A la croisée des arts

Exposition-programme au Centre culturel suisse

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 7 février 2003 - 543 mots

Foisonnante, l’exposition “Mursollaici”? du Centre culturel suisse de Paris expose sans hiérarchie arts plastiques, design et architecture, tout en proposant un riche programme de projections et d’interventions. En faisant la part belle aux ressortissants helvétiques, la manifestation revient sur une scène qui mêle joyeusement esprit pop et abstraction.

PARIS - Contrairement à la première impression, “Mursollaici” n’est ni une injure tessinoise ni une formule magique, mais un programme on ne peut plus descriptif pour une exposition : “mur, sol, là, ici”. Soit une proposition qui vise à favoriser les circulations entre les œuvres sans hiérarchie entre les genres. En poussant les murs et en ouvrant grand les portes du Centre culturel suisse de Paris, son nouveau directeur, Michel Ritter, a donc choisi un mode de présentation apte à mêler arts plastiques, design et performance. La salle de spectacles est occupée par des projections d’Emmanuelle Antille et d’Anthony Goicolea, tandis que les espaces accueillent tout au long de la manifestation actions et programmation diverses, ainsi celle proposée par le Bureau des Vidéos (BdV) dans un charmant petit chalet en bois. Nourri du même kitsch très montagnard, Valentin Carron a, quant à lui, placé en hauteur un moulage de tête de sanglier qui suinte du vin rouge comme un gibier blessé. Les œuvres et interventions ne manquent pas. Dans la cour se trouve l’habitacle gonflable et nomade de It design, un véhicule conçu par Sam (de cree SA), tandis que les peintures murales de Bruno Peinado, de Genêt Mayor ou les motifs “tête de mort” de John M. Armleder se placent jusque dans les recoins. Au premier étage, le robot aux allures de boîtes de conserve de Daniel Knorr réalise sur commande un remake d’une performance de Bruce Nauman (Walking in an Exaggerated Manner Around the Perimeter of a Square) tandis que, fidèles à leur souci de bien-être, les architectes Decosterd & Rahm (lire également page 20) diffusent des vapeurs d’absinthe dans le bâtiment.
Au-delà de cette profusion, l’exposition qui fait la part belle aux ressortissants helvétiques ne manque pas de signaler la manière particulière de nos voisins : une esthétique à la fois pop et abstraite, nourrie d’une multitude de domaines et pourtant reconnaissable entre mille. Appliqué à la mode, cela donne les très branchés sacs en bâche de camions Freitag et, dans les arts plastiques, le résultat est un mélange joyeux entre abstraction géométrique et cosy très lounge, à l’image des aménagements de L/B. Le duo a plaqué dans le hall d’entrée une moquette qui dessine dans le même mouvement un papier peint tendance et une banquette confortable. Dans une veine proche, des panneaux publicitaires mécaniques servent de support aux travaux de Sidney Stucki, Francis Baudevin et Stéphane Dafflon. Le tout interrompu par les visions plus bucoliques de Christoph van den Berg. Mais le sentiment d’effleurement omniprésent ici (We’ll slide down the surface of things [“Nous glisserons à la surface des choses”] de Christian Robert-Tissot) n’est pas sans piège. Inscrit à l’envers et à la peinture sur un mur par Ian Anüll, le mot “Oil” cache sous son jeu tautologique quelques réalités plus économiques et politiques.

MURSOLLAICI

Jusqu’au 30 mars, Centre culturel suisse, 38 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris, tlj sauf lundi et mardi, 14h-19h, jeudi, 14h-22h, tél. 01 42 71 44 50, www.ccsparis.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : A la croisée des arts

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