Claude Bertrand, Christophe Girard, Catherine Tasca, Anne Gombault, Jean-Pierre Saez, Jean-Michel Tobelem, La gratuité en question

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 2906 mots

De janvier à juin”¯2008, le ministère de la Culture fera l’expérience de la gratuité dans quatorze musées nationaux. Annoncée récemment (lire le JdA no”¯268, 2”¯novembre 2007, p.”¯3), la mesure a relancé le débat”¯: la gratuité des musées est-elle un outil efficace de démocratisation culturelle”¯? Peut-elle s’appliquer à tous les établissements”¯? Quel est son coût”¯? Quelles sont ses conséquences directes et indirectes”¯? Nous avons demandé de nous livrer leur sentiment sur la question à des spécialistes”¯: Anne Gombault, chercheuse et enseignante”¯; Jean-Michel Tobelem, docteur en gestion”¯; Catherine Tasca, ancienne ministre de la Culture”¯; Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles. Ainsi que Claude Bertrand et Christophe Girard, vice-président du conseil général de l’Isère chargé de la culture pour le premier, adjoint au Maire de Paris à la culture pour le second, qui, depuis plusieurs années, ont appliqué la gratuité aux établissements sous leur tutelle.

« Penser à accompagner les publics »
Claude Bertrand, 2e vice-président du conseil général de l’Isère, chargé de la culture et du patrimoine.

Le département de l’Isère a appliqué la gratuité à l’ensemble des musées sous sa tutelle en 2003. Quels en ont été les résultats ?
Les résultats ont été tout à fait positifs en termes de fréquentation. La première année, l’effet d’annonce a joué un rôle d’augmentation considérable, le summum étant atteint par le Musée de la Révolution française à Vizille qui a accru sa fréquentation de 150 %. L’exemple du Musée d’art sacré contemporain de Saint-Hugues de Chartreuse est édifiant : il a toujours été gratuit, mais sa fréquentation a augmenté après l’annonce de 2003. Au bout de trois années de gratuité (bientôt quatre), il y a un certain tassement, mais la fréquentation continue sensiblement de s’accroître.

La finalité de la gratuité est l’accès du plus grand nombre à la culture. Avez-vous noté une diversification des publics ?
Je ne sais pas si l’on peut dire qu’il y a un nouveau public, mais il y a de nouvelles pratiques du public : les visites sont plus courtes, plus ciblées. Mais peut-on parler d’un élargissement social des publics ? Je ne crois pas ; ce sont, au contraire, les mêmes qui reviennent plusieurs fois. La question de fond est celle de la démocratisation culturelle. Et le but n’est pas encore atteint. Il faut continuer de travailler avec les équipes du musée autour d’une bonne programmation et d’une médiation approfondie. Avant, on accueillait les visiteurs, il faut maintenant les accompagner.

Cet accompagnement passe par un renforcement des équipes des musées. La gratuité ne risque-t-elle pas d’entraîner une diminution des budgets octroyés par le département à ses musées ?
Non, car les recettes de billetterie représentaient des sommes marginales. Nous pratiquions déjà des tarifs très bas, la perte des recettes n’a donc pas été dramatique et nos musées ont gardé tous leurs moyens. Actuellement, nous réfléchissons à la possibilité d’enrichir nos équipes culturelles et le contenu de leur mission. Une réflexion doit être menée sur le long terme. La gratuité est un des éléments de la démocratisation culturelle, mais ce n’est pas la panacée. Il faut surtout penser à l’accompagnement des publics. C’est un travail de fond et de longue haleine indispensable.

Propos recueillis par Daphné Bétard


« Nous avons formé nos personnels à la pédagogie »
Christophe Girard, adjoint à la culture à la Mairie de Paris.

Les musées de la Ville de Paris sont gratuits depuis 2001. Quel bilan tirez-vous de cette mesure après six ans d’expérience ?
Tout d’abord, comme vous le savez, la fréquentation des musées parisiens a considérablement augmenté, particulièrement pour le Musée Carnavalet, le Petit Palais, le Musée d’art moderne ou le Musée de la Vie romantique. On peut noter que les visiteurs reviennent plusieurs fois, qu’ils prennent leur temps. À mon sens, c’est un réel progrès. Plutôt que de « consommer » la culture comme le font certains touristes, les gens ciblent leur visite, reviennent pour voir une œuvre, une période… La visite est plus qualitative.

Avez-vous noté une diversification des publics ?
Pas de manière évidente, mais on voit des familles venir au complet, alors qu’auparavant seuls quelques-uns de ses membres seraient venus. La gratuité est un réel outil de démocratisation culturelle, mais à condition qu’elle soit accompagnée, tout d’abord d’une campagne de communication efficace, puis d’outils pédagogiques au sein du musée, avec des explications de texte très claires devant les œuvres. Nous avons formé nos personnels à cela.

