Artistes et migration

Le Kunstmuseum Liechtenstein aborde cette question sensible

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 10 octobre 2003 - 348 mots

À travers une cinquantaine d’œuvres des années 1960 à nos jours, le Kunstmuseum Liechtenstein, à Vaduz, explore la question épineuse de la migration. Dans le contexte général de la globalisation, l’exposition offre une approche théorique bienvenue sur l’une des questions les plus sensibles de ce début de siècle.

 VADUZ - La migration – et ses corollaires, l’immigration et l’émigration – représentent aujourd’hui des enjeux majeurs aux niveaux social, économique et politique, tant dans les sociétés occidentales que pour les pays en voie de développement. Aussi le fait d’organiser une exposition sur ce thème au Liechtenstein, un paradis fiscal qui n’a pas la réputation d’être particulièrement ouvert à “l’étranger”, revêt-il un relief particulier. Ses commissaires, Friedemann Malsch et Christiane Meyer-Stoll, ont tourné le dos à une approche purement illustrative pour s’appuyer sur des hypothèses théoriques formulées dès les années 1960 et 1970. À l’époque, il n’était bien sûr pas encore question de mondialisation, mais les artistes s’intéressaient déjà aux notions de territoire. L’exposition comprend ainsi de nombreuses cartes réalisées en 1970 par l’artiste Fluxus George Brecht ou le Guide psychogéographique de Paris, imaginé en 1957 par Guy Debord. Reliant des quartiers de Paris par un système de flèches, cette carte est sobrement sous-titrée “Discours sur les passions de l’amour”. Autre cartographe, Alighiero Boetti est ici présent au travers de deux Mappa, ces cartes du monde tissées en Afghanistan. Au projet utopique de la Nouvelle Babylone de Constant, répond la luge de Joseph Beuys entendue ici comme kit de survie du migrant. Le contrepoint actuel en serait le camion rempli de sacs de tissus de Kim Soo-Ja, pièce emblématique des réflexions des années 1990 centrées autour de la question du nomadisme. Dans un ensemble extrêmement cérébral, seule la mise en scène théâtrale de l’Islandais Olafur Gislason interpelle directement le visiteur. Se fondant sur des témoignages recueillis auprès des habitants du Liechtenstein, l’artiste livre une œuvre particulièrement critique intitulée non sans malice Global marriages.

MIGRATION

Jusqu’au 2 novembre, Kunstmuseum Liechtenstein, Städtle 32, Vaduz, Liechtenstein, tél. 423 235 03 00, tlj sauf lundi 10h-17h, jeudi 10h-20h, www.kunstmuseum.li ; catalogue, 256 p., 48 francs suisses.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°178 du 10 octobre 2003, avec le titre suivant : Artistes et migration

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