Passion collection

Les pots de pharmacie

Par Jean Bedel · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 449 mots

Les pots de pharmacie, quelle que soit leur diversité, restent unis dans la même famille, par leur fonction.

Grâce aux compositions que les pots de pharmacie recèlent dans leur robe de céramique, ils sont destinés à soulager, voire à guérir, les souffrances humaines. Les collectionneurs s’intéressent eux à la beauté de leur décor.

Les apothicaires, jadis confondus avec les herboristes ou les épiciers, voire les charlatans, ont dû attendre jusqu’au XVIIe siècle pour qu’un édit de Louis XIV reconnaisse leur corporation. Et la chevrette, cette cruche à bec verseur, emblème de leur profession, fut interdite à la devanture des simples marchands. D’origine orientale, les majoliques ont voyagé  d’Espagne en Italie, exportées par les navigateurs en passant par l’île de Majorque. D’où leur nom. Les types les plus courants sont les « albarelli », récipients cylindriques à flancs légèrement concaves, les pots « canons » de forme droite à large ouverture, les « chevrettes » à bec plus ou moins long, les « bouteilles » à panse plate ou arrondie, et les « piluliers » de petite contenance, avec ou sans couvercle. Enfin, les urnes à « thériaque », souvent mises « en monstre » – en exposition –, ont parfois des anses torsadées en forme de serpents ; elles sont censées contenir une panacée capable de tout guérir. Les fabriques italiennes les plus réputées sont Faenza, Deruta, Casteldurante, Asteldurante, Castelli, Urbino.

En France, dès le XVIe siècle, les grandes faïenceries ont produit des pièces à décors remarquables, notamment à Rouen, Nîmes, Montpellier, ainsi qu’à Nevers et Lyon. Puis Marseille et Moustiers ont donné les décors polychromes très appréciés. Les critères de valeur des pots de pharmacie sont liés à l’ancienneté, à la beauté des décors, au graphisme des inscriptions, à la taille et à l’état de conservation. Les ventes de grandes collections (Robert Montagut en 1992, Louis Cotinat en 1997, Louis Lafond en 2002) stimulent les prix. Une urne provenant de Castelli vers 1540, à décor polychrome entourant un buste d’homme, a atteint 60 000 euros à la vente de Me Briest, le 4 juin 2002. Les chevrettes et les pots canons de Moustiers à décor de fleurs valent de 6 000 à 10 000 euros. Les pots les plus courants de Lyon, Montpellier ou Rouen s’échelonnent de 800 à 2 000 euros. Les piluliers sont accessibles de 300 à 700 euros.

A voir : les apothicaireries et Hôtels-Dieu de Beaune, Bourg-en-Bresse, Louans, Mâcon, Tournus, riches de modèles en tout genre et de toutes provenances.
Bonnes adresses : Béalu, 169 bd Saint-Germain, 75005 Paris ; Bonnin, 52 bd Mistral, 34500 Béziers ; Lefebvre, 24 rue du Bac, 75007 Paris ; J. G. Peyre, 17 rue du Bac, 75007 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Les pots de pharmacie

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