Sornay, la vente test

150 meubles du créateur dispersés à Lyon

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 2003 - 665 mots

La succession d’un amateur lyonnais féru du mobilier Art déco d’André Sornay, comprenant 150 pièces, est vendue aux enchères publiques à Lyon le 5 novembre sous le marteau d’Antoine Bérard, de la SVV Chenu-Scrive-Bérard. Cette vacation retraçant trente ans de créations devrait permettre de réactualiser la cote du précurseur du modernisme à Lyon.

 LYON - “On n’a jamais vu autant de pièces de Sornay, et on n’en verra probablement jamais autant”, rapporte Antoine Bérard, qui a, à son actif, plusieurs ventes de contenus d’appartements bourgeois lyonnais entièrement meublés par André Sornay (1902-2000). Le commissaire-priseur lyonnais dispersera le 5 novembre à l’hôtel des ventes de Lyon la collection de Philippe Vacher, un grand amateur de Sornay qui a commencé à chiner des pièces dès les années 1970. “C’était avant que le grand public ne s’intéresse au créateur. À l’époque, cela ne valait pas grand-chose. Pour 350 euros actuels, vous aviez une salle à manger”, poursuit le commissaire-priseur. Le collectionneur, aujourd’hui décédé, voulait consacrer une rétrospective et un ouvrage au designer Art déco resté dans l’ombre. Ceui-ci ayant été redécouvert il y a quelques années, c’est à la lumière d’un œuvre désormais connu et à la cote ascendante que les héritiers de Philippe Vacher cèdent quelque 150 pièces, stockées dans un entrepôt depuis de nombreuses années, et regroupées ici en 75 lots.
La collection recense du mobilier des années 1920 aux années 1950 : lits, commodes, bahuts, armoires, bureaux, consoles, chaises, fauteuils, canapés, salles à manger, corbeilles à papier, tables d’appoint, tables de fumeur, appliques, porte-parapluies, cache radiateurs… “La majorité des pièces datent des années 1930-1940”, précise néanmoins l’expert lyonnais Thierry Roche, également auteur d’une monographie sur Sornay. Les estimations, volontairement très faibles, seront un bon moyen de tester le marché. Les professionnels devraient être les principaux mobilisés, car les meubles sont restés dans leur jus, c’est-à-dire dans leur état d’origine, ni restaurés, ni revernis. Or les particuliers, qui aiment généralement acquérir des meubles “prêts à vivre”, ne se risquent guère à enchérir sur une telle marchandise. “Le public lyonnais est assez frileux sur Sornay, observe Antoine Bérard. Il a vécu dedans pendant trop longtemps. Il faudra attendre une génération pour qu’il s’y intéresse de nouveau… mais cela ne vaudra plus le même prix !” Malgré une cote de plus en plus soutenue pour le créateur, le commissaire-priseur ne se fait pas d’illusion sur l’avenir de sa “cargaison” de Sornay, vu la quantité de pièces de qualité hétérogène dispersées d’un coup. “Le marché va trier le bon grain de l’ivraie et il y aura sans doute des laissés-pour-compte.” Quelques pièces marquées par le fameux cloutage, véritable signature de Sornay, dont la finalité pratique (tenir le placage) s’efface derrière l’effet esthétique, figureront certainement en haut du palmarès à l’exemple d’une salle à manger en palissandre clouté comprenant : une table rectangulaire reposant sur deux caissons horizontaux évidés à piétement en “H” étiré, un long meuble à hauteur d’appui, quatre chaises, quatre fauteuils et un tabouret de même structure, le tout estimé 22 000-30 000 euros. Sont également attendus une chambre à coucher en érable et noyer foncé, et, comme l’indique l’expert, “cinq pièces les plus représentatives de son œuvre”, à savoir une commode, un lit, une psyché, un fauteuil et un siège pour une estimation globale de 10 000 euros, ainsi que plusieurs paires de fauteuils modernistes autour de 5 000 euros. Reste à savoir quel sort les amateurs vont réserver aux productions plutôt atypiques de Sornay tels les quelques lots en bois laqué vert ou rose : tablette de fumeur à deux plateaux, console, paire de fauteuils et table à jeu, estimées entre 2 000 et 6 000 euros pièce. “Cela sera la surprise, note Antoine Bérard. C’est moins commercial, mais...”

ART NOUVEAU-ART DÉCO

Vente les 4 et 5 novembre, SVV Chenu, Scrive et Bérard, 6 rue Marcel-Rivière, 69002 Lyon, tél. 04 72 77 78 01 ; exposition : le 2 nov. 15h-18h, le 3 nov. 10h-12h et 14h-19h, le 4 nov. 10h-15h et le 5 nov. 9h-12h. www.chenu-scrive.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°179 du 24 octobre 2003, avec le titre suivant : Sornay, la vente test

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