En attendant Godot

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 715 mots

Le Musée des Augustins à Toulouse comme les musées des beaux-arts d’Arras et de Reims espèrent des rénovations qui tardent à venir.

Initié à la fin des années 1980, le grand mouvement de rénovation des musées a oublié quelques institutions, et non des moindres, sur son passage. À commencer par le prestigieux Musée des Augustins, à Toulouse, dans l’attente de travaux depuis dix ans (lire le JdA no 133, 28 septembre 2001, p. 13). Installée dans l’ancien couvent des Augustins, l’institution réputée pour sa collection de sculptures antiques et de portraits romains manque cruellement d’espace ; sa circulation est laborieuse et les conditions de conservation des œuvres laissent à désirer. Des difficultés que les travaux réalisés à la fin des années 1970 n’avaient pas réussi à résorber. En 1997, le conseil municipal de Toulouse avait voté le projet culturel de rénovation et de réaménagement du musée. Depuis, le programme architectural et technique attend toujours d’être validé pour pouvoir enfin lancer le concours d’architecture – celui-ci était annoncé pour 2002 ! À l’époque, il était question de construire une extension contemporaine de 2 500 m2, donnant sur la rue de Metz. En outre, il est prévu, à l’heure actuelle, de déplacer les réserves à l’extérieur du musée – dans un bâtiment destiné d’ailleurs à l’accueil de l’ensemble des réserves des autres musées de la ville –, et les locaux administratifs à une centaine de mètres de l’institution. Ce double déménagement devrait libérer 600 mètres carrés supplémentaires et offrir au musée des volumes plus modestes pour regrouper les œuvres de petits et moyens formats, actuellement perdues dans les grands espaces du parcours permanent. Il faudrait encore étoffer l’équipe de conservation, composée à ce jour de trois personnes. La candidature de la ville au titre de « Capitale européenne de la culture » pour 2013 (lire p. 5) devrait réveiller des élus, semble-t-il, jusqu’à présent indifférents et peu loquaces sur le sujet. La ville rose qui, pour l’occasion, a débloqué des fonds considérables, ne saurait prétendre à ce titre si elle néglige un des éléments essentiels de son patrimoine.
Installé dans une ancienne abbaye bénédictine du XVIIIe siècle, le Musée des beaux-arts d’Arras, dans le Pas de Calais, attend lui aussi son heure. L’ensemble de sculptures funéraires du XIIe au XVIe siècle qu’il conserve, sa très belle collection de tapisseries et les retables de Jean Bellegambe, L’Adoration de l’Enfant (1529) et Le Christ aux bourreaux (1532), ont fait sa réputation. L’institution partage les espaces de l’abbaye avec la médiathèque (déjà rénovée dans les années 1990) et le conservatoire. Inscrit dans un plan « État-Région », le projet de rénovation, actuellement à l’étude, est commun à ces trois structures qui devront, s’il est réalisé, travailler main dans la main. L’entreprise est de taille puisque l’abbaye, qui doit être entièrement remise aux normes, s’étend sur 22 000 m2. Le musée regroupé aujourd’hui sur seulement 4 000 m2 devrait s’étendre. Faut-il craindre que son très médiatique voisin, l’antenne du Louvre à Lens, ne fasse de l’ombre, voire gèle les crédits promis à l’abbaye ? Éric Plantagenêt, directeur des affaires culturelles d’Arras, se veut au contraire rassurant : « La situation est motivante. C’est à nous de penser à un projet novateur et complémentaire au Louvre-Lens, ce qui représente un réel défi. Nous voulons intégrer l’abbaye et son activité dans le cadre d’un projet de territoire et souligner l’importance du patrimoine bâti, avec, pourquoi pas, une histoire locale autour de Vauban. Dans l’ensemble, cela devrait drainer de nouveaux publics. » Prévu à l’horizon 2012 (soit un an après le Louvre-Lens), le nouveau Musée des beaux-arts d’Arras sera l’affaire du prochain mandat.
Suspendu, lui aussi, aux résultats des municipales de 2008, le Musée des beaux-arts de Reims nourrissait de grandes ambitions. Il fut en effet question de l’installer en partie dans les anciennes halles du Boulingrin, fleuron de l’architecture des années 1920, promis à la restauration, tandis qu’un bâtiment contemporain adjacent aurait abrité les collections permanentes (lire le JdA no 227, 16 déc. 2006, p. 3). Face aux pressions locales, le projet a malheureusement été abandonné. Et, pour l’heure, la ville se contente de rénover le musée petit bout par petit bout. Sa belle collection mériterait pourtant meilleur écrin que les espaces confinés et vétustes du cloître Saint-Denis. Espérons que l’on ne demande pas à ces trois établissements de se séparer, de manière temporaire ou définitive, d’une partie de leurs collections pour, enfin, lancer et financer d’indispensables travaux de rénovation...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : En attendant Godot

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