Une FIAC trop vite enterrée

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 2003 - 465 mots

Décriée, enterrée avant l’heure, la 30e édition de la FIAC, qui s’est déroulée
du 9 au 13 octobre, annonçait le pire. Le pire ne s’est pas produit. On imaginait un Cofiac – son comité de sélection – en miettes, une querelle plus acerbe entre anciens et modernes, un hiatus abyssal entre les souhaits des galeries et les intérêts de Reed Expositions France, son organisateur. Si la foire s’est globalement déroulée dans un bon esprit, son avenir reste pour le moment indéterminé.

 PARIS - Après six ans d’une présidence controversée du Cofiac, Yvon Lambert a jeté l’éponge… sans se trouver de successeur. Lors de la réunion des membres du comité le 13 octobre, il a souligné d’entrée de jeu l’inutilité d’un président – “il n’y en a plus nulle part !” – et proposé une option collégiale. Ce qui fait du galeriste un président “historique”, puisque le dernier. Après le départ du Belge Rodolphe Janssen en mars, la démission récente d’Emmanuel Perrotin et aujourd’hui une vacance de présidence, le Cofiac n’a pourtant pas explosé. Pas de bouleversement, si ce n’est une réduction du nombre de ses membres, qui passent de 16 à 8. Une décision salutaire, tant le Cofiac semblait atteint du syndrome de l’armée mexicaine ! Foin des querelles entre anciens et modernes, le Cofiac allégé se veut consensuel. D’ailleurs, ses porte-parole ne sont autres que les deux anciens candidats pour la présidence, Marcel Fleiss et Anne de Villepoix. Mais, à l’image de la FIAC, le comité pèche par une faible représentativité étrangère, avec seulement trois étrangers (Ursula Krizinger, Jill Silverman et Alfonso Artiaco) sur huit. Un petit impair lorsqu’on affiche des velléités d’internationalisation.
Mais qu’augure donc ce Cofiac sans chef ? Au détour des griefs habituels à l’attention de Reed, Marcel Fleiss avance des suggestions intéressantes, notamment une idée formulée par le galeriste Daniel Malingue. Celui-ci imaginait réunir dans une exposition des œuvres issues des collections des grands marchands comme Ernst Beyeler et Bill Acquavella. Pourquoi pas à la FIAC ? De son côté, Anne de Villepoix insiste sur une synergie avec les événements parisiens, notamment les défilés de mode. C’est que la FIAC manque cruellement d’animations. Une implication plus grande des institutions, avec des vernissages concomitants, serait aussi la bienvenue. Mais avant toute chose, le Cofiac réclame un directeur artistique, sans pour autant faire de proposition “collégiale”. “Le Cofiac doit faire des propositions globales. Je ne veux pas choisir à la va-vite un directeur pour le changer au bout de deux mois”, insiste Jean-Daniel Compain, directeur général du pôle Culture et loisirs de Reed. Sans se regarder totalement en chien de faïence, Reed et le Cofiac s’en tiennent à des plaidoyers pro domo. À la veille de l’ouverture de Frieze, n’aurait-il pas été judicieux d’annoncer des orientations concrètes pour les années futures ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°179 du 24 octobre 2003, avec le titre suivant : Une FIAC trop vite enterrée

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