Justice

Knoedler & Company attaqué

Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 515 mots

Après la restitution à l’Italie d’un tableau d’une valeur de 3 millions de dollars, le Springfield Museum attaque le marchand new-yorkais.

SPRINGFIELD, MASSACHUSSETS - L’Association de la bibliothèque et du musée de Springfield attaque le marchand d’art new-yorkais Knoedler en justice. En juin 2001, le Springfield Museum a dû restituer à l’Italie l’huile sur toile Semailles de printemps (1567), signée Jacopo Da Ponte (Il Bassano), acquise chez Knoedler en 1955 pour la « modique » somme de 5 000 dollars. D’une valeur actuelle de 3 millions de dollars (2,55 millions d’euros), l’œuvre avait en réalité été spoliée pendant la Seconde Guerre mondiale. Semailles de printemps était alors prêtée par le Musée des Offices de Florence à l’ambassade d’Italie de Varsovie.
Ronald D. Spencer, l’avocat de Knoedler, reste confiant : « La requête du Springfield Museum est sans fondement et nous sommes certains que le tribunal partagera notre avis. » La plainte, enregistrée auprès de la Cour supérieure du Massachusetts, se réfère à l’acte de vente signé par le marchand et le musée le 25 avril 1955. Selon cet accord, Knoedler déclarait être le « propriétaire légal » du tableau, et l’œuvre « libre de toute entrave ». Le texte mentionnait également que le marchand était « en droit de vendre » le tableau et qu’il « garantira[it] et défendra[it] ce droit face à quiconque adresserait des réclamations ou des requêtes légales. »

Un titre légal non vérifié
Ainsi, Knoedler est mis en accusation pour ne pas s’être assuré de son titre légal de propriété et ne pas avoir défendu les intérêts du musée face aux réclamations du gouvernement italien. Selon le musée, Knoedler avait garanti son droit de vente tout comme la provenance du tableau. En effet, le contrat de vente stipule que l’œuvre « provient de Mme Paech, membre d’une famille suisse propriétaire du tableau pendant de nombreuses années ». L’œuvre aurait été vendue à Knoedler par l’intermédiaire d’une galerie suisse, Lucerne Fine Art Co.

Deuxième plainte
Mais, en octobre 2000, le gouvernement italien a fourni au musée une documentation prouvant le vol du tableau. Après le retour de Semailles du printemps en Italie en décembre 2001, le Musée des Offices a généreusement prêté au Springfield Museum une œuvre du même artiste, Les Deux Chiens de chasse. Par la suite, le musée américain a fait, sans succès, une demande de compensation financière à Knoedler. Aujourd’hui, outre la rupture de contrat, le musée accuse le marchand de fraude, d’escroquerie et de violation de la loi de l’État du Massachusetts protégeant les consommateurs des pratiques malhonnêtes.
Cette plainte réclamant une compensation financière pour une œuvre d’art – vendue après la Seconde Guerre mondiale et restituée à son légitime propriétaire – est la deuxième enregistrée à l’encontre de Knoedler. Il y a quelques années, le Seattle Art Museum (SAM) avait attaqué le marchand en justice au sujet d’un tableau d’Henri Matisse, Odalisque, que le musée avait dû restituer à la famille du marchand d’art français Paul Rosenberg, volé par les nazis. Ce tableau était un don émanant de mécènes de Seattle qui l’avaient acquis auprès de Knoedler en 1954.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Knoedler & Company attaqué

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque