Galerie

Toyen colle et décolle

Des œuvres de l’artiste tchèque inédites sur le marché sont exposées à Paris

Par Valentine Buvat · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 2003 - 493 mots

PARIS

La galerie Le Minotaure, à Paris, expose jusqu’au 15 novembre trente-huit planches de collages de Toyen (1902-1980). Réalisées en France dans les années 1960 et 1970, ces pièces provenant directement de la succession de l’artiste sont inédites sur le marché.

PARIS - La galerie Le Minotaure, à Paris, est d’ordinaire plutôt spécialisée dans les années 1910 et 1920 et présente généralement les avant-gardes russes et des pays de l’Est. Ayant pu réunir un nombre de pièces important de Toyen, le galeriste Benoît Sapiro a saisi l’occasion d’accrocher sur ses murs des œuvres de la peintre surréaliste tchèque. La totalité des trente-huit collages doubles faces qui composent cet ensemble provient de la succession de l’artiste et en porte le cachet. Les planches sont proposées aux alentours de 5 500 euros pièce.

Née en 1902 à Prague, Marie Cerminova entre à 16 ans à l’école des arts décoratifs de sa ville natale. Elle fréquente les milieux anarchistes et abandonne son nom pour le pseudonyme de “Toyen”. Très liée aux avant-gardes artistiques, elle rencontre en 1922 Jindrich Styrsky, qui restera son compagnon jusqu’en 1942. Elle voyage avec lui à Paris dans la deuxième moitié des années 1920, et commence à s’intéresser à une poétique “semi-abstraite”. En 1934, elle fait partie des membres fondateurs du petit groupe surréaliste tchèque. Après la Seconde Guerre mondiale et plusieurs années passées dans la plus totale clandestinité, Toyen décide en 1947 de s’installer à Paris où elle est accueillie par le groupe surréaliste. Elle termine ses jours en France où elle décède en 1980.

Toyen est connue pour ses toiles poétiques et empreintes de mystère. Les collages réunis dans cette exposition n’auraient été présentés que lors de deux rétrospectives de musées, à la galerie de la Ville de Prague en 2000 et au Musée d’art moderne de Saint-Étienne en 2002. Réalisées après 1960, ces planches peuvent être regroupées en deux catégories : les assemblages par sujet, qui associent diverses images autour d’un thème précis, tel que les chauves-souris ou les chats, et ont une fonction indubitablement documentaire, et les “véritables” collages. Cette seconde catégorie est plus importante ; les planches y sont composées de motifs disparates dont la juxtaposition est souvent inattendue. On y trouve des images anciennes et récentes de costumes et de modes, des figures animalières, des vues d’éclairs, de mobilier… À la mort de l’artiste, une importante masse documentaire, comprenant des manuels scolaires, des anciens atlas, des livres de botanique et de zoologie, mais aussi des magazines de mode, fut retrouvée dans son atelier. L’artiste y relevait des sujets qu’elle découpait et collait sur des planches doubles faces, créant un support pour son imaginaire. Toyen n’a jamais exposé ces répertoires de motifs de son vivant. Il est ainsi difficile de présager de la valeur artistique qu’elle pouvait accorder à ces collages.

L’UNIVERS DE TOYEN

Jusqu’au 15 novembre, galerie Le Minotaure, 2 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, tél. 01 43 54 62 93, du mardi au samedi 11h-13h, 14h-19h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°179 du 24 octobre 2003, avec le titre suivant : Toyen colle et décolle

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