Coutau-Bégarie

Tenues et frous-frous princiers

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2004 - 683 mots

L’exceptionnelle garde-robe des princes de Ligne et des étoffes historiques provenant
du château de Belœil, en Belgique, passent à l’encan à Drouot le 14 janvier.

 PARIS - La garde-robe princière et de nombreuses étoffes conservées depuis des siècles, de génération en génération, dans les greniers du château de Belœil en Belgique – où résident les princes de Ligne –, soit près de 300 lots, seront dispersées à Drouot le 14 janvier par la SVV Coutau-Bégarie. « Une vente aux enchères d’art de provenance princière suscite toujours un intérêt soutenu. Lorsque ces objets sortent pour la première fois de leur écrin, c’est un événement », souligne Xavier Petitcol, expert en textiles anciens. La vente suscite surtout une question : après le contenu des greniers, la famille aurait-elle l’intention de vendre d’autres biens précieux comme des tableaux, des meubles ou des objets d’art ? Rien ne nous permet de l’affirmer et aucun éclaircissement ne nous a été donné sur ce point.
Dans cette vente, les lots les plus somptueux portent sur des habits de cour du XVIIIe siècle et des robes de bal de la princesse de Poix (1841-1924), reflets d’un train de vie exceptionnel. Parmi les pièces historiques figure un grand manteau de cérémonie de l’Ordre royal de Victoria, estimé 200 euros, qui a appartenu au 9e prince de Ligne (1854-1918), Louis, cousin germain de la reine Victoria. « Il est dans un état neuf et n’a probablement servi qu’une fois ou deux, en 1896 pour la création de l’ordre et en 1901 pour le couronnement du roi Edouard VII », avance l’expert. Le XVIIIe siècle est brillamment illustré par des vêtements de Charles-Joseph, 7e prince de Ligne (1735-1790), « un aristocrate vénéré dans toute l’Europe, arbitre des élégances à Versailles », précise Xavier Petitcol. De sa garde-robe, on remarquera un habit de cour raffiné et son gilet cannelé de couleur lilas abondamment brodé de soie blanche, paillettes argent et petits miroirs taillés à facettes, estimé 4 000-6 000 euros, et un exceptionnel habit « en pièce », c’est-à-dire brodé mais non taillé, en velours coupé de soie vert bouteille, estimé 5 000 à 8 000 euros. Pour l’expert, « cette pièce est la plus somptueuse en matière de broderie. De plus, elle est de toute fraîcheur n’ayant jamais vu la lumière. »
Entre autres remarquables lots, notons : une robe à la Française sur le grand panier, vers 1778-1780, en pékin blanc crème broché de rameaux fleuris polychromes, estimée 4 000 à 6 000 euros ; une veste d’un habit « Spitafield 1747-1748 », en brocart « naturaliste », estimé 3 000-4 000 euros, ainsi qu’une robe de bal du début du XXe siècle, estimée 1 500 euros, en satin blanc dont le dessin est inspiré des bergères des pastorales du XVIIIe siècle, et signée de la griffe Worth (maison parisienne de haute couture fondée en 1857 où s’habillaient toutes les altesses royales et impériales de la seconde moitié du XIXe siècle). Des robes du soir dites « Charleston », des Années folles vers 1925-1930, estimées 100 à 600 euros, comptent parmi les derniers témoignages de cet ensemble.
À côté des fastes de la vie mondaine, on trouvera des tenues du quotidien comme des livrées de laquais, des vêtements d’enfant ou encore des toilettes pour la chasse et le sport, mais aussi de nombreuses pièces tissées ou brodées orientales ou ottomanes, symboles d’un goût pour l’exotisme et les voyages. Enfin, signalons que les greniers princiers renfermaient des réserves incroyables d’étoffes d’ameublement dont environ un kilomètre de damas cramoisis tissés à bras aux XVIIe et XVIIIe siècles, « sans doute confectionnés à Gènes et toujours d’une fraîcheur étonnante », atteste l’expert, qui conclut plein d’enthousiasme : « Il n’y a pas de chose médiocre. Tout est estimé de façon raisonnable et dans un état superbe. On ne peut qu’avoir des bonnes surprises. »

GARDE-ROBE DES PRINCES DE LIGNE & AUTRES ÉTOFFES PRÉCIEUSES DU XVIe AU XXe SIÈCLE

Vente le 14 janvier, Drouot-Richelieu, SVV Coutau-Bégarie assistée de l’expert Xavier Petitcol, tél. 01 45 56 12 20, www.coutaubegarie.com, exposition : le 13 janvier 11h-18h, le 14 janvier 11h-12h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Tenues et frous-frous princiers

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