L’art islamique à l’étroit au Louvre

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 24 janvier 2003 - 673 mots

Appelée de ses vœux par le président Jacques Chirac il y a trois mois, dans une optique à la fois diplomatique et de politique intérieure, la création d’un département des Arts de l’Islam au Musée du Louvre se heurte à des problèmes d’espace et de financement. Le principal projet de redéploiement des œuvres islamiques, qui impliquait le déménagement du Musée des arts décoratifs, installé dans le pavillon de Marsan rue de Rivoli, n’a finalement pas été retenu.

PARIS - Riche de quelque 10 000 objets, dont à peine plus de 10 % sont exposés sur 1 100 mètres carrés, la collection des arts islamiques du Musée du Louvre constitue une des trois sections du département des Antiquités orientales. Lors de son discours prononcé à Troyes le 14 octobre 2002, principalement consacré à l’intégration, Jacques Chirac prônait l’“ouverture au Musée du Louvre d’un nouveau département, un département des Arts de l’Islam qui confortera la vocation universelle de la prestigieuse institution qu’est le Louvre.” Suite à un entretien le mercredi 15 janvier avec le président Jacques Chirac, le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a indiqué, dans un communiqué, qu’il ne lui paraissait pas “opportun d’engager, pour l’instant, le Palais du Louvre dans un nouveau grand projet”, tout en précisant que ce choix “ne compromet pas la possibilité de créer au Louvre un département des Arts islamiques si justement souhaité par le président”. Le président-directeur du Louvre, Henri Loyrette, avait présenté à la mi-décembre plusieurs possibilités de redéploiement de la collection. La plus attrayante, selon lui, nécessitait le déménagement des musées de l’Union centrale des arts décoratifs (l’Ucad, qui comprend les musées de la mode, de la publicité et des arts décoratifs), qui occupent le pavillon de Marsan, le long de la rue de Rivoli. Une hypothèse à laquelle le communiqué ministériel coupe court.
Outre une véritable réorganisation des collections, le déménagement de l’Ucad offrait la possibilité de créer de nouveaux espaces d’accueil et d’exposition. Cette extension aurait sûrement permis au Louvre, qui jouit d’un nouveau statut financier, de multiplier les événements. Il aurait cependant été surprenant de déménager l’Ucad. Les musées de la mode et de la publicité ont été rénovés il y a peu ; quant à la bibliothèque des arts décoratifs, elle vient tout juste de rouvrir ses portes (lire le JdA n° 161, 20 décembre 2002). Ne manque plus aujourd’hui que la réouverture totale (annoncée à maintes reprises depuis 1999 et officiellement prévue début 2005) du Musée des arts décoratifs. Des appels d’offres pour sa rénovation doivent être passés dans les semaines à venir.
Le musée dispose, par ailleurs, d’une riche collection d’œuvres des derniers grands empires de l’Islam (du milieu du XVe au XVIIIe siècle), qui n’est plus exposée au Musée des arts décoratifs depuis 1972, sans faire pour autant partie des nouveaux projets de l’Ucad. “Il est vrai que les collections des arts de l’Islam, importantes tant par leur quantité que par leur qualité, ne font pas partie de la programmation du futur musée des arts décoratifs, nous a confirmé la directrice de l’Ucad, Béatrice Salmon. Néanmoins, trente pièces de cette collection sont actuellement déposées au Musée du Louvre et, par le passé, un certain nombre d’entre elles l’ont été à l’Institut du monde arabe. Nous avons l’intention de continuer à participer à tout projet de meilleure visibilité des arts islamiques, en poursuivant notamment cette politique de dépôt”. Pour sa part, Henri Loyrette n’a pas souhaité répondre à nos questions, se retranchant derrière son devoir de réserve. Il a simplement déclaré à l’AFP qu’il ne lui appartenait pas de faire connaître la décision du gouvernement. Il semble aujourd’hui revenir au Musée du Louvre de trouver à l’intérieur de ses propres espaces muséographiques, qui comptent quelque 65 000 mètres carrés, les possibilités d’une réorganisation de ses collections d’art islamique. “Des différentes hypothèses de localisation étudiées, c’est en effet cette solution qui paraît la plus appropriée”, précise le communiqué du ministère, qui demande à nouveau “au président-directeur du Louvre de lui proposer dans les meilleurs délais les modalités de ce redéploiement”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°163 du 24 janvier 2003, avec le titre suivant : L’art islamique à l’étroit au Louvre

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