New York

Engouement pour l’art contemporain

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 5 décembre 2003 - 825 mots

Les ventes d’art contemporain de novembre à New York ont créé l’événement. Les acheteurs ont répondu présent à une sélection d’œuvres de qualité en battant onze records.

 NEW YORK - Les trois maisons  qui ont organisé les ventes d’art contemporain de novembre à New York ont chacune de bonnes raisons d’être satisfaites de leurs résultats. Sotheby’s a regagné le terrain perdu ces six derniers mois face à ses concurrents et a annoncé le chiffre d’affaires le plus élevé de la semaine, avec les deux tableaux les plus chers signés Willem de Kooning et Mark Rothko. Christie’s, avec une sélection légèrement moins attrayante, a toutefois créé l’événement avec pas moins de onze records de ventes pour des artistes comme Alexander Calder, Clyfford Still, Lee Krasner, Marlene Dumas, Takashi Murakami et Yoshitomo Nara. Grâce à son repositionnement qui apparaît comme le plus judicieux du marché, Phillips, de Pury & Luxembourg a consolidé sa nouvelle orientation avec plus de la moitié de son catalogue dédié à l’art de ces dix dernières années. Dépourvu de pièces majeures dans les catégories les plus lucratives – l’expressionnisme abstrait et le pop art –, Phillips ne pensait pas rivaliser avec les deux grandes dames mais a suscité une atmosphère d’enchères des plus contagieuses, obtenant ainsi les taux de réussite les plus élevés de la semaine.
De manière générale, les secondes parties de ventes ont clairement indiqué la tendance du marché. Ainsi, les vacations du matin et de l’après-midi ont accumulé un retard de deux heures dû à une effervescence des enchères. La mode de l’art contemporain, les nouveaux acheteurs fraîchement entrés dans l’arène, un domaine sûr pour l’argent disponible : aucune de ces raisons n’explique ce que le marché vient de vivre. En d’autres termes, ces vacations ont été une démonstration de force de la capacité des grandes ventes à générer des prix bien plus exorbitants que ceux que les galeries osent afficher.

CHRISTIE’S
New York, 11 novembre
Vente d’art d’après guerre et d’art contemporain (1re partie)
L’auctioneer Christopher Burge a conduit cette vente à une vitesse phénoménale. L’imposant catalogue de 68 lots a vu certaines pièces partir à des prix bien supérieurs aux tarifs pratiqués en galerie. Quelques déceptions toutefois : IKB 77 d’Yves Klein (lot 38), endommagé le week-end précédent, durant l’exposition de prévente, et qui aurait dû par conséquent être retiré de la vente ; La Femme avec des cacahuètes de Roy Lichtenstein (lot 41, avec garantie), qui est, en dépit d’un important repeint, un tableau criant de laideur ; et ce qui aurait dû être la photographie la plus chère de la semaine, Sans titre V d’Andreas Gursky, confiée par Oliver Peyton, le propriétaire du restaurant londonien Atlantic Bar and Grill, et restée invendue.

Sotheby’s
New York, 12 novembre
Vente d’art contemporain (1re partie)
Ce catalogue foisonnait d’œuvres d’art attrayantes : un ensemble de 11 lots provenant de la succession Vera List a inauguré une soirée où la confiance était de mise. Parmi les œuvres ayant obtenu des prix particulièrement élevés, citons les travaux d’Agnes Martin, le No. 8 (White Stripe) de Mark Rothko (lot 14), qui s’est révélé l’un des deux lots les plus onéreux de la semaine lorsque Pace-Wildenstein l’a saisi à la barbe de C&M Arts, et le triptyque de petits portraits de Lucian Freud par Francis Bacon (lot 13), confié par le propriétaire de Condé Nast, Si Newhouse. La grande salle de conférences, qui sert de nouvelle salle de ventes chez Sotheby’s, est néanmoins un espace impitoyable et, au fur et à mesure de la soirée, l’ambiance s’est lentement mais sûrement délitée.

Phillips, de Pury & Luxembourg
New York, 13 novembre
Vente d’art contemporain (1re partie)
Si seulement Phillips avait toujours proposé un catalogue aussi bien ficelé, dénué des garanties accablantes qui ont assombri la réputation et la rentabilité de la maison il y a deux ans ! Tandis que leurs concurrents proposaient de nombreuses œuvres sous garantie, Simon de Pury et Daniella Luxembourg ont organisé une vente dont la fraîcheur a attiré la crème de la crème du marché de l’art contemporain. Face à la rangée de téléphones, la salle a témoigné d’une réelle frénésie d’achat. Et, à la tribune, de Pury, dans une forme hypnotique, a su tirer le meilleur parti de cette situation. Des cinq lots n’ayant pas trouvé preneur, seuls l’Union Rave d’Andreas Gursky (lot 6) et Silver Shoes de Jeff Koons (lot 39) ont été de réelles déceptions.

RÉSULTATS EN VALEUR ET EN VOLUME

Christie’s New York,11 novembre Vente d’art d’après guerre et d’art contemporain(1re partie) 90 % en valeur 84 % en volume Total : 62 007 700 dollars (52 177 888 euros) Sotheby’s New York, 12 novembre Vente d’art contemporain (1re partie) 87,5 % en valeur 80,9 % en volume Total : 74 564 400 dollars (64 426 977 euros) Phillips de Pury & Luxembourg New York, 13 novembre Vente d’art contemporain (1re partie) 91 % en valeur 89,1 % en volume Total : 11 007 750 dollars (9 262 256 euros)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°182 du 5 décembre 2003, avec le titre suivant : Engouement pour l’art contemporain

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