Questions de génération

Premières Journées professionnelles des FRAC

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 2003 - 616 mots

À l’occasion de leurs 20 ans, les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) ont réuni leurs équipes et présidents, ainsi que des artistes, des élus et des représentants du ministère de la Culture, pour des Journées professionnelles à Sélestat (Bas-Rhin). Ces rencontres ont permis de faire émerger quelques-uns des enjeux et des problématiques cristallisés par ces structures, prises dans la politique de décentralisation du gouvernement.

 SÉLESTAT. Les FRAC ont eu officiellement 20 ans. Cet été, l’anniversaire a été l’occasion d’expositions dans plusieurs villes, et, les 3 et 4 octobre, l’Association nationale des directeurs de FRAC (ANDF) a donné rendez-vous aux différents acteurs de ces institutions : équipes, artistes, représentants de l’État et élus locaux. Les relations entre FRAC et artistes, tout comme les enjeux de la médiation envers les publics, comptaient parmi les thèmes choisis pour les tables rondes, mais c’est avant tout sur l’avenir politique et statutaire des FRAC que se sont cristallisées nombre d’interventions. Construits sur le principe d’une parité de financement entre Région et État, les FRAC se retrouvent actuellement pris dans la politique de décentralisation du gouvernement, assistant à la remise en cause de leur équilibre fondateur au profit des Régions. Affichée par l’État comme une garantie de pérennité (notamment concernant les collections) de structures reposant dans leur grande majorité sur un statut associatif, l’adoption par les FRAC du statut d’établissement public de coopération culturelle (ÉPCC) entraînerait à terme la transformation des FRAC en services régionaux. Dans cette perspective d’établissements publics à caractère administratif, les personnels deviendraient, eux, titulaires de la fonction publique, là où les termes des contrats des directeurs restent à fixer. “Ce nouveau statut risque de faire perdre aux FRAC leur souplesse et réactivité”, note Katia Baudin, directrice du FRAC Nord-Pas-de-Calais et présidente de l’ANDF, qui vient de se voir remettre une étude sur le sujet. “Il y a aujourd’hui beaucoup de réticence quant à ce changement. Il est intéressant de noter qu’aucun FRAC ne s’est encore engagé sur cette voie.” La place moindre laissée à l’État dans ces nouveaux montages n’est sans doute pas sans provoquer non plus quelques inquiétudes, et les présidents de FRAC se sont également montrés circonspects quant au passage à l’ÉPCC. “Nous ne sommes pas dans une situation de crise, a tenu à rappeler pour sa part Martin Bethenod, délégué aux Arts plastiques. Nous pouvons donc nous laisser le temps sur ces modifications.”
Son engagement, l’État l’a signalé récemment par la poursuite du programme des “FRAC de deuxième génération”, lequel, d’ici à 2008, représentera un investissement de 15 millions d’euros. Après le FRAC Pays de la Loire et le FRAC Lorraine, dont l’inauguration est prévue pour le début 2004, ce sont donc les FRAC Bretagne, Centre, Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne et Poitou-Charentes qui bénéficieront dans les années à venir de nouvelles infrastructures, répondant aux missions de diffusion et de conservation propres à des établissements désormais à la tête d’un patrimoine historique. Mais parallèlement à l’équipement se pose la question des moyens de fonctionnement octroyés à ces lieux, comme de la demande de formation de leurs équipes. “Notre avenir ne passe pas uniquement par l’État ou les Régions, observe Katia Baudin. Les collectivités territoriales et agglomérations qui accueillent les FRAC sont aussi souvent des partenaires, conscients de l’intérêt pour eux de nos activités.” Si, vingt ans après, l’heure est à l’apaisement des polémiques autour des FRAC, l’ensemble des acteurs appellent à la prudence. Président du FRAC Centre et conseiller régional, François Bordry regrette ainsi le “manque de médiation envers les élus et, à ce sujet, le rendez-vous manqué qu’ont été les 20 ans des FRAC”, relayé en cela par Jacques Rigaud, président du FRAC Aquitaine, soulignant que “l’adhésion des élus doit faire l’objet d’une attention continue”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°179 du 24 octobre 2003, avec le titre suivant : Questions de génération

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