Portrait

René Burri, photographe du vivant

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 23 janvier 2004 - 410 mots

Arte inaugure « Portrait », nouveau rendez-vous consacré aux personnalités du monde de l’art, avec le photographe René Burri.

Pour réaliser le portrait du photographe suisse René Burri, figure emblématique aujourd’hui septuagénaire de la célèbre agence Magnum, le cinéaste munichois Reiner Holzemer et l’écrivain Hans-Michaël Koetzle l’ont filmé dans son atelier parisien, et suivi dans ses déplacements à Zurich, dans le canton du Tessin et à Berlin. Ils ont aussi donné la parole à ceux qui le connaissent bien, Jimmy Fox, rédacteur en chef de l’agence Magnum, Dieter Bachmann, du magazine suisse DU, Walter Binder de l’École des arts appliqués de Zurich, sa sœur Véronique Burri… Chacun évoque l’une des multiples facettes de l’auteur du célèbre cliché, pris en 1962, de Che Guevara fumant le cigare. Une image qui a apporté à René Burri une renommée mondiale, mais dont il reconnaît qu’elle lui a totalement échappé. Le film revient sur son enfance à Zurich, sa première épreuve réalisée avec un petit appareil Kodak – Churchill en visite officielle en Suisse en 1946 –, l’importance de son professeur Bischof à l’École des arts appliqués de Zurich, les rencontres décisives avec ceux qu’il admirait tels Henri Cartier-Bresson, Picasso ou Le Corbusier.

À partir des années 1950, Burri s’intéresse de très près à l’Allemagne vaincue et détruite. Cette fascination pour un pays « coupé en deux » aboutira à l’ouvrage Les Allemands (1962). Burri poursuit son étude du monde communiste, se rend en Union soviétique dans les années 1950, puis en Chine en 1964 où il réalise, avec sa femme Roselina (fondatrice de l’Agence suisse pour la photographie), un film pour l’Encyclopædia Britannica. Photographe de guerre, il est parti au Vietnam en 1963, et, en 1967, a suivi les raids israéliens sur des blindés égyptiens… Des faits tragiques avec lesquels ses instantanés créent une réelle distance. « La mort est plus ou moins occultée de ses images, c’est un photographe de la vie, du vivant, de ce qui est », explique l’historien de l’art Guido Magnaguiagno. Et à René Burri de conclure : « Finalement, ce qui m’a intéressé, c’est de donner une forme poétique à cette insupportable réalité ».

René Burri, photographe, réalisé par Reiner Holzemer et Hans-Michaël Koetzle, 2003, (60 min), programmé le 30 janvier, dans le cadre de « Portrait », une fois par mois le vendredi, à 22 h 15, sur Arte. À voir : « René Burri photographies », jusqu’au 14 mars, Maison européenne de la photographie, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : René Burri, photographe du vivant

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