Art Cologne

En attendant 2004

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 544 mots

La foire souffre du même syndrome que la FIAC : trop nationale, belle mais pas séduisante.

 COLOGNE - La forte récession économique qui frappe l’Allemagne n’a pas eu raison de la largesse des collectionneurs rhénans lors de la foire Art Cologne, qui s’est tenue du 29 octobre au 2 novembre. De nombreuses enseignes modernes et contemporaines classiques n’ont d’ailleurs pas hésité à sortir l’artillerie lourde. Les grandes installations se déployaient à cœur joie. Chez Schönewald (Xanten), une très belle pièce de Mario Merz de 1981, présentée pour 155 000 euros, côtoyait un ongle en verre posé sur un tronc d’arbre de Penone (68 000 euros). Hans Mayer (Düsseldorf) arborait une œuvre spectaculaire de Paolini pour 180 000 euros. Le New-Yorkais Maxwell Davidson affichait un des fameux Great American Nude de Tom Wesselmann pour 1,5 million de dollars (1,3 million d’euros). On remarquait aussi chez Christa Schübbe (Mettmann) un rare ensemble d’œuvres du groupe Spür, pendant germanique de Cobra, proposées entre 32 000 et 250 000 euros. L’amateur des artistes plébiscités par le Kunst Kompass restait toutefois sur sa faim. De Sigmar Polke figuraient plutôt des sérigraphies répétitives ou des dessins éculés, de Gerhard Richter seulement quelques minuscules aquarelles. Côté contemporain, le constat est mitigé. La section des jeunes artistes n’était pas passionnante malgré le succès de Gibbs chez Benden & Klimczak (Viersen), et le secteur des sculptures passablement ennuyeux.

Foire tranquille
Apparemment molles les deux premiers jours, les ventes se sont accélérées à partir du week-end. Les pièces onéreuses ont tiré leur épingle du jeu tels deux tableaux de Schmidt-Rottluff et de Klee vendus chacun pour 2 millions d’euros chez Utermann (Dortmund), une œuvre de Barceló cédée 350 000 euros par Stefan Röpke (Cologne) ou encore un bel Asger Jorn décroché pour 810 000 euros chez Faurschou (Copenhague). Les galeries contemporaines s’estiment aussi satisfaites. Particulièrement actif, le MoMA de New York a jeté son dévolu sur une dizaine de pièces de Norbert Bisky chez Michael Schultz (Berlin). Chaperonnée par le collectionneur Johannes Becker, la galerie parisienne Loevenbruck a séduit les amateurs locaux. L’enthousiasme a même gagné les galeries « périphériques » reléguées dans les recoins du niveau inférieur.
Malgré sa réussite commerciale, la foire reste tranquille. Pour lui redonner de l’éclat, son nouveau directeur, Gérard Goodrow, mise sur davantage d’événements. Il projette pour la prochaine édition une exposition d’œuvres issues des réserves d’un musée dont il tait encore le nom, des visites de collections privées et d’ateliers d’artistes. Il veut surtout drainer 30 nouvelles galeries à majorité européennes pour rehausser le niveau. « Faire venir des galeries internationales, cela ne signifie pas seulement des galeries américaines. J’aimerais aussi m’assurer que les galeries présentes aujourd’hui apportent ce qu’elles ont de meilleur. Je souhaite améliorer le niveau, mais qu’il n’y ait pas moins de 40 % de galeries allemandes », défend Gérard Goodrow. Une fermeté qui s’explique aussi par la difficulté d’exclure certaines enseignes germaniques. En vertu d’une subtilité juridique, les galeries expulsées peuvent intenter un procès à la foire, ce qu’elles n’ont pas manqué de faire à une quinzaine de reprises.
Quoi qu’il en soit, Art Cologne entend gagner la bataille pour le second rang dans la hiérarchie des foires européennes. Art Basel incarne aujourd’hui le calife. Mais difficile de dire qui est le premier vizir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : En attendant 2004

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