Christie’s

Georges Halphen, un amateur plébiscité

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 2003 - 497 mots

De la statuaire khmère aux parures de plumes précolombiennes, la vente de la collection Halphen a été couronnée de succès le 20 novembre chez Christie’s à Paris.

 PARIS - Une salle bondée, des collectionneurs au coude à coude avec des antiquaires et de nombreuses enchères téléphoniques : la vente Halphen, orchestrée par Christie’s le 20 novembre, a été une réussite du début à la fin. Plus de 90 % des 157 lots ont trouvé preneurs à des prix soutenus. Les dix premiers lots de la vacation ont atteint deux à dix fois l’estimation proposée. Ce fut un véritable hommage au grand collectionneur Georges Halphen, décédé cette année, bien connu du marché et des institutions. Amateur hors pair, il sélectionnait l’archéologie avec goût et passion, l’art khmer en particulier. Pour cette dispersion événementielle, l’exposition a connu un défilé de visiteurs, bravant au passage les difficultés d’accès à la maison de ventes dont les espaces étaient encombrés par une foule inhabituelle venue pour la vente Concorde. Les acheteurs se sont battus férocement sur plusieurs lots, à commencer par une idole stylisée chypriote en picrolite verte de l’époque du Chalcolithique ancien (3900-2500 av. J.-C.), vendue pour 448 250 euros, soit trois fois son estimation haute. Un pendentif de Bactriane du début du IIe millénaire av. J.-C. en or, lapis-lazuli cornaline et turquoise, adjugé plus de dix fois son prix, se situe à la deuxième place avec une enchère de 360 250 euros, suivi d’une statuette égyptienne du Nouvel Empire en calcaire blanc représentant un couple assis qui est entrée dans une collection privée pour 327 250 euros, contre une estimation haute de 150 000 euros. Trois pièces rares – un torse de Bouddha Sakyamuni en calcaire gris-vert de Thaïlande (Dvaravati) du VIIe-VIIIe siècle ; un torse khmer de divinité féminine en grès de style Koh Ker du deuxième quart du Xe siècle et une statuette en aragonite vert pâle de la Syrie du nord d’époque néolithique (VIe millénaire av. J.-C.) –, sont parties largement au-dessus des prévisions, à 140 250 euros chacune. Les terres cuites Han se sont également bien vendues. Une statue de dame de cour Han à genoux, proposée prudemment autour de 30 000 euros, a vu les enchères monter jusqu’à 105 750 euros. Enfin, la vente s’est conclue sur une série de 17 lots de masques et vêtements des Indiens du Pérou en plumes de couleurs qui ont littéralement séduit le public. Ces parures venaient d’être exposées à la Maison de l’Amérique latine à Paris, de juin à octobre 2003. L’ensemble s’est envolé pour plus de 320 000 euros. La meilleure enchère, 56 400 euros, est allée à une tunique Nazca, vers 100-200 après J.-C., à décor de figure anthropomorphe sur fond bleu entourée de motifs géométriques et complétée d’une frise d’animaux stylisés bicéphales. Cent pour cent des plumes ont trouvé preneurs, pour moitié auprès de particuliers. Quelques-uns des marchands qui s’en sont porté acquéreurs ont avoué vouloir les conserver pour leur collection privée. Quel panache !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : Georges Halphen, un amateur plébiscité

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