La gratuité a un coût. Les budgets dévolus à la restauration ou à l’organisation d’expositions n’en ont-ils pas souffert ?
Certes la gratuité coûte cher, mais elle n’est pas généralisée à tout le musée et ne concerne pas les expositions temporaires. Nous avons remarqué que les visiteurs qui appréciaient de venir visiter librement les collections permanentes prenaient plus volontiers un ticket pour les expositions temporaires. La consommation d’objets culturels et d’ouvrages dans les boutiques des musées a également augmenté. En termes de recettes, cela n’est pas négligeable.

Propos recueillis par D. B.


« Aujourd’hui, une politique de gratuité serait inopportune »
Catherine Tasca, sénatrice des Yvelines (Île-de-France), a été ministre de la Culture et de la Communication de 2000 à 2002.

En tant qu’ancienne ministre de la Culture, quel est votre point de vue sur la gratuité des musées ?
La question de la gratuité de l’entrée au musée se pose sous deux angles : le premier est celui de l’efficacité pour la démocratisation et le second, celui du financement des musées. Il ne faut pas confondre les deux questions. La première, la plus fondamentale, est celle de l’efficacité démocratique. Je ne considère pas que la gratuité soit la clé de l’accès à la culture pour tous. Dans l’histoire des institutions culturelles, la gratuité est souvent expérimentée comme un outil pour des opérations spécifiques et non comme une politique globale. L’élargissement quantitatif et sociologique du public est plus une question d’envie, de mise en appétit, de travail d’approche, qu’une question d’ordre financier. Le public des musées ne peut pas être qualifié d’élitiste, et pourtant un grand nombre de nos concitoyens reste encore en dehors. Je crois à l’utilité d’une politique de gratuité ciblée. C’est ce que nous avons fait par exemple pour les moins de 18 ans dans les musées nationaux. Mais il faut surtout se donner les moyens d’une « pédagogie » culturelle et d’une coopération institutionnelle entre les musées et les établissements d’enseignement. Il reste beaucoup à faire, notamment en direction des jeunes, à l’école et dès le plus jeune âge.
Le deuxième volet du problème est son aspect financier. À l’évidence, la généralisation de la gratuité priverait les musées d’une part non négligeable de leurs ressources et aussi d’une émulation salutaire dans la quête des publics. Aujourd’hui, une politique de gratuité générale serait particulièrement inopportune alors que les finances publiques sont dans l’état que l’on sait et qu’il faut faire face à des investissements considérables pour l’aménagement des musées et pour l’enrichissement de leurs collections. Je ne vois pas l’État garantir les ressources complémentaires apportées jusqu’ici par les billets d’entrée. On pourrait donc voir les musées se tourner de plus en plus vers des fonds privés, sous le label à la mode des « partenariats public-privé ». On verrait ainsi l’objectif parfaitement juste de démocratisation emprunter paradoxalement une voie contraire à la responsabilité de l’État et à l’autonomie des politiques publiques de la culture.

Propos recueillis par Sophie Flouquet


« Il faut travailler sur l’attractivité de la visite »
Anne Gombault est chercheure en sciences de gestion et professeure responsable de la chaire « Arts, culture et management en Europe » à Bordeaux-École de Management. Elle a mené plusieurs recherches sur la gratuité des musées (1).

Pensez-vous que la gratuité des musées soit un outil de démocratisation pour l’accès à la culture ?
Pour les publics en général, la gratuité est secondaire dans la décision et la réalisation d’un projet de visite. Ce qui explique qu’à plus ou moins long terme la mesure de gratuité, en tant que telle, n’a pas d’effet sur la composition de la fréquentation. Seule une politique d’accompagnement actif de cette mesure, visant à en faire un outil d’implication dans la visite pour les publics, peut produire des résultats. Il faut donc travailler sur l’attractivité de la visite, sa pertinence, son intérêt pour les publics ; il faut leur donner cette envie de venir et de revenir au musée.
Pour autant, la mesure de gratuité n’est pas neutre sur le comportement des publics : elle dispose d’« un pouvoir métamorphique » sur la pratique de visite de musées, qui s’exerce de trois façons différentes. D’abord, la mesure de gratuité permet de faire penser aux musées ; elle a clairement un effet promotionnel, surtout si elle est bien communiquée. Ensuite, elle améliore l’accessibilité pécuniaire et symbolique des musées pour certains segments de visiteurs, notamment les jeunes. Enfin, pour certains visiteurs également, elle change le processus de décision de visite, lequel apparaît plus simple, fondé sur l’essai et une dimension expérientielle, et en cela, elle lève des barrières psychosociales, qui limitent réellement l’accès au musée.

