Et la lumière fut...

Les vitraux du Musée de Cluny vont être restaurés

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 26 septembre 2003 - 589 mots

Riche de 200 panneaux, la collection de vitraux médiévaux du Musée de Cluny, à Paris, fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle campagne de restauration. Programmée de septembre à décembre, celle-ci va permettre aux peintures sur verre de retrouver tout leur éclat.

 PARIS - Le Musée de Cluny peut se targuer de posséder l’une des plus belles collections au monde de vitraux médiévaux, soit 200 panneaux du XIIe au XVIe siècle. Fleuron de cet ensemble, les trente panneaux de la Sainte-Chapelle, déposés au musée au XIXe siècle lors de la restauration de l’édifice voulu par Saint Louis, témoignent des prouesses techniques des maîtres verriers du XIIIe siècle. La collection comprend aussi des commandes royales et princières datant de la période la plus colorée du vitrail (XIIe et XIIIe siècles), un ensemble relatant La Vie de saint Benoît (milieu XIIe s.) originaire de l’abbaye de Saint-Denis, cinq panneaux de la collégiale Saint-Étienne de Troyes (fin du XIIe s.) à la facture particulièrement fine, un ensemble de l’abbaye de Gercy (XIIIe s.), près de Corbeil, qui annonce, par l’allongement des figures et la gestuelle animée, le style de la Sainte-Chapelle, ou encore un panneau du château royal de Rouen (vers 1300) dont la finesse des figures rappelle les enluminures médiévales… En 2000 et 2002, une première convention signée avec la Fondation d’entreprise Gaz de France avait permis de restaurer une centaine de ces vitraux. L’opération se poursuit aujourd’hui avec 34 panneaux supplémentaires : les dernières pièces de la Sainte-Chapelle non restaurées ainsi que –  datant de la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe s.) – des grisailles blanches ornementales, des représentations de figures sous arcades et des portraits de donateurs arborant leurs armoiries familiales.
Après avoir effectué des relevés précis de ces panneaux, les restaurateurs procèdent à un nettoyage méticuleux, pièce par pièce ; plusieurs types de nettoyage peuvent être entrepris sur un même ensemble, selon l’état de chaque verre. Ils utilisent ensuite des colles et résines pour reconstituer certains morceaux d’origine, passer outre certains grugeages (verre coupé au moyen d’une pince), redonner leur sens à des traits de peintures décalés ou déplacés. Pour les panneaux de la Sainte-Chapelle, globalement dans un bon état de conservation, les relevés du milieu du XIXe siècle ont permis de restituer des détails disparus et de réaliser les modifications nécessaires. C’est le cas pour Samson et le lion où, en 1982, un morceau de verre bleu avait été placé au niveau du sol, dans la scène, au lieu du brun pâle initial.

Restituer la transparence
“Les vitraux du Moyen Âge ont été réalisés pour être les plus clairs et les plus lumineux possible. Après leur restauration, ils vont retrouver toute leur transparence passée. Cela risque de surprendre les aficionados de vitraux opaques, marqués par la patine du temps !”, explique Sophie Lagabrielle, conservatrice au musée. La restauration permet aussi d’approfondir l’étude du métier de verrier au Moyen Âge. Certaines techniques, comme l’utilisation du verre pilé pour arrêter la lumière, confirment la sophistication des ateliers ayant travaillé pour la Sainte-Chapelle. Débutée en septembre, l’opération devrait s’achever avant la fin de l’année. Il faudra alors repenser la muséographie de Cluny pour exposer un panel plus large de ces lumineuses peintures sur verre. Le musée pourrait d’ailleurs être amené à s’agrandir dans les années à venir...

Musée national du Moyen Âge – Thermes et hôtel de Cluny, 6 place Paul-Painlevé, 75005 Paris, tél. 01 53 73 78 00, www.musee-moyenage.fr, tlj sauf mardi. À lire : Le Musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny, éditions RMN, 2003, 126 p., 19,50 euros.

"Mémoire du verre"

Copies grandeur nature d’œuvres majeures du XIe au XVIe siècle, six vitraux des cathédrales du Mans, de Sens, Poitiers, Bourges, Chartres et Châteauroux ont élu domicile au Panthéon (jusqu’au 4 janvier 2004, renseignements auprès de Monum, Centre des monuments nationaux, tél. 01 44 61 20 00). Provenant du Musée des monuments français, ces fac-similés furent réalisés de 1939 à 1950, à l’initiative du conservateur Paul Deschamps. Ils reprennent les grands thèmes de l’iconographie médiévale, la crucifixion, le Jugement dernier, la Vierge à l’Enfant, ou encore les rois David et Salomon. Les pièces intégreront en 2005 le Musée d’architecture de la future Cité de l’architecture et du patrimoine à Chaillot.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : Et la lumière fut...

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