Profession

Céramiste

Par Eva Bensard · Le Journal des Arts

Le 7 février 2003 - 818 mots

Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui de céramiste.

Pour Antoinette Faÿ-Hallé, directrice du Musée national de la Céramique à Sèvres, “la céramique française de création est actuellement à son plus haut niveau”. S’employant depuis vingt ans à mieux faire connaître les céramistes contemporains, par le biais d’expositions monographiques mais aussi d’acquisitions, le conservateur parle en connaissance de cause. “Après guerre, les céramistes se sont beaucoup inspirés des grès japonais et chinois. Cet engouement s’est tari dans les années 1980, mais leur a permis d’acquérir une haute technicité qu’ils ont mise ensuite au service d’une création originale”, explique-t-elle. Aujourd’hui, la profession compte des artistes aussi talentueux que Claude Champy, Jean Girel, Jean-François Fouilhoux ou Robert Deblander et Pierre Bayle, récemment récompensés par le prix Liliane-Bettencourt “Pour l’intelligence de la main”. Réalisant des pièces uniques dont la perfection technique le dispute à la singulière beauté, Pierre Bayle a commencé par produire des objets en série – comme nombre de céramistes de sa génération. Avec pour seule formation un CAP de céramiste, ce Languedocien a travaillé pendant plusieurs années dans divers ateliers parisiens avant de s’établir à son compte. “Cette expérience, basée sur la reproduction de pièces historiques parfois très complexes, m’a permis de perfectionner la technique du tournage, dont j’ai fait par la suite une spécialité”, confie le créateur. De retour dans sa région natale en 1970, il réalise des pièces “plus amusantes qu’utilitaires” pour les touristes, puis décide de se consacrer exclusivement à la création. “Ce choix était risqué, d’autant qu’à l’époque peu de galeries d’art s’intéressaient à la céramique”, poursuit Pierre Bayle. La galerie DM Sarver, rue Vieille-du-Temple à Paris, fut pionnière en ce domaine. Fondée en 1975, elle a depuis fait des émules, non seulement à Paris (la galerie Pierre), mais aussi en province (à Rennes, Bourges, Saint-Rémy de Provence...). En dehors des galeries, dont le cercle reste relativement limité en France, les biennales (Vallauris, Saintes, Châteauroux...) et les marchés de potiers peuvent offrir d’autres opportunités d’exposer. Ces marchés ne servent cependant pas toujours l’image de la céramique contemporaine, car les artistes y présentent souvent des pièces de qualité moindre au regard de leur production habituelle. “C’est en particulier le cas lors des Journées de la céramique en juillet (place Saint-Sulpice à Paris), où le meilleur côtoie le pire”, précise Antoinette Faÿ-Hallé. Mais les connaisseurs ne s’y trompent pas, ainsi qu’en témoigne Jean-François Fouilhoux. “Après avoir exclusivement présenté des pièces en série au Salon des ateliers d’art, j’ai un beau jour décidé d’y adjoindre quelques œuvres uniques. J’ai perdu d’un coup toute ma clientèle en série, mais suscité dans le même temps l’intérêt de deux galeries”, raconte-t-il avec humour. Poursuivant depuis 1987 une “recherche exclusive et forcenée” sur le céladon, le céramiste souligne l’importance du dessin et de la créativité dans sa démarche. D’après lui, “la recherche technique est importante sur le plan artistique, mais insuffisante si elle n’est pas mise au service d’une pensée plastique”. D’où la nécessité d’une formation pluridisciplinaire plus poussée qu’elle ne l’est actuellement, plus longue et moins axée sur la technique. Le constat d’Antoinette Faÿ-Hallé est plus sévère encore. “On n’enseigne presque plus l’art de la céramique, s’indigne-t-elle. Dans les écoles d’art, les formations sont de plus en plus orientées vers le design, au détriment des arts décoratifs. Cela pose un réel problème quant à l’émergence de nouveaux talents.” Pour remédier à cette situation, le conservateur rêve de créer une nouvelle école de céramique à Sèvres. Elle pourrait voir le jour dans un bâtiment Art déco situé à l’arrière du musée et resté inutilisé depuis des années...

Les formations au métier de céramiste

Nous vous proposons ci-dessous une liste non exhaustive de formations, qui ne prend pas en compte la formation professionnelle continue. - École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (Ésads), diplôme supérieur d’arts décoratifs option “objet et communication visuelle”?, durée : cinq ans, niveau requis : bac/BMA/BT/BP/BM, tél. 03 88 35 38 58. - École supérieure des arts appliqués Duperré, Paris, DMA arts textiles et céramique option “céramique artisanale”?, durée : deux ans, niveau requis : bac/BMA/BT/BP/BM, tél. 01 42 78 59 09. - École nationale supérieure des arts appliqués et métiers d’art (Énsaama), Paris, BTS art céramique, durée : deux ans, niveau requis : bac/BMA/BT/BP/BM, tél. 01 53 68 16 90. - École nationale supérieure d’art et de design de Limoges-Aubusson (Énad), DNAT design de produit - céramique, durée : trois ans, tél. 05 55 83 05 40 - École d’art et céramique de Tarbes, DNAP art et DNAP design produit, tél. 05 62 93 10 31. - Lycée professionnel de la céramique Henry-Moisand, Longchamp, BMA céramique, durée : deux ans, niveau requis : CAP/BEP, tél. 03 80 47 29 30. - Centre de formation d’apprentis de la céramique à Sèvres, BTA et BMA céramique, durée : deux ans, tél. 01 41 14 06 40.

Petit rappel technique

Passé maître dans les techniques du modelage, du tournage, du coulage ou de l’estampage, le céramiste travaille la terre et lui donne forme avant de procéder à la phase de décoration et d’émaillage. Le façonnage se fait à froid. Ce n’est qu’une fois cuite, à des températures pouvant aller de 600 à 1 350 °C, que la terre acquiert ses qualités de dureté. Rappelons en effet que le terme de céramique, du grec keramos, signifie “art de la terre cuite”?. Il désigne tous les produits à base d’argile, du grès à la faïence en passant par la porcelaine, la terre vernissée et le raku.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : Céramiste

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