Les négatifs volent la vedette aux tirages

Bons résultats pour les trois ventes de photographies organisées au mois de janvier à Paris et à Chartres

Le Journal des Arts

Le 7 février 2003 - 782 mots

Les trois vacations consacrées à la photographie les 22, 24 et 25 janvier ont chacune atteint leurs objectifs, en terme de chiffre d’affaires comme en proportion de lots vendus. La photographie primitive de prestige était à l’honneur dans les ventes organisées par Bergé & associés et la Galerie de Chartres, tandis que la SVV Millon & associés a présenté un catalogue thématique constitué d’épreuves plus modestes.

PARIS - C’est dans un climat incertain que se sont déroulées les trois vacations de la fin du mois de janvier : les amateurs avaient boudé les dernières ventes spécialisées de médiocre qualité qui avaient eu lieu à Paris au mois de novembre 2002. Les collectionneurs de photographies anciennes ont cette fois été rassurés par la qualité des lots proposés à Paris et à Chartres.
Le 24 janvier a eu lieu la première vente de photographies de la SVV Bergé & associés. Avec 80 % des 186 lots vendus pour un produit total de plus de 593 000 euros, l’expert Marc Pagneux n’hésite pas à parler de “très grand succès”. Le record de la vente est détenu par un Portrait d’Arthur Rimbaud réalisé par Étienne Carjat en 1871. Estimée 18 000 euros, l’épreuve de 9,2 x 5,6 cm a été vendue 81 400 euros à un collectionneur français, devenant ainsi le plus cher centimètre carré de photographie de tous les temps ! Parmi les pièces les plus attendues se trouvait un ensemble de vues prises par Édouard Baldus dans le jardin des Tuileries, dont un Autoportrait au cylindre adjugé 10 000 euros contre une estimation de 800 euros. Les soixante et onze photographies de l’album PLM de Baldus ont totalisé 130 000 euros, et les plus belles images ont doublé leur estimation, à l’exemple d’une vue de La Ciotat adjugée 23 600 euros ou encore d’un tirage intitulé Le Moine vendu 13 000 euros. Très attendue également, la suite de quatorze photographies des Indes réalisées en 1850 par l’anglais Frederick Fiebig – dont les épreuves étaient estimées entre 1 500 et 3 000 euros chaque –, a été vendue pour 135 700 euros : au palmarès des plus hautes adjudications, citons 31. C. Chandernagor, vendue 15 300 euros, 285. Woodscenery near Colombo, qui s’est envolée à 23 600 euros, et un lot comprenant neuf photographies, emporté à 20 000 euros. “Aujourd’hui, les collectionneurs préfèrent acquérir des chefs-d’œuvre inconnus, des inédits de qualité plutôt que des épreuves moins belles de noms célèbres, constate Marc Pagneux. Les photographies de Fiebig étaient superbes, de provenance saine puisqu’elles étaient issues d’un fond familial, et cela explique leur succès.”

Résultats positifs pour les négatifs
La vente organisée par la Galerie de Chartres avec l’assistance de l’expert parisien Arnaud Delas, programmée le lendemain, a totalisé 554 000 euros. Il s’agit là aussi d’un franc succès. Les pièces les plus convoitées n’étaient pas des épreuves photographiques mais les négatifs papier de Louis de Clercq à l’origine de la publication des six albums relatant ses voyages en Orient et en Espagne. Les 153 négatifs de De Clercq ont réalisé un total de 337 300 euros, soit plus de la moitié de la vente en valeur. “Cela confirme l’intérêt des collectionneurs pour le négatif comme objet d’art à part entière, explique Arnaud Delas. Contrairement à l’idée répandue, le négatif est beaucoup plus stable que l’épreuve à la lumière, il est par contre bien plus fragile au contact physique.” En plus du caractère unique, et donc séduisant du négatif, il faut souligner la rareté de cet objet, absent des salles de vente depuis la dispersion du fond Charles Nègre. Le plus beau lot, Ruines et palmiers, a été adjugé 19 500 euros (quatre fois son estimation), Alhambra : la cour des lions, extrait de l’album VI, a été vendu 18 900 euros, et un lot de onze négatifs extraits de l’album IV, Le Chemin de Croix à Jérusalem, a atteint 26 000 euros. Entre autres surprises, un ensemble de cinq albums de photographies du Siam de 1891 à 1892 par Lucien Fournereau est parti à 14 150 euros, soit au double de son estimation, et un lot de quatre photographies sur toile cirée de Blaise Bonnevide, cédé à 10 400 euros, a multiplié par vingt son estimation.
La troisième vente de la semaine était dirigée par la SVV Millon & associés, avec le concours de l’expert Christophe Gœury. Le catalogue de la vacation, moins ambitieux, se voulait relativement bon marché. Sa composition thématique a dans l’ensemble séduit le public puisque 68 % des lots ont été vendus. À l’exception de Strip-tease forain, vendue 5 000 euros, six épreuves d’André Kertész, adjugées entre 1 400 et 2 100 euros, n’ont sans doute pas connu le succès escompté.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : Les négatifs volent la vedette aux tirages

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