New York : un souffle nouveau

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 2003 - 968 mots

De nombreuses nouvelles galeries ouvrent dans la mégalopole américaine. Plusieurs jeunes marchands fourbissent leurs armes. Photographie et nouveaux médias ont le vent en poupe.

La récession annoncée ne semble pas empêcher les galeries d’ouvrir à Manhattan, ni de freiner des marchands établis de créer de nouveaux espaces étincelants. Les développements importants du paysage sans cesse en évolution des galeries new-yorkaises se concentrent dans le sud de Manhattan, à Soho et à Chelsea.
Au printemps dernier, alors que le marchand de photographie émérite Howard Greenberg s’apprêtait à quitter son fief de Wooster Street pour s’ancrer au Fuller Building sur la 57e Rue, Christian Viveros Faune et Joel Beck ont ouvert une antenne de leur galerie établie de Williamsburg à Brooklyn, Roebling Hall. Le bien nommé Satellite (A Project of Roebling Hall) a ouvert ses portes en mai au-dessus du restaurant Fanellis, une institution de Soho.

Jeunes diplômés
Guild & Greyshkul, qui réunit trois jeunes diplômés de l’école d’art Cooper Union – Anya Kielar, Sara VanDerBeek et Johannes VanDerBeek –, ont repris l’espace d’American Fine Arts de feu Colin de Land au 22, Wooster Street. La galerie bénéficie d’un esprit jeune et énergique grâce aux ateliers d’artistes situés à l’étage inférieur. Il reste bien entendu une poignée d’espaces de haut standing qui entretiennent la forte réputation de Soho (Deitch, Jack Tilton et Ronald Feldman sont fidèles au poste). Ainsi, Peter Blum conserve son espace au 99, Wooster Street. Il ouvrira un nouveau lieu à Chelsea, au 526 West 29e Rue au début de l’année prochaine. L’artiste Joseph Marioni a contribué, c’est une première, à la conception architecturale de la galerie. Ramis Barquet s’installe à Chelsea : la galerie conserve ses élégants locaux dans le Fuller Building sur la 57e Rue, et ouvre un espace de taille similaire à l’agencement plus souple – totalisant 232 m2 – au 532 West 24e Rue. Ramis Barquet était basé à Monterrey au Mexique depuis quinze ans. Son adresse sur la 57e Rue depuis 1995 faisait la part belle aux artistes latino-américains. Ouvert en octobre, le nouvel espace se concentre sur les jeunes artistes contemporains.
À l’image de Guild & Greyshkul, les marchands semblent rajeunir. Vanessa Buia vient à peine d’achever sa maîtrise en histoire de l’art à la Columbia University. Elle a déjà inauguré en mai une galerie sur la 23e Rue entièrement dédiée aux nouveaux artistes et particulièrement aux Italiens. Daniel Reich sera bientôt son voisin au 53 A West 23e Rue. Il quitte son minuscule espace de la 21e Rue pour 93 m2 avec vitrine. Sa galerie-appartement avait attiré beaucoup d’attention – dont celle des critiques d’art du New York Times –, et des « stars » comme Maurizio Cattelan viennent régulièrement aux vernissages. Autre marchand précoce à Chelsea, Jeffrey Chiedo, récent diplômé du cursus de photographie de la Yale University, ouvre un espace de 372 m2 avec sa partenaire, l’avocate et jeune diplômée de la School of Visual Arts, Susan Luciano. La galerie, au 521 West 26e Rue, se nomme « Hover », car, comme pour sa voisine la Team Gallery sa structure semble flotter entre le rez-de-chaussée et le niveau inférieur. La galerie exposera surtout de la photographie contemporaine, particulièrement japonaise.
L’ancien spécialiste de photographie chez Christie’s, Bryce Wolkowitz, s’installe aussi à Chelsea, au 601 West 26e Rue. La galerie, dessinée par Michael Gabellini, se concentre sur la photographie historique et contemporaine, la vidéo, et sur des créations contemporaines rassemblées sous l’appellation de « nouveaux médias ». Ces derniers obtiennent de plus en plus de succès aux foires, festivals, et dans les expositions de musées ou de galeries. Bryce Wolkowitz arrive à point nommé : « Je suis très intéressé par les origines de la vidéo, qui reste un médium très nouveau. J’espère pouvoir contextualiser l’art contemporain avec l’art historique ; c’est une occasion pour les collectionneurs de visionner les travaux côte à côte. C’est fantastique de regarder l’évolution de l’image mouvante en art. » « ArtApparatus », l’exposition inaugurale de la galerie, inclut les travaux de Jim Campbell, Alan Rath, John F. Simon Jr. et Steina Vasulka.
Situé jusqu’à peu sur Bedford Avenue à Williamsburg, Foxy Production a ouvert au 547 West 27e Rue à Chelsea. Michael Gillespie et John Thomson, deux commissaires indépendants de Londres, ont inauguré leur espace à Chelsea après un bref séjour à Williamsburg. « Nous ne voulions être ni idéalistes ni “bohémiens” dans notre démarche, commente Michael Gillespie. Si vous avez un budget défini et pas de soutien financier de taille, et que vous louez un espace, les prix des galeries à Chelsea sont comparables. » Ce flot de galeries de Williamsburg vers Manhattan augure-t-il d’une tendance ?

Des galeries dessinées par Vito Acconci
The Project, la galerie ouverte par Christian Hay à Harlem en 1998, déménage au troisième étage du 37 West 57e Rue, au-dessus d’Anthony Grant. Il peut sembler inhabituel pour une galerie d’art contemporain si « branchée » de s’installer dans un quartier aussi huppé, mais, comme l’explique la directrice Jenny Liu, la 57e Rue a un riche passé artistique, de la même manière que Harlem a son propre patrimoine culturel. La galerie, dessinée par Andrew Ong, a une superficie de 280 m2, dont 93 m2 de bureaux.
The Project, qui fait face à la mythique galerie Marian Goodman, promet d’apporter du sang neuf à la 57e Rue. Après son installation dans la galerie ConTEMPorary, dessinée par Vito Acconci et ouverte en juin 2002, l’increvable Kenny Schachter s’est associé à Mark Seliger de Condé Nast pour consacrer un espace exclusivement à la photographie. Située sur West Street, la galerie a ouvert le 17 novembre. Kenny Schachter ne semble pas fonctionner au ralenti : lorsque nous avons retrouvé sa trace mi-septembre, il était à Londres, en pleine négociation pour un bâtiment sur Hoxton Square destiné à une galerie, également conçue par Vito Acconci.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : New York : un souffle nouveau

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