Inde

Des masques et des bronzes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2004 - 441 mots

Masques himalayens et bronzes Bastar du Deccan, objets de cultures du continent indien, sont exposés à la galerie Le Toit du Monde.

 PARIS - « C’est un clin d’œil à deux éléments de culture aux extrémités nord-sud du continent indien », explique François Pannier, spécialiste des arts rituels himalayens. Au sud de l’Inde, sur le plateau du Deccan, les peuples du Bastar offrent des sculptures en bronze aux divinités locales pour obtenir leur bienveillance. Une quarantaine de pièces, de 500 à 1 000 euros, sont exposées ici, représentant des cavaliers, des chevaux, des éléphants parfois montés, des divinités et des donateurs – sujets les plus courants dans l’iconographie Bastar. Les plus anciens bronzes ont 250 ans. Certains, qui avaient conservé leur noyau de terre cuite, ont pu être datés avec certitude. « Les plus anciennes pièces, qui sont très finement sculptées, possèdent une mince couche de métal. Les fontes récentes sont plus grossières et plus lourdes en métal devenu moins rare », précise l’antiquaire. Quelle que soit l’époque, les chevaux et éléphants sont comme surélevés par des échasses, et les personnages ont des allures joyeuses. « Les tribus du Bastar ont le sens de la fête. Ils ont intégré l’humour dans leur art », confirme François Pannier.
Sur les cimaises, l’exposition est complétée par une vaste collection de visages himalayens de différentes cultures. Certains ne manquent pas d’humour, à l’instar des masques lunaires dits de « bouffons » collectés dans la région de Katmandou, au nez tordu ou à la bouche grimaçante, destinés à faire rire lors de cérémonies de vénération des ancêtres. « Ces masques n’étaient pas portés, mais placés au sol tandis que les danseurs étaient habillés et maquillés en bouffons. » D’autres masques de l’ethnie Mompa du Arunachal-Pradesh, au nord-est de l’Inde, sont liés à la danse du yack, une cérémonie agraire de fertilité. Très expressifs, ils ont comme un air de théâtre grec antique. « Ce n’est pas étonnant, convient le galeriste. Sans connaître son histoire exacte, on sait que ce peuple était originaire du Gandhara, de l’ouest de l’Inde, une région sous l’influence de l’art grec. » Dans un autre genre, des modèles hindouistes du sud du Népal, utilisés par les ethnies, incarnent un démon du Ramayana et un singe de l’armée d’Hanuman. Tous les masques exposés sont à saisir entre 2 000 et 4 000 euros, sauf le plus précieux d’entre eux, une pièce monastique du XVIe siècle en bronze doré proposée à 25 000 euros.

MASQUES DE L’HIMALAYA ET BRONZES DU BASTAR

Jusqu’au 21 janvier, galerie Le Toit du monde, 6 rue Visconti, 75006 Paris, tél. 01 43 54 27 05, du mardi au samedi 13h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Des masques et des bronzes

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque