Transferts d’œuvres et de crédits

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 2 mai 2003 - 416 mots

Les musées parisiens ont une longue tradition de dépôts en province.  Le Louvre lui-même est à l’origine du dépôt de 7 000 tableaux, contre 6 000 exposés dans ses murs. La loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France prévoit le transfert aux collectivités territoriales des œuvres en dépôt avant 1910, à savoir une centaine de milliers d’œuvres. “Se dessaisir de la propriété de l’État est un acte extrêmement significatif au plan politique. En deux ou trois ans, on devrait constater les transferts d’une très grande partie de ces dépôts”, observe Francine Mariani-Ducray, directrice des Musées de France. La première offre officielle de transfert des propriétés selon ces modalités a été faite auprès de la Ville d’Amiens, bénéficiaire du dépôt de 608 œuvres avant 1910, dont 312 seraient immédiatement transférables si la Ville le souhaitait, tandis que 206 doivent faire l’objet de recherches complémentaires. 90 resteront la propriété de l’État, notamment celles acquises par dons ou legs. La procédure de transfert de propriété sera prioritairement mise en œuvre dans les Régions pilotes Midi-Pyrénées et Lorraine. La loi musée a de plus déconcentré à un niveau régional ou interrégional l’examen préalable des acquisitions des musées de France, auparavant réalisé au sein d’une commission nationale unique. Les DRAC ont procédé l’an dernier à la sélection des experts amenés à siéger dans les commissions déconcentrées. Dès le mois d’avril, 15 commissions régionales et 6 commissions interrégionales ont tenu leurs premières séances. Parallèlement ont été mises en place des commissions régionales et interrégionales de restauration. Les crédits des Fonds régionaux d’acquisition des musées (FRAM) pourraient également être délégués à titre expérimental aux Régions qui en feraient la demande. L’idée vaut aussi pour les Fonds régionaux d’aide à la restauration (FRAR) et les Fonds régionaux d’acquisition pour les bibliothèques (FRAB). Cette délégation ne manque pas de soulever des inquiétudes, au même titre que l’évocation d’un transfert des FRAC aux Régions.
L’année même où l’État organise la célébration des vingt ans des FRAC, le Premier ministre parle d’expérimenter une régionalisation de leurs crédits. Il n’est pourtant de secret pour personne que l’art contemporain est un domaine plus fragile que le patrimoine, lequel flatte l’orgueil identitaire des collectivités. Les Régions Auvergne et, sans surprise aucune, Poitou-Charentes devraient faire l’objet de cette expérimentation. Les FRAC ont pourtant pu observer par le passé des tensions avec les Régions, notamment en Bretagne, encline à défendre les artistes par trop “locaux”. Si les crédits de l’État sont affectés aux Régions, seront-ils au moins fléchés ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°170 du 2 mai 2003, avec le titre suivant : Transferts d’œuvres et de crédits

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque