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Les cartes à jouer anciennes

Par Jean Bedel · Le Journal des Arts

Le 20 février 2004 - 415 mots

Venues de Chine, en passant par l’Italie et l’Espagne, les cartes à jouer se sont répandues en Europe à la fin du XIVe siècle. Ces petits cartons imagés dont les combinaisons multiples font tout l’intérêt provoquaient souvent la ruine des joueurs perdants.
L’Église a vite condamné l’usage des cartes, considéré comme un facteur de débauche. De son côté, le prévôt de Paris a promulgué une ordonnance qui, en 1397, interdisait de « jouer aux cartes pendant les jours ouvrables ». Rien à faire, les joueurs n’ont jamais cessé de battre les cartons, aussi bien à la Cour que dans les tavernes.
Les cartes les plus anciennes parvenues en Europe sont les tarots formant des jeux à 78 figures symboliques, comme le Soleil ou la Lune, les Épées et les Bâtons, la Fortune et l’Enfer. On « tire » encore les cartes avec des tarots pour la divination.
Au XVe siècle apparaissent en France des jeux de 52 « enseignes », comme on disait alors pour désigner l’ensemble des familles classées en quatre couleurs : trèfles, carreaux, cœurs, piques, numérotés par unités de valeur et couronnés par le valet, la dame, le roi et l’as. Ces portraits donnent une image de la société monarchique hiérarchisée. Sous la Révolution, les « enseignes » font disparaître le roi, remplacé par un génie, la reine laisse la place au symbole de la liberté et le valet devient l’image de l’égalité. L’Empire et la Restauration reviennent aux portraits traditionnels, dits « de Paris », qui se perpétuent jusqu’à nous. Quelques repères permettent de dater les cartes : le cachet fiscal apposé sur l’as de trèfle (de 1817 à 1940), les portraits à deux têtes inversées (vers 1840), les coins arrondis (1865).
La mythologie, les costumes, l’histoire, la politique inspirent les illustrateurs. Les cartes fournissent également la matière de jeux éducatifs, humoristiques, publicitaires ou érotiques. Autant de thèmes de collections possibles à moins de 100 euros. Les cartes XIXe et antérieures peuvent valoir de 300 euros à plus de 1 000 euros. Les collectionneurs exigeants veulent des jeux complets, exception des cartes les plus anciennes. Leur valeur dépend essentiellement du bon état de conservation et de l’originalité des figures.

- Salon du livre et papiers anciens, jusqu’au 29 février, Espace Champerret, 75017 Paris. Jeux de cartes et tarots anciens sur le