Foire

« Cutting-edge et sophistiquées »

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2007 - 670 mots

La nouvelle direction d’Artissima promet de redynamiser l’événement qui se tient à Turin du 9 au 11 novembre.

 TURIN - Avant qu’Art Basel ne désigne Cay Sophie Rabinovitz, transfuge de la revue Parkett, comme directrice artistique, Artissima avait pris les devants en recrutant l’éditeur américain de la revue Flash Art, Andrea Bellini. L’arrivée de curateurs et de critiques d’art aux commandes des foires d’art contemporain changera-t-elle le profil de ces plates-formes marchandes ? Certains l’espèrent. « Cette année ne sera pas l’année de la révolution, mais d’un grand pas en avant », affirme Olivier Antoine, directeur de la galerie Art : Concept (Paris) et membre du comité de sélection d’Artissima.
Le salon revient de loin car la dernière édition dirigée par Roberto Casiraghi avait laissé un terrible goût de fin de règne, entre mollesse et aigreur. Andrea Bellini entend bien secouer le cocotier. « Il est possible de transformer une foire en événement culturel, assure-t-il. Je veux utiliser mon réseau pour créer un observatoire pour l’art contemporain, un point de rencontre pour les jeunes curateurs. Je souhaite qu’Artissima devienne un lieu de qualité, emblématique du Zeitgeist [l’air du temps], que ce ne soit pas juste un événement sur trois jours, mais un festival sur toute l’année. » Bellini avait même lancé à la Stampa « mon Artissima sera un happening ! » Un happening qui a suscité quelques émois dans les rangs italiens avec des coupes sèches, réduisant le nombre d’exposants de 172 à 131. Le nouveau maître d’œuvre entend poursuivre ce toilettage en supprimant une quinzaine de stands l’an prochain. Bellini a toutefois conservé l’architecture du salon, partagé entre le programme général et les sections Constellation composée de dix œuvres mises en espace par Marc-Olivier Wahler et Daniel Birnbaum ; Present Future présentant une œuvre de quinze jeunes artistes parmi lesquels Michael S. Riedel et Jamie Shovlin ; et enfin New Entries pour les jeunes galeries prometteuses comme Elaine Levy Project (Bruxelles). Pour qu’une foire se mue en festival, encore faut-il que ses financeurs, à savoir la région piémontaise et la municipalité turinoise, y injectent davantage de fonds. « Je veux montrer déjà que je peux faire quelque chose avec un budget mince. Quand le maire s’en rendra compte, il investira plus d’argent », espère Bellini.
Reste à la foire à se trouver un positionnement clair face à Frieze, à Londres, et Art Forum Berlin. « Londres n’est pas un modèle que je souhaite dupliquer et Art Forum n’est pas aussi cutting-edge [à la pointe de l’avant-garde] et sophistiqué qu’Artissima », indique Bellini. Le prêche porte déjà ses fruits puisque plusieurs galeries new-yorkaises branchées ont répondu présentes à l’image de Reena Spaulings, Canada, John Connelly Presents, Bortolami ou Foxy Production. Côté français, le contingent reste plus ou moins inchangé, avec l’arrivée toutefois notable d’Emmanuel Perrotin (Paris). Fort du succès observé l’an dernier, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris) revient avec un parti pris caustique. Les Art works scaled according to their market value d’Olav Westphalen donneront ainsi le change au diaporama de Boris Achour baptisé Les Femmes riches sont belles. Art : Concept déploie de son côté des œuvres de grande taille de Vidya Gastaldon, Pietro Roccasalva et Jeremy Deller. Pour accroître le nombre d’exposants étrangers, une carotte de la Fondazione Torino Musei, qui achète des œuvres sur la foire, serait la bienvenue. « Il faudrait que la fondation achète davantage aux galeries étrangères qui habituellement rament pour vendre. Mais au final, elle fait ses achats toujours chez les mêmes marchands italiens, grince Claudia Cargnel de la galerie Cosmic (Paris). C’est une politique crétine car à Artissima on voit des jeunes artistes internationaux sur le point d’exploser et que la fondation pourrait acquérir à moindre prix. »
La gageure sera enfin de convaincre les collectionneurs italiens, lesquels soutiennent plutôt la Foire de Bologne. Claudia Cargnel sort un argument qui pourrait les décider : « Une pièce d’un artiste “tendance” reste disponible trois jours sur Artissima, alors qu’elle est vendue dès la première demi-heure à Frieze (Londres). C’est une chance unique pour les collectionneurs et les institutions. » À bon entendeur ?

Artissima

9-11 novembre, Lingotto Fiere, Via Nizza 280, Turin, www.artissima.it, tlj 11h-20h.

Artissima

- Directeur : Andrea Bellini - Nombre d’exposants : 131 - Tarif des stands : 200 euros le m2 pour secteur général ; 150 euros le m2 pour Present Future et New Entries - Nombre de visiteurs en 2006 : 35 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°268 du 2 novembre 2007, avec le titre suivant : « Cutting-edge et sophistiquées »

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