Dans l’intimité de Lartigue

La galerie Bellier dévoile une soixantaine de rares vintages du photographe

Le Journal des Arts

Le 13 juin 2003 - 567 mots

Pour la première fois, la galerie Bellier accueille sur ses cimaises une exposition de photographies. L’occasion est belle puisqu’il s’agit d’une collection de soixante vintages de Jacques Henri Lartigue, accompagnée du premier album du photographe, connu sous le nom de Vieux cahier maman.

PARIS - En marge de la rétrospective “Jacques Henri Lartigue” du Centre Pompidou (jusqu’au 22 septembre), la galerie Bellier, à Paris, propose une exposition consacrée au célèbre photographe. “Sur le plan personnel, Luc Bellier [le directeur de la galerie] est un amateur de photographie, explique Larisa Dryansky, commissaire de l’exposition et responsable du catalogue. Lartigue a été un choix évident puisqu’il a portraituré en photographie la société du début du XXe siècle que la galerie présente d’ordinaire en peinture. Il porte le même regard sur son époque que les Nabis, on trouve d’ailleurs certaines connivences esthétiques dans leurs œuvres.” L’ensemble d’épreuves que propose l’exposition possède une origine irréprochable : elles proviennent de la collection personnelle du photographe et de sa femme Florette, cédée par cette dernière à un particulier à la fin des années 1990. Soixante vintages en constituent l’essentiel, accompagnés du Vieux cahier maman, un album composé pour la mère de l’artiste et qui comprend les premières images de Lartigue. Les beaux vintages sont assez rares sur le marché puisque le photographe en a lui-même donné la quasi-totalité à l’État en 1979. Le plus grand ensemble encore en mains privées a été dispersé il y a quelques années par l’étude Tajan. Il était  issu d’un fonds de photographies en provenance de Renée Perle, modèle et maîtresse du photographe au début des années 1930. S’y ajoutent quelques clichés que des collectionneurs avaient directement acquis auprès de Lartigue, et qui ne sont pas encore apparus sur le marché. La collection présentée par la galerie Bellier, dont les épreuves seront vendues dans une fourchette de prix allant de 25 000 à 80 000 euros, devrait donc séduire amateurs et collectionneurs.
Les pièces les plus anciennes de cet ensemble remontent aux années 1910, avec plusieurs instantanés des jeux familiaux, comme Bouboutte et Louis, Rouza, 1910, ou Zissou et Louis sur un bob, 1913, et des portraits d’élégantes dont les célèbres Jour des drags à Auteuil, 1911, et Avenue des Acacias au bois de Boulogne, 1912. La passion de Lartigue pour les sports de vitesse est illustrée par un tirage contact annoté du terrain d’aviation d’Issy-les-Moulineaux (1910), ainsi que par Course automobile, 1912, ou le surprenant Concours d’aviettes, 1912, une course de bicyclettes volantes. De nombreux portraits sont présentés, plusieurs célèbrent Florette et ses ongles peints, quelques-uns figurent Renée Perle entre 1930 et 1932 ainsi qu’un autre modèle, Solange. Les artistes de music-hall attirent l’attention de Lartigue, Gaby Deslys au Casino de Paris (1919), Les Rowe sisters (1929), ou encore Maurice Chevalier et Yvonne Vallée sur la plage de Royan (1926) en sont quelques exemples. Sacha Guitry, Picasso et Richard Avedon posent également volontiers pour Lartigue. Le Vieux cahier maman, qui est plus exactement un carnet, est composé d’images intimes et familiales. Il comprend des portraits de ses parents et une vue de groupe de sa famille réalisée en 1902, que Lartigue considérait comme sa première véritable photographie.

JACQUES HENRI LARTIGUE, L’EMPREINTE DU BONHEUR

Jusqu’au 11 juillet, galerie Bellier, 20 rue de l’Élysée, 75008 Paris, tél. 01 44 94 84 84, tlj sauf samedi et dimanche 12h-19h et sur rendez-vous, www.bellier-art.com. Catalogue édité par la galerie Bellier, 80 p.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°173 du 13 juin 2003, avec le titre suivant : Dans l’intimité de Lartigue

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