Tous les établissements peuvent-ils être concernés par ce type de mesure ? Comment la financer ? Les musées ne courent-ils pas là un risque d’appauvrissement de leurs ressources ?
Dans un monde muséal désormais pragmatique, la contradiction apparente entre l’accomplissement de la mission de démocratisation et d’accessibilité du musée d’une part, la nécessité d’assurer son développement voire sa survie économique d’autre part, ne peut plus être pensée comme telle. De nombreux musées dans le monde ont intégré cette dualité, par des réponses variables suivant leurs caractéristiques propres : collections, publics, situation géographique, taille, statut, réputation, etc. De plus en plus autonomes dans leur gestion, ils sont amenés à mettre en œuvre de véritables stratégies de prix, qui répondent efficacement à leurs objectifs, symboliques, politiques et économiques, et dans lesquelles ils font le choix de mesures de gratuité permanente, événementielle ou catégorielle. Le financement de ces mesures de gratuité ne pose pas problème s’il est anticipé et pensé dans un équilibre financier global du musée, incluant le niveau de ses aides publiques et privées, ainsi que le niveau de prix et de développement de son offre périphérique.

Propos recueillis par S. F.

(1) A. Gombault et C. Petr (coordonné par), avec D. Bourgeon-Renault, M. Le Gall-Ely, C. Urbain, La Gratuité des musées et des monuments côté publics. Représentations, projets d’usage et comportements des publics, La Documentation française, « Questions de culture », Département des études de la prospective et des statistiques, 2006, 416 p.
A. Gombault, « L’émergence du prix comme variable stratégique des musées », Les Tarifs de la culture, F. Rouet, (sous la dir. de), La Documentation française, 2002.


« Dégager des moyens pour financer la médiation »
Jean-Pierre Saez est directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, organisme national installé à Grenoble (Isère).

Pensez-vous que la gratuité des musées soit un outil de démocratisation pour l’accès à la culture ?
La gratuité des musées peut permettre un certain élargissement de la fréquentation, ce qui ne signifie pas forcément une diversification de la base sociologique des établissements concernés. Si on se réfère à des expériences en cours ou à des études sur les comportements culturels, c’est une mesure qui pourrait surtout toucher des publics déjà existants, mais appartenant à des catégories sociales intermédiaires et qui, souhaitant augmenter leurs activités culturelles, peuvent être freinées par la question financière. Néanmoins, pour les catégories sociales « éloignées » des institutions culturelles, si ce type de mesure représente une opportunité pour franchir une première fois le seuil des musées, elle ne garantit pas encore de changer les comportements, ce qui veut dire aussi les représentations de soi dans son rapport à ce qui peut être perçu comme la « culture légitime ».

Est-ce suffisant ? Sinon, comment rendre les musées plus accessibles à un public moins élitiste ?
Pour permettre une diversification sensible des publics des musées, la gratuité ne constitue évidemment qu’un point d’appui parmi beaucoup d’autres. Pour être socialement efficace, une telle mesure devrait être accompagnée d’un développement des stratégies de médiation, d’information, de communication et d’éducation artistique, bref, d’une démarche globale prenant en compte tous les éléments sociologiques, psychologiques, éducatifs et économiques qui sont déterminants pour favoriser la familiarité du plus grand nombre avec les institutions culturelles. D’autre part, ce que l’on appelle la démocratisation de la culture dépend également de l’attitude des établissements culturels, c’est-à-dire de leur aptitude à placer tous les publics dans les meilleures conditions d’accueil. Cela exige aussi la poursuite de la réflexion des institutions sur elles-mêmes et des démarches de formation qui concernent toute la chaîne des personnels des établissements culturels.

Tous les établissements peuvent-ils être concernés par cette mesure ?
À l’évidence non, sauf à dégager un accord général, y compris sur la philosophie même de la gratuité, et des lignes budgétaires pour la compenser. Pour une action en profondeur, il s’agit parallèlement de dégager des moyens pour financer la médiation, l’éducation artistique, le travail avec des populations qui demeurent à distance d’une grande partie de l’offre culturelle. Par ailleurs, toute réflexion sur le développement des pratiques culturelles concerne tous les champs, toutes les disciplines, et devrait intégrer fortement la dimension de la création artistique, plus fragile par nature.

