons pas voulu cacher le drame de l’expulsion et la brutalité de l’Inquisition qui a détruit une grande partie du patrimoine des juifs espagnols”, ajoute Isidro G. Bango Torviso.
Après Tolède, l’exposition ira à Amsterdam, New York et Toronto. Les textes du catalogue et une visite virtuelle de l’exposition sont proposés sur le site www.seacex.com.

MÉMOIRE DE SÉFARADE, jusqu’au 30 janvier, Centre culturel San-Marcos, Trinidad, Tolède, tél. 34 925 269 700, www.seacex.com, tlj sauf lundi 10h30-14h30 et 16h30-20h30, 10h30-20h30 samedi, dimanche et jours fériés. Catalogue édité par Machado Libro, 45 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°162 du 10 janvier 2003, avec le titre suivant : L’héritage Séfarade

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