Architecture

Archiculture

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 13 juin 2003 - 549 mots

Voilà quelques années qu’on en parle, qu’on la cite, qu’on en attend beaucoup. Certains de ses projets ont déjà largement été médiatisés, à l’image de la Fondation Pinault, de l’extension du Musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq, ou encore du théâtre La Coupole à Saint-Louis, en Alsace. À l’occasion de son exposition à la Galerie d’architecture, à Paris, nous revenons sur six projets culturels de Manuelle Gautrand.

Elle ne construira pas l’antenne du Centre Pompidou à Metz, ainsi en a décidé le jury de présélection du concours du futur musée (lire  ci-dessous), mais cela n’empêche pas Manuelle Gautrand de présenter à la Galerie d’architecture, à Paris, le portrait de six autres projets culturels de natures différentes. Certains réalisés, d’autres en cours, d’autres enfin qui resteront à l’état de projets. Certains à vocation internationale, comme la Fondation François-Pinault à Boulogne (concours perdu) ; d’autres à vocation locale, comme le théâtre du Centre dramatique national du Nord - Pas-de-Calais à Béthune (réalisé en 1999) ; d’autres encore à vocation plus “communicante” que directement culturelle, comme l’espace d’exposition Citroën sur les Champs-Élysées à Paris (en cours de réalisation, ouverture en 2005)...
Les maquettes des six projets en question sont réunies, non pas les seules maquettes définitives, celles que généralement l’on montre, mais également celles de travail, reflétant les évolutions, les modifications... Il faut aussi entendre Manuelle Gautrand raconter simplement et brièvement l’histoire de chacun de ces projets, ce que permettent des écouteurs mis à la disposition du public de l’exposition.
À côté de la Fondation Pinault, de l’extension du Musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq, ou encore du théâtre La Coupole à Saint-Louis, l’architecte a encore conçu deux passionnants projets. Le premier, parfaitement gratuit, a été conçu pour une participation à l’exposition orléanaise Archilab, puis à la Biennale d’architecture de Venise, en 2002. Il s’agit de l’aménagement des magasins généraux sur les berges de la Seine dans le 13e arrondissement de Paris, transformés en plate-forme culturelle pour les arts numériques, un lieu baptisé “Les éclaireuses”. Un très joli et subtil travail sur la scénographie urbaine et une souplesse d’utilisation en parfait accord avec la virtualité d’une thématique auto-imposée.
Le second, gagné face à rien moins que Christian Biecher, Zaha Hadid et Christian de Portzamparc, concerne l’espace d’exposition Citroën sur la “plus belle avenue du monde”. Jouant avec les plissés et les couleurs, la façade se présente comme un gigantesque origami entièrement composé d’adaptations du chevron, marque distinctive de la firme automobile. Au fil du regard, l’emblème de Citroën devient triangle, losange, pointe de diamant... Soit une façade vivante, vibrante, là encore en parfaite adéquation avec ce que sont les Champs-Élysées.
Pourquoi, lors même qu’elle a édifié d’autres bâtiments publics, des logements, ou qu’elle a exercé ses talents dans le tertiaire et l’industriel, l’enseignement et le transport, Manuelle Gautrand a-t-elle limité aux seuls lieux culturels sa sélection pour sa première exposition personnelle ? Pour concentrer le regard et l’écoute sur une thématique unique bien évidemment. Mais également parce que, selon l’architecte, les lieux de culture, essentiels à la vie d’une communauté, permettent de “privilégier les pôles de désobéissance, d’audace, de pluralité”. Et d’ajouter, citant Saint-John Perse, que la culture c’est “le luxe de l’inaccoutumance”.

Galerie d’architecture, 11 rue des Blancs-Manteaux, 75004 Paris, tél. 01 49 96 64 00, mardi-samedi 11h-19h. Jusqu’au 5 juillet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°173 du 13 juin 2003, avec le titre suivant : Archiculture

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