Mobilier européen

La sortie triomphale d’Ariane Dandois

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 700 mots

Sotheby’s a réalisé à New York la plus importante vente d’un fonds d’antiquaire jamais organisée, soit plus 32”¯millions de dollars de recette.

NEW YORK - Le fonds de la galerie de l’antiquaire parisien Ariane Dandois (qui a cessé son activité place Beauvau il y a quelques mois[1]), soit un peu plus de 800 lots, a été dispersé triomphalement sous le marteau de Sotheby’s à New York le 25 et 26 octobre pour 32,2 millions de dollars (22,1 millions d’euros). Une somme bien au-delà des 13 à 20 millions espérés, et un record pour une vente du vivant d’un antiquaire. Femme au caractère bien trempé, Ariane Dandois a su, parallèlement au grand goût pour le mobilier français XVIIIe défendu jalousement par ses confrères parisiens, imposer avec conviction depuis une trentaine d’années son propre style, c’est-à-dire un amour et une connaissance des meubles et objets d’art européens des XVIIIe et XIXe siècles. Aussi cette glorieuse sortie en vente publique consacrée par le marché a-t-elle des airs de revanche. « On m’a mis des bâtons dans les roues, tout le temps, parce que j’étais une femme. Ma vie de femme d’affaires a été infernale. J’ai quitté mon activité au summum du succès de ma galerie. Cette vente en est la juste récompense », relate-t-elle fièrement. « Plus de 50 % de mes clients ont acheté. Cette confiance m’a touchée », ajoute-t-elle, visiblement émue.
« Il ne faut pas se voiler la face. On a toujours un peu peur de vendre le stock d’un marchand », confie Mario Tavella, directeur européen du département mobilier de Sotheby’s, choisi d’emblée par l’antiquaire pour ses compétences variées et son ouverture d’esprit en matière de mobilier européen. « L’exposition avant la vente est en général un bon indicateur. Mais, si j’ai eu très rapidement le sentiment que cette vente allait marcher, je n’aurais jamais imaginé un résultat au-dessus de l’estimation haute. »

Affluence record
La présentation était grandiose, avec ses 1 600 m2 de surface agencés par le décorateur Juan Pablo Molyneux dans une mise en scène spectaculaire de pièces aux atmosphères différentes, décorées en impression sur toile de gravures de Piranèse ou du grand escalier de l’Ermitage… Le tout supervisé par Ariane Dandois, qui a réglé avec soin l’éclairage dans un ultime souci de perfection. L’exposition aurait connu une affluence record de plusieurs dizaines de milliers de personnes, à relativiser toutefois, car « l’accrochage simultané sur Grace Kelly, organisé par la principauté de Monaco au deuxième étage du building, a amené beaucoup de visiteurs », reconnaît Mario Tavella. Celui-ci estime « qu’une grande partie de la vente a été emportée par des acheteurs qui ne sont pas venus à l’exposition ».
Le palmarès des meilleures enchères ne révèle aucune surprise particulière. Le clou de la vente revient à une paire de meubles français, un secrétaire et un chiffonnier d’époque Empire, vers 1810, attribués à Jacob-Desmalter. Estimé 250 000 à 350 000 dollars, l’ensemble s’est envolé à 881 000 dollars. Suivent un étonnant bureau-coiffeuse néoclassique espagnol, signé Gabriel Gomez et daté de 1817, estimé 200 000 à 300 000 dollars et emporté à 769 000 dollars ; un guéridon d’époque Empire décoré d’une frise de scène bachique en bronze dorée par Feuchère, vers 1815, parti à 645 800 dollars, soit deux fois et demie son estimation haute, tout comme une suite de quatre fauteuils néoclassiques italiens sculptés en bois doré, vers 1770, de provenance Borghèse, adjugée 577 000 euros. Une paire de commodes néoclassiques allemandes, vers 1780, a également été vendue 577 000 dollars, le double des prévisions, tandis que deux très grands canapés anglais d’époque George II, vers 1740, en chêne peint en gris, estimés au plus 250 000 dollars chacun, ont été acquis par le même acheteur pour 505 000 dollars pièce. 56 meubles et objets d’art ont été adjugés entre 100 000 et 500 000 dollars. Près de 60 % des lots ont été cédés au-dessus de leur estimation haute. Seuls 10 % des 625 lots estimés moins de 15 000 dollars et livrés sans prix de réserve n’ont pas atteint leur estimation basse. Quelques-uns des 26 objets n’ayant pas trouvé preneur ont même été achetés dans les jours qui ont suivi la clôture de la désormais historique vente Dandois.

(1) Lire le JdA no 256, 30 mars 2007, p. 25.

ARIANE DANDOIS

- Experts : Mario Tavella et Alistair Clarke - Estimation : 13 à 20 millions de dollars - Résultat : 32,2 millions de dollars - Nombre de lots vendus/invendus : 797/26 - Lots vendus : 96,8 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : La sortie triomphale d’Ariane Dandois

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