Breton : enchères convulsives

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 avril 2003 - 374 mots

La vente Breton a débuté le 7 avril, alors que des mécontents perturbaient son déroulement. Les préemptions de l’État et les enchères de marchands sont allées bon train durant les quatre premiers jours de vente consacrés à la bibliothèque du pape du surréalisme.

PARIS - Pour la vente du siècle, le premier étage ainsi qu’une salle du rez-de-chaussée de l’hôtel Drouot avaient été réquisitionnés. Pendant la première semaine d’exposition, du 1er au 7 avril au matin, 50 000 visiteurs ébahis ont défilé devant cet étalage “surréaliste”. Le samedi 6 avril, le pic de fréquentation a été atteint, avec près de 12 000 personnes – soit le double du nombre moyen accueilli quotidiennement à Drouot. Les vingt vacations conduites sur onze jours, regroupant plus de six mille lots de livres, manuscrits, tableaux et dessins modernes, photographies et œuvres d’arts premiers, objets d’arts populaires et collections numismatiques se présentaient sous de bons auspices. Le coffret réunissant les catalogues, d’un poids de 10 kilos, s’est écoulé à plusieurs centaines d’exemplaires malgré son prix de 280 euros.
Le 7 avril à 14 h 30, tandis qu’était éconduit le petit groupe de manifestants “anti-dispersion André Breton”, la SVV Calmels-Cohen débutait sur une cession de livres, la première d’une série de huit dont le champ est assez vaste : des collections complètes des œuvres surréalistes aux livres anciens d’ésotérisme, en passant par les œuvres dédicacées des poètes et écrivains du XXe siècle. Les enchères se sont succédé dans une salle bondée où, pour entrer, il fallait jouer des coudes. Les libraires ont été très actifs durant les huit vacations de livres, qui se sont achevées le 11 avril. Les 1 686 lots de livres ont totalisé 4 739 092 euros, contre une estimation de 3 millions d’euros. Les institutions ont préempté 71 lots pour un montant de 659 436 euros. La Ville de Nantes a battu le record,  avec 30 ouvrages achetés dont plusieurs du surréaliste nantais Benjamin Péret (1899-1959). La série complète de la revue Le surréalisme au service de la révolution, adjugée à 184 265 euros, a constitué l’achat majeur de la Bibliothèque nationale de France (lire p. 23).
Lors des ventes de manuscrits, la bibliothèque Jacques-Doucet s’est offert Arcane 17, pour 750 000 euros sans les frais.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Breton : enchères convulsives

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