Antiquaire

Les professionnels se regroupent

Fondation à Paris du Conseil national du marché de l’art

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 avril 2003 - 973 mots

Les représentants des principaux organismes professionnels du marché de l’art se sont réunis en une nouvelle instance fédératrice et indépendante, le CNMA (Conseil national du marché de l’art), ayant pour but la revalorisation du marché de l’art français. Cette création fait suite aux tensions liées à la présence de membres du Conseil des ventes au sein du Comité de liaison du marché de l’art, qui s’est disloqué le 28 février.

PARIS - Le Conseil national du marché de l’art (CNMA) a été créé en mars à l’initiative de neuf représentants d’organisations professionnelles regroupant des experts, des antiquaires, des libraires, les maisons de ventes et les métiers d’art (lire l’encadré). Cette instance informelle et démocratique, dont les neuf membres sont sur un pied d’égalité, entend bien faire parler d’elle. La plupart de ces fondateurs viennent de quitter le Comité de liaison du marché de l’art – autre instance informelle composée des principaux syndicats des acteurs du marché de l’art –, à cause de la présence controversée en son sein de membres du Conseil des ventes. Le Comité de liaison du marché de l’art existe depuis une quinzaine d’années. Bien que développant une activité confidentielle, il était reconnu par les pouvoirs publics. “Il a été reçu par le ministère de la Culture et de la Communication dès sa prise de fonctions, ce qui le désignait comme interlocuteur privilégié pour notre secteur d’activité”, rapportent collégialement les professionnels du CNMA. Après être tombé quelque temps en désuétude, le comité avait été ravivé depuis quatre ans par quelques-uns de ses membres dont Pierre Chevalier, expert et président de la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA). Le 26 février, le comité s’est réuni pour décider du rôle que le Conseil des ventes pouvait y jouer. Celui-ci est “un organe de régulation des ventes aux enchères publiques dont les compétences sont très précisément définies par la loi : agréer les sociétés de ventes volontaires et éventuellement les experts, exercer le pouvoir disciplinaire. Ce n’est pas un acteur du marché de l’art et nous contestons sa prétention à vouloir nous représenter, déclarent les intéressés. Nous avons demandé au président du Conseil des ventes – qui a défendu à la chancellerie des positions en contradiction avec celles définies par le comité – de renoncer à siéger au Comité de liaison du marché de l’art et nous lui avons proposé le statut de membre associé lui permettant d’être reçu à l’initiative de l’ensemble des membres”. Cette proposition ayant été refusée par le président et par “certaines personnalités proches du Conseil des ventes”, les membres du comité se sont désolidarisés, jusqu’à le vider de la part substantielle de sa représentativité. Sept des quatorze membres du Comité ont donc fait scission. Seul Michel Gomez, président du Syndicat national du commerce de l’antiquité et de l’occasion (SNCAO) a choisi d’être membre des deux organismes concurrents. “Le Comité de liaison du marché de l’art existe encore, mais ses membres ne sont pas très influents”, indique-t-on au CNAM. Le comité compte cependant l’unique représentant des galeries d’art, Anne Lahumière. Sans elle, le spectre des professionnels au sein du CNMA reste incomplet... “Le problème est qu’elle est aussi membre du Conseil des ventes”, répond le CNAM, qui se veut “indépendant de tout organisme de tutelle, de contrôle ou de régulation” et brandit l’exemple de Pierre Chevalier, tout juste démissionnaire du Conseil des ventes.

Des stratégies fédératrices
“Contrairement à leurs homologues anglais, les acteurs du marché de l’art français n’ont jamais réussi à s’organiser efficacement pour susciter une volonté politique à Bruxelles et inciter les pouvoirs publics à adopter des mesures d’équité concurrentielles”, ont réalisé les fondateurs du CNAM, qui se sont donné des objectifs visant à “développer le marché de l’art, protéger le patrimoine et favoriser la création”, contre notamment l’éternel problème de la fiscalité européenne. Pour cela, le conseil entend jouer un rôle de lobbying au plan national et européen et se rapprocher des institutions anglaises, particulièrement de la British Art Market Federation, pour faire front commun à Bruxelles. En attendant, la prouesse du CNAM est d’avoir pu matérialiser une volonté commune d’actions. Ce qui est déjà une grande nouveauté si l’on considère que tous ces professionnels ne s’adressaient à peine la parole il y a peu, alors que certains se croisaient dans les couloirs de Drouot depuis près de trente ans.

- Les fondateurs du Conseil national du marché de l’art : Armelle Baron, présidente de la Confédération européenne des experts d’art (CEDEA) ; Pierre Chevalier, président de la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA) ; Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires (SNA) ; Michel Gomez, président du Syndicat national du commerce de l’antiquité et de l’occasion (SNCAO) ; Vincent de La Celle, président de la chambre nationale des experts spécialisés (CNES) ; Emmanuel Lhermitte, président de la Compagnie nationale des experts pour les libraires (CNE) ; Michel Maket, président du Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art (SFEP) ; Jean-Gabriel Peyre, président de la Compagnie nationale des experts pour les antiquaires (CNE) ; Hervé Poulain, président du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (SYMEV). - Les membres actuels du Comité de liaison du marché de l’art : Frédéric Castaing, vice-président du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM) ; Gérard Champin (1), président du Conseil des ventes ; Michel Gomez, président du Syndicat national du commerce de l’antiquité et de l’occasion (SNCAO) ; Robert Guiot, président de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau (CSEDT) ; Anne Lahumière (1), présidente du Comité professionnel des galeries d’art (CGA) ; Jacques Mouclier, président honoraire de la Confédération française des métiers d’art (CFMA) ; Dominique Ribeyre (1), président de la chambre nationale des commissaires-priseurs judiciaires ; Annette Vinchon-Guyonnet (1), présidente du Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection (SFEP). (1) Membre du Conseil des ventes

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Les professionnels se regroupent

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