Traité de peinture romaine

De Pompéi à Ostie, huit siècles de décor antique

Le Journal des Arts

Le 10 octobre 2003 - 542 mots

Vaste somme sur le sujet, La Peinture romaine publiée chez Actes Sud/Motta brosse un panorama de cet art à la lumière des interprétations et découvertes les plus récentes. Une référence pour les chercheurs comme pour les amateurs.

Afin “d’en finir avec l’idée longtemps dominante que la peinture romaine, dépendant du patrimoine classique grec, en était l’héritière passive sinon déviante”, quatre spécialistes d’archéologie romaine – Ida Baldassare, Angela Pontrandolfo, Agnès Rouveret et Monica Salvadori – livrent aux éditions Actes Sud/Motta un vaste panorama de cet art. Commençant au IVe siècle avant notre ère pour se poursuivre jusqu’au IVe siècle après J.-C., leur ouvrage se fonde sur les recherches et découvertes des dernières décennies – le site de Vergina en Macédoine, la Domus Aurea à Rome, la villa d’Oplontis près de Pompéi… Découpé par grandes périodes chronologiques et sous-ensembles géographiques, il met en lumière l’éclosion puis l’évolution artistique du décor à fresque dans le monde antique. Avec ses tombes ornées de frises complexes ou de savantes compositions, la Macédoine apparaît, dès l’époque d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), “comme la région la plus avancée dans l’élaboration de la recherche picturale grecque”, soulignent les auteurs. En témoigne tout particulièrement la tombe de Perséphone à Vergina (vers 340 av. J.-C.), où perspective, mouvement et procédés techniques des représentations sont maîtrisés. Les fouilles en Italie ont également révélé des programmes décoratifs d’exception, à l’image de celui de la tombe François à Vulci.
Les premiers exemples de peintures pariétales domestiques apparaissent quant à eux dès le Ve siècle av. J.-C., en Grèce puis en Orient et Occident. Reprenant la typologie des quatre styles pompéiens établie par August Mau au XIXe siècle, les auteurs consacrent un chapitre aux “Origines et développement du premier style (IIIe-IIe  siècle av. J.-C.)”, puis à “La décoration pariétale de la fin de la République” (le “deuxième style”), qui voit apparaître la peinture de paysage (Boscoreale et Oplontis). Celle-ci atteindra son apogée à l’époque d’Auguste (63 av. J.-C.-14 ap. J.-C.), comme en attestent les remarquables peintures mises au jour dans la villa de Livie à Prima Porta ou dans la maison du Verger à Pompéi. Beaucoup plus variée, la peinture sous le règne de Néron (54-68) et des Flaviens (69-96) est marquée par le développement de la nature morte, du paysage imaginaire, du portrait et de la scène de genre. Jusque-là réservée à une élite, la décoration picturale gagne au cours du IIe siècle ap. J.-C. des demeures plus modestes, générant des “formes de synthèse abâtardies” puis, vers la fin du siècle, “un langage diversifié et original”. Consacrée à “L’art décoratif de la fin de l’Empire (IIIe-IVe siècles ap. J.-C.)”, la dernière partie du livre met en exergue le développement d’un langage pictural régionalisé à la faveur de l’affaiblissement du pouvoir central.
D’une grande rigueur scientifique malgré quelques approximations dans la traduction, ce volume s’impose comme l’ouvrage de référence sur la peinture romaine. Ses analyses détaillées et renouvelées des vestiges parvenus jusqu’à nous, ainsi que son iconographie riche et parfois inédite, permettent de porter un regard neuf sur un univers pictural à la fois complexe et fascinant.

Ida Baldassare, Angela Pontrandolfo, Agnès Rouveret et Monica Salvadori, La Peinture romaine, éd. Actes Sud/Motta, 400 p., 250 ill., 130 euros jusqu’au 31 décembre, 140 euros après. ISBN 2-7427-9262-4

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°178 du 10 octobre 2003, avec le titre suivant : Traité de peinture romaine

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