Vernissage commun

Les antiquaires de la rue Sainte-Anne s’unissent

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 858 mots

Pour la première fois, sept marchands du 2e arrondissement proposent une soirée commune d’inaugurations de leurs expositions. Un modèle qui a déjà fait ses preuves dans d’autres quartiers de la capitale.

 PARIS - La poignée d’antiquaires de la rue Sainte-Anne lancent leur premier vernissage commun de quartier le 20 novembre. L’idée trottait dans la tête du marchand Antoine Laurentin, l’instigateur du projet, depuis son installation dans le quartier il y a douze ans. Mais il a fallu attendre cette année pour qu’elle se concrétise. « C’est plus facile de faire bouger les gens qui sont naturellement réceptifs aux phénomènes de masse que de les faire venir à quinze jours d’intervalle. De toute façon, aujourd’hui, il n’est plus possible de se la jouer seul dans son coin, il faut s’unir », estime Antoine Laurentin. Les marchands de la rue espèrent créer « une synergie dans un quartier plaisant, non loin du Louvre, de Drouot et tout proche de la BnF [Bibliothèque nationale de France], mais qui n’est pas un quartier d’antiquaires », explique le jeune marchand Arnaud Charvet. « Nous avons peu de clientèle de passage, confirme Antoine Laurentin. Nous avons beaucoup à gagner, à terme, à faire venir d’autres confrères. »

Scènes intimes et d’intérieurs
La formule a fait ses preuves. Depuis une dizaine d’années, les salons mais aussi les manifestations de quartier ont pris une place considérable. Les foules se déplacent des galeries d’art contemporain de la rue Louise-Weiss au quartier Drouot, en passant par le Carré Rive Gauche, Art Saint-Germain-des-Prés ou encore la soirée annuelle rive droite autour du Faubourg-Saint-Honoré. Les sept antiquaires de la rue Sainte-Anne se sont unis en ce sens. L’un des piliers de cette artère est la galerie de Bayser, spécialisée dans les dessins. Elle présente une exposition de « Scènes intimes » évoquant à la fois des intérieurs d’ateliers d’artistes telle une aquarelle de Boldini, des intérieurs de salons qui mettent en scène des objets, et des œuvres plus singulières comme un intérieur de grange à la pierre noire par Hubert Robert ou encore un intérieur de cabane de pêche à Naples à l’aquarelle par Ludovic Lepic. Chez le nom moins célèbre Éric Turquin, Hubert Duchemin, en charge de la partie galerie du cabinet, offre un voyage « D’Alger à Laghouat » avec 32 paysages d’Algérie en 1870. Ces huiles sur papier peintes sur le vif, une peinture ni aboutie ni recomposée en atelier, d’un artiste anonyme mais qui pourrait bien être le peintre voyageur Gustave Guillaumet, sont intéressantes du point de vue du rendu topographique comme des modifications de la lumière. L’artiste s’en imprègne fortement. « C’est l’idée du voyage en Italie proche de l’esprit de Corot mais en Algérie », résume Hubert Duchemin. Jean-François Baroni présente pour sa part des « Études de femmes » dont l’Étude d’une femme nue allongée à la pierre noire et rehauts de blanc sur papier bleu par Tintoret et un dessin de Tiepolo à la pierre noire montrant, au recto, un Faune avec la tête reposant sur un vase et, au verso, une Femme assise portant un bouclier. Chez Antoine Laurentin, une galerie de « Portraits et autoportraits » témoigne d’une époque – avec Helleu et le portrait de sa femme – ou questionne, comme pour Foujita dont l’étude de son visage est une constante. La galerie Paviot, seule dans le domaine de la photographie, aura une place à part. Son exposition rend hommage à Aaron Siskind, « l’un des rares photographes à avoir travaillé sur un pied d’égalité avec les peintres expressionnistes abstraits ». La galerie, qui fête le centenaire de la naissance de l’artiste, propose une trentaine de vintages des années 1950.
Cette soirée commune donnera aussi l’occasion de découvrir deux jeunes enseignes qui se sont installées depuis peu rue Sainte-Anne. La galerie Elseneur, arrivée en janvier 2003 et dirigée par Sandrine Nicollier, montrera un choix d’œuvres des XIXe et XXe siècles, des modernes et des classiques. Quant à la galerie d’Arnaud Charvet et Hélène Mouradian, deux jeunes antiquaires d’une trentaine d’années qui ont emménagé il y a deux ans et demi au n° 44, elle proposera une évocation des ateliers d’artistes. « Ce sera plutôt une ambiance, avec des scènes d’intérieurs d’ateliers, des tableaux inachevés, des académies, des études… », notamment une aquarelle d’Henri-Georges Bréard représentant un amateur consultant des cartons de dessins, une caricature de Bernard Bécan montrant un couple dans une exposition ou encore un dessin à l’encre noire par Karl Arnold esquissant de manière satyrique vraisemblablement Max Pechstein et son modèle. Rendez-vous le 20 novembre.

Les expositions dans les galeries de la rue Sainte-Anne

- n° 69, galerie de Bayser, « Scènes intimes », www.debayser.com - n° 69, Hubert Duchemin chez Éric Turquin, « D’Alger à Laghouat, 32 paysages d’Algérie en 1870 », www.eric-turquin.com - n° 67, galerie Jean-François Baroni, « Études de femmes », - n° 65, galerie Antoine Laurentin, « Portrait et autoportraits », www.galerie-laurentin.com - n° 57, galerie Paviot, « Aaron Siskind 1903-1991 », www.paviot foto.com - n° 51, galerie Elseneur, « Moderne et classique : choix d’œuvres des XIXe et XXe siècles » - n° 44, galerie Charvet-Mouradian, « Ateliers d’artistes, une évocation… », www.charvet-moura dian.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Les antiquaires de la rue Sainte-Anne s’unissent

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