Las Vegas se porte au secours de New York

Malgré le retour de Steve Wynn, les ventes d’art impressionniste et moderne de mai ont manqué de relief

Le Journal des Arts

Le 30 mai 2003 - 567 mots

New York a accueilli début mai une nouvelle série de grandes ventes d’art impressionniste et moderne. Des œuvres exceptionnelles se sont distinguées au cours de ces soirées et ont fait oublier un ensemble plutôt moyen. Quelques records ont même été battus. Le retour du milliardaire de Las Vegas Steve Wynn a marqué ces journées, puisqu’il a dépensé la bagatelle de 45 millions de dollars en moins de vingt-quatre heures.

NEW YORK - Lors des grandes ventes d’art impressionniste et moderne des 6 et 7 mai, Steve Wynn, propriétaire de casino à Las Vegas et collectionneur d’art, a officiellement repris sa place au sein du marché. Dissimulé derrière les vitres teintées de l’un des boxes privés dominant la salle, et bénéficiant ainsi d’une vision privilégiée et anonyme de la vente, Steve Wynn s’est offert les deux plus belles œuvres chez Sotheby’s et Christie’s, dépensant au passage plus de 45 millions de dollars (39 millions d’euros) en à peine vingt-quatre heures. Il a par la suite annoncé que les deux tableaux seraient exposés dans son nouvel hôtel de Las Vegas, Le Rêve, actuellement en construction sur le site du Desert Inn, l’une des anciennes retraites du producteur de cinéma Howard Hughes.
L’élan dépensier de Steve Wynn a eu l’effet d’un coup de fouet plutôt bienvenu sur ces ventes qui affichaient un profil bas et qui n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Sotheby’s et Christie’s ont admis leur difficulté à obtenir des œuvres à vendre alors que la guerre en Irak menaçait encore. Si les deux maisons proposaient quelques belles pièces, les catalogues pêchaient par endroits, comme le montrent les résultats. Espérant entre 71 et 99 millions de dollars, Sotheby’s n’a obtenu que 65 millions, soit un total légèrement en dessous de l’estimation basse, et surtout, en baisse de 50 % par rapport à l’année dernière. Les prévisions de Christie’s ont également dues être revues à la baisse : d’une estimation entre 63 et 90 millions de dollars, la maison n’a réuni que 59,7 millions, soit 40 % de moins qu’en 2002.
“Le monde traverse une période difficile, tant sur le plan économique que politique, mais les ventes démontrent que vous pouvez vendre des œuvres d’art à tout moment, et les choses devraient aller en s’améliorant”, a déclaré après la vente Christopher Burge, l’auctioneer vedette de Christie’s, tout en précisant que les ventes du mois de juin à Londres s’annoncent sous de meilleurs auspices avec “20 lots consignés ces dix derniers jours”.
Inconnu jusqu’alors, un nouveau compétiteur a fait connaître sa présence : originaire de New York, Stewart Rahr est propriétaire d’une société de ventes en gros de produits pharmaceutiques. Il s’est porté acquéreur de quatre tableaux chez Sotheby’s et a enchéri sur deux autres lots.
Les ventes bénéficiaient d’estimations correctes – 14 lots chez Christie’s et 15 chez Sotheby’s ont obtenu les résultats escomptés –, mais peu de pièces ont réellement décollé. Quelques records parsèment la liste des résultats chez Sotheby’s : Alexandre Archipenko, Paul Sérusier, André Masson et Max Liebermann. La plupart des invendus l’ont été sans grande surprise, mis à part deux sculptures d’Alberto Giacometti. La sculpture, en forte demande ces dernières années, semblait susciter moins d’attention. Le propriétaire de Christie’s, François Pinault, a d’ailleurs vendu sa fameuse Petite danseuse de quatorze ans d’Edgar Degas à perte : achetée chez Sotheby’s pour plus de 12 millions de dollars en 1999, elle n’a rapporté que 10,6 millions.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Las Vegas se porte au secours de New York

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