Antiquité

Au-dessous du volcan

Le Journal des Arts

Le 19 décembre 2003 - 511 mots

À Bruxelles, plus de 500 œuvres (fresques, sculptures, bijoux, bronzes…) évoquent la vie et la richesse de Pompéi, Herculanum et Oplontis avant la tragique éruption de 79 av. J.-C.

BRUXELLES - Le 25 août 79 av. J.-C., le Vésuve, « illuminé en plusieurs points de flammes spectaculaires et d’incendies », ravagea Pompéi, Herculanum et Oplontis. Relatés par Pline le Jeune dans deux lettres adressées à Tacite  décrivant les « secousses sismiques puissantes et fréquentes », la « pluie de pierres ponces » ou encore « les gémissements des femmes, les cris des bébés, les hurlements des hommes », les événements de cette nuit tragique sont aujourd’hui retracés aux Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles. Déjà présentée au Musée archéologique de Naples, l’exposition restitue, à travers un parcours didactique et émouvant – mais dans des salles trop exiguës ! –, la dimension humaine de ces villes antiques et la brutalité de leur ensevelissement. À l’initiative de Pietro Giovanni Guzzo, surintendant de Pompéi, elle communique en outre au public les résultats des fouilles récentes dans la région.

Accueillant le visiteur, les images d’une violente éruption filmées par un vulcanologue donnent le ton. Sous l’écran, le moulage des squelettes de trente-deux adultes et enfants mis au jour dans une maison d’Herculanum rend tangible ce drame lointain. En raison de son mode particulier d’enfouissement – à la différence de Pompéi, plusieurs couches de matériaux volcaniques se sont succédé à Herculanum –, cette ville située à 7 km à l’ouest du Vésuve a conservé des éléments organiques (bois, végétaux, fibres textiles). De nombreux objets en bois (lits, tables, armoires…) y ont été exhumés, à l’image de cette petite table en bois carbonisé ou de ce berceau à bascule, qui attestent de l’habileté technique des artisans locaux. Herculanum a également livré des sculptures d’exception, telle cette copie d’Amazone attribuée à Crésilas ou à Polyclète (milieu du Ier siècle ap. J.- C.), et des bijoux en or de grande qualité, comme ces bracelets serpentiformes finement gravés ou ce long collier en or tressé. Témoignage éclatant de la prospérité des cités vésuviennes, l’orfèvrerie atteint des sommets à Pompéi, où ont été découverts nombre d’anneaux, boucles d’oreilles et chaînes, et à Moregine (au sud de Pompéi), écrin d’un spectaculaire collier en ruban formé de fils d’or et serti de perles. Répartis en différents points du parcours, des films en images de synthèse restituent l’architecture de certaines demeures (ainsi de la villa des Papyri à Herculanum), dont on peut mesurer le faste de la décoration intérieure à l’aune de certaines fresques parvenues jusqu’à nous. Bruxelles en montre de très nombreux exemples, de la célèbre peinture figurant Bacchus entièrement enveloppé dans une grappe de raisin (Pompéi, maison du Centenaire), aux compositions inédites de la maison du Bracelet d’or (Pompéi). Recomposés à partir d’innombrables fragments, ces décors sont présentés pour la première fois.

DA POMPÉI A ROMA, HISTOIRES D’UNE ÉRUPTION. POMPÉI, HERCULANUM, OPLONTIS

Jusqu’au 8 février 2004, Musées royaux d’art et d’histoire, 23 parc du Cinquantenaire, Bruxelles, tél. 32 2 741 73 08, tlj sauf lundi 10h-17h. Catalogue édité par Snoeck, 214 p.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : Au-dessous du volcan

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