L’esprit du Second Empire

Dispersion de la collection Didier Kahn-Sriber à Paris

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 26 septembre 2003 - 540 mots

La vente de la collection Didier Kahn-Sriber, estimée 1,3 à 2 millions d’euros et orchestrée par la maison Sotheby’s le 2 octobre, mettra en exergue un ensemble de sculptures du XIXe siècle. La vedette en est un buste en marbre du prince impérial Louis-Napoléon par le sculpteur Carpeaux.

 PARIS - Le 2 octobre, Sotheby’s dispersera la collection d’art du XIXe siècle de Didier Kahn-Sriber. Issu de la célèbre famille de collectionneurs, cet amateur d’art habitait jusqu’à récemment un hôtel particulier proche de l’avenue Foch qu’il avait meublé dans un style Second Empire, créant une atmosphère luxueuse et confortable. Opalines, fauteuils profonds et tableautins orientalisants faisaient partie du décor ambiant.
Dans les années 1980, Didier Kahn-Sriber passe ses après-midi à Drouot et son goût pour la collection se développe. Son approche sensuelle de l’art le conduit à la sculpture. “Comme les plantes, les sculptures se caressent”, aime-t-il à dire. Les sculptures formant un intéressant ensemble d’une quarantaine de marbres, terres cuites et bronzes, du romantisme à l’impressionnisme, sont au cœur de la vacation. L’objet phare reste incontestablement un buste en marbre blanc réalisé vers 1865 par Jean-Baptiste Carpeaux et représentant le prince impérial Louis-Napoléon âgé de 8 ans, fils de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie, estimé 150 000 à 200 000 euros. Seules quatre versions de ce buste en marbre, de tailles identiques, sont connues aujourd’hui. Le Musée du Petit Palais en possède un exemplaire ainsi que le Musée national du château de Compiègne. Un troisième, acquis en 1895 chez un antiquaire à Paris, est conservé dans les collections du comte de Roseberry en Écosse. Le buste proposé à la vente a appartenu à la princesse Mathilde, et a été conservé par ses héritiers jusque dans les années 1980. Parmi les autres sculptures présentées, notons : Persée et Pégase, un bronze de 1888 signé Émile Picault et estimé 18 000-28 000 euros ; un Cupidon debout daté de 1875 par Jules Félix Coutan ; un Saint Michel terrassant le dragon de François Léon Sicard et un Buste d’Hélène de 1860 par Jean-Baptiste Clésinger, trois bronzes estimés 15 000 euros chacun.
Si la partie “tableaux et mobilier” de la collection Didier Kahn-Sriber est nettement moins riche, il ne faut pas manquer cependant une fabuleuse peinture de 1847 de Hugues Merle intitulée La Légende des Willis. Cette toile illustre dans l’esprit poétique et romantique qui caractérise l’époque le thème des fantômes de jeunes filles mortes la veille de leurs noces et qui entraînent la nuit tombée dans des rondes mortelles d’imprudents voyageurs. Elle est estimée 40 000 euros tout comme La Toilette de Vénus, un tableau connu de Paul Baudry, classique dans son sujet mais moderne dans son traitement. Pour finir, seul un petit meuble retiendra l’attention : un bonheur du jour en bois d’amboine avec des incrustations de fleurs peintes sur porcelaine qui figura dans la succession de la reine Christine d’Espagne en 1879. Estimé 22 000-30 000 euros, il est l’œuvre de l’ébéniste Tahan, fournisseur de l’empereur Napoléon III, qui se spécialisa dans l’exécution de meubles précieux.

COLLECTION DIDIER KAHN-SRIBER

Vente le 2 octobre, Sotheby’s, galerie Charpentier, 76 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 66, www.sotheby’s.com ; exposition les 26, 27, 29, 30 septembre et 1er octobre 10h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : L’esprit du Second Empire

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque