Zone pavillonnaire

Surprises et attentes dans les Giardini

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 13 juin 2003 - 971 mots

La lagune peut monter ou descendre, les directeurs artistiques se succéder, Venise conserve une constante : les pavillons nationaux. Lieux d’expérimentation ou de consécration pour les artistes, ils offrent cette année encore un riche programme avec un intérêt particulier pour... l’Italie.

En matière de représentation nationale, l’adage voulait qu’à Venise les “cordonniers soient les plus mal chaussés”, le pavillon italien étant traditionnellement réservé à une exposition d’ordre international. Il l’est encore cette année, mais nos voisins transalpins ont également développé un pavillon alternatif au cœur des Giardini (jardins). Baptisée “La Zone”, cet énième avatar des Zones d’autonomie temporaires (TAZ) d’Hakim Bey a été dressé par le groupe A12, collectif pluridisciplinaire actif entre Gênes et Milan. Il accueille une sélection opérée par Massimiliano Gioni (nouveau directeur de la Fondation Nicola-Trussardi à Milan) et qui fait le pari de la jeunesse avec Alessandra Ariatti, Micol Assaël, Anna De Manincor-Zimmerfrei, Diego Perrone et Patrick Tuttofuoco. Les aînés ne sont pas en reste puisque Carol Rama et Michelangelo Pistoletto reçoivent à l’occasion de la manifestation  un Lion d’or pour l’ensemble de leur carrière. Autres initiatives italiennes, la Réserve artificielle imaginée dans la Darse de via dell’Atomo par les étudiants de l’Académie des beaux-arts de Venise, et The cord, le câble conçu par archea associati/c s associati comme un fil d’Ariane entre les différents sites de la Biennale.
Cette année, ce sont les Pays-Bas qui se jouent de la règle de la représentation nationale : sous l’intitulé humoristique “We are the world”, le pavillon hollandais montre quelques-uns de ses enfants terribles ou ressortissants récents (Meschac Gaba, Carlos Amorales, Alicia Framis, Jeanne van Heeswijk et Erik van Lieshout). Aussi réjouissante, l’exposition “Le retour de l’artiste” regroupe, sous la bannière de la Russie, Sergey Bratkov, Valery Koshliakov, Konstantin Zvezdochetov et les toujours surprenants Vladimir Dubossarsky & Alexander Vinogradov, qui continueront donc là leur tour du monde en bons peintres de genre. La solution de l’exposition de groupe a aussi été retenue par l’Allemagne, qui propose un duo inédit faisant se côtoier les travaux de Martin Kippenberger et de Candida Höfer. Si, à commencer par Fred Wilson, qui représente les États-Unis, les jardins sont l’occasion de découvrir de nombreux artistes, d’autres participations ont été fort attendues. Côté français d’abord, le “Pavillon des Amazones” de Jean-Marc Bustamante réserve un curieux voyage entre peinture et photographie, et ce des deux côtés du miroir. Invitée par le Canada, Jana Sterback rend, elle, un hommage vidéo au poète russe et Prix Nobel Joseph Brodsky. Dans un tout autre registre, Santiago Sierra revient à Venise, invité cette fois par l’Espagne. Convié en 2001 par Harald Szeemann, l’artiste, installé au Mexique et connu pour ses performances qui adoptent avec une froideur implacable les mécanismes de la toute-puissante économie, avait fait (après négociation sonnante et trébuchante avec les intéressés) décoloré les cheveux de près de deux cents vendeurs clandestins. Il est donc attendu au tournant.

Les représentations par pays

Allemagne : Candida Höfer, Martin Kippenberger ; Argentine : Charly Nijensohn ; Australie : Patricia Piccinini ; Autriche : Bruno Gironcoli ; Belgique : Silvie Eyberg, Valérie Mannaerts ; Bosnie-Herzégovine : Maja Bajevic, Jusuf Hadzifejzovic, Edin Numankadic, Nebojsa Seric-Soba ; Brésil : Beatriz Milhazes, Rosângela Rennó ; Canada : Jana Sterbak ; Chili : Eugenia Vargas ; Colombie : Maria Fernanda Cardoso ; Costa-Rica : Marisel Jiménez Rittner, Rossella Matamoros, Joaquin RodrÁ­guez del Paso ; Croatie : Boris Cvjetanovic, Ana Opalic ; Danemark : Olafur Eliasson ; Égypte : Ahmed Nawar ; Équateur : Tomas Ochoa ; Espagne : Santiago Sierra ; Estonie : John Smith (Marko Mäetamm & Kaido Ole) ; États-Unis : Fred Wilson ; France : Jean-Marc Bustamante ; Fyrom : Vana Urosevitch, Zaneta Vangeli ; Géorgie : Tea Gvetadze et Tamara Khundadze, Levan Chogoshvili, George Gugushvili, Gio Sumbadze ; Grande-Bretagne : Chris Ofili ; Grèce : Athanasia Kyriakakos, Dimitris Rotsios ; Hongrie : Littel Warsaw (András Gálik & Bálint Havas) ; Indonésie : Arahmaiani, Dadang Christanto, Tisna Sanjaya, Made Wianta ; Iran : Behrooz Daresh, Abbas Kiarostami, Hossein Khosrojerdi, Ahmad Nadalian ; Irlande : Katie Holten ; Islande : RúrÁ­ ; Israël : Michal Rovner ; Italie : Charles Avery, Avish Khebrehzadeh, Sara Rossi, Carola Spadoni ; Japon : Motohiko Odani, Yutaka Sone ; Kenya : Richard Onyango, Armando Tanzini ; Lettonie : Group F5 (Leva Rubeze, Martins Ratniks, Liga Marcinkevica, Ervins Broks, Felikss Ziders) ; Lituanie : S&P Stanikas ; Luxembourg : Su-Mei Tse ; Mexique : Javier Marin ; Nouvelle-Zélande : Michael Stevenson ; Panama : Brooke Alfaro, Haydee Victoria Suescum ; Pays-Bas : Carlos Amorales, Alicia Framis, Meschac Gaba, Jeanne van Heeswijk, Erik van Lieshout ; Pays nordiques : Finlande-Norvège-Suède : Mamma Andersson, Kristina Bræin, Liisa Lounila ; Pérou : Fernando Bryce, Gilda Mantella ; Pologne : Stanislaw Drózdz ; Portugal : Pedro Cabrita Reis ; république d’Arménie : David Kareyan & Eva Khachatrian ; république de Chypre : Nikos Charalambidis ; république de Corée : Whang In Kie, Bahc Yiso, Chung Seoyoung ; République dominicaine : Marcos Lora Read ; République tchèque et République slovaque : Kamera Skura & Kunst-Fu (Erik Binder, Martin Cervenák, Jiri Maska et René Roban) ; Roumanie : Calin Man/Cinema Ikon ; Russie : Sergey Bratkov, Vladimir Dubossarsky & Alexander Vinogradov, Valery Koshliakov, Konstantin Zvezdochetov ; Salvadore : Muriel H. Hasbun ; république de Slovénie : Ziga Kariz ; République populaire de Chine : Liu Jianhua, Lu Shengzhong, Wang Shu, Yang Fudong, Zhan Wang ; Serbie et Monténégro : Milica Tomic ; Singapour : Heman Chong, Francis Ng, Swie-Hian Tan ; Suisse : Emmanuelle Antille, Jörg Lenzlinger & Gerda Steiner ; Thaïlande : Kamol Phaosavasdi, Tawatchai Puntusawasdi, Michael Shaowanasai, Vasan Sitthiket, Manit Sriwanichpoom, Montri Toemsombat, Sakarin Krue-On ; Turquie : Nuri Bilge Ceylan, Ergin Cavusoglu, Gül Ilgaz, Neriman Polat, Nazif Topcuoglu ; Ukraine : Viktor Sydorenko ; Uruguay : Pablo Atchugarry ; Venezuela : Pedro Morales

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°173 du 13 juin 2003, avec le titre suivant : Zone pavillonnaire

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