Comment financer une telle mesure ? Les musées ne courent-ils pas là un risque d’appauvrissement de leurs ressources ?
Si, pour certains musées, les recettes de billetterie sont marginales, pour d’autres les entrées constituent un apport décisif pour leur fonctionnement. La question qui se poserait dans une perspective de généralisation de la mesure de gratuité serait alors celle-ci : qui la prend en charge ? L’État peut-il s’engager pour les seuls établissements dépendant de sa tutelle, sans tenir compte des nombreux musées liés aux collectivités territoriales ? Poser ce problème, c’est souligner qu’il serait opportun d’envisager un vaste dialogue entre services de l’État, collectivités territoriales et professionnels du champ pour définir des stratégies et des expérimentations concertées. On peut remarquer que le ministère de la Culture a mis en place un dispositif de gratuité sous la forme d’une expérimentation limitée dans le temps et qui concerne un nombre précis d’établissements placés généralement sous sa tutelle. Une évaluation concomitante permettra de tirer les premiers enseignements de cette mesure, mais, à l’évidence, sa mise en œuvre ne saurait se passer d’un plan global de « formation des publics » et de coopération avec l’ensemble des acteurs concernés. Ajoutons que certains musées territoriaux ont déjà mis en place des stratégies de gratuité totale ou limitée (le dimanche par exemple). L’augmentation de la fréquentation qu’ils peuvent constater n’est pas nécessairement spectaculaire, mais c’est un phénomène encourageant. Toutefois, il ne faut pas s’arrêter à ces premiers chiffres et continuer de travailler sur tous les registres de relation à la population et aux publics que l’on vient d’évoquer pour concrétiser les intentions.

Propos recueillis par S. F.


« La barrière monétaire n’est pas le seul obstacle »
Jean-Michel Tobelem a dirigé la publication de La Culture mise à prix. La tarification dans les sites culturels (éd. L’Harmattan, 2005). Docteur en gestion et spécialiste du monde des musées, il anime le cabinet conseil Option Culture, organisme d’étude et de recherche dans le domaine de l’ingénierie culturelle et touristique.

Pensez-vous que l’instauration de la gratuité des musées soit un outil de démocratisation pour l’accès à la culture ?
Oui, je le pense sur le plan des principes. J’estime que la gratuité est le système qui garantit une utilité sociale maximale des musées. Il suffit de faire une comparaison avec le système des bibliothèques. Les médiathèques sont libres d’accès et personne n’imaginerait aujourd’hui remettre en cause ce principe qui constitue le socle d’une politique culturelle de la lecture publique. Pourquoi considérer que les musées, qui relèvent aussi d’une mission éducative, ne puissent pas être gratuits ? Pour promouvoir cette mission fondamentale des musées, la gratuité d’entrée est ainsi le meilleur des systèmes. La gratuité ciblée ne peut être qu’un pis-aller.

Cette mesure est-elle suffisante ?
La barrière monétaire n’est pas le seul obstacle et la gratuité ne peut être qu’un outil parmi d’autres. Il existe d’autres handicaps, notamment celui du manque d’intérêt. Chacun sait que le vrai levier est éducatif, que seule une formation en histoire de l’art peut susciter un appétit pour les musées. Or, aujourd’hui, celle-ci est essentiellement transmise par la famille ou liée au niveau d’éducation. Toute la population n’est donc pas concernée. Mais développer cette initiation va prendre du temps, il faut donc quand même faire quelque chose en attendant. Par ailleurs, cette mesure va attirer certaines personnes peu familières des musées. Il faut donc s’y préparer, repenser la visite et l’accueil du public, rendre les musées plus attractifs et maintenir cette attractivité dans la durée. Ce point devrait d’ailleurs être pris en compte en tout état de cause, même si la gratuité n’était pas instaurée.

Les musées ne courent-ils pas là un risque d’appauvrissement de leurs ressources ?
La finalité de la gratuité relève d’une politique culturelle. Je ne suis donc pas d’avis que cette fin soit placée au même niveau que les moyens de sa mise en œuvre. La Nation peut très bien faire le choix de rendre ses musées gratuits. Le sacrifice sera finalement peu élevé en regard du gain pour la collectivité. Je n’ignore pas qu’à court terme cela peut générer des difficultés, mais il ne faut pas réfléchir à l’aune des seuls grands musées, dont les ressources dépendent pour une part significative des recettes de billetterie, car il existe très peu de musées dans ce cas en France ! Par ailleurs, l’arbre de la gratuité ne doit pas cacher le problème des hausses tarifaires et de leur effet d’éviction. Nous sommes donc dans un champ de forces très contrastées avec, d’un côté, ceux qui veulent tirer profit des ressources des musées et, de l’autre, ceux qui envisagent la gratuité en termes de politique culturelle. Or cet enjeu de politique culturelle me semble être la priorité. Il ne saurait être réduit aux seules considérations économiques.

Propos recueillis par S. F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : Claude Bertrand, Christophe Girard, Catherine Tasca, Anne Gombault, Jean-Pierre Saez, Jean-Michel Tobelem, La gratuité en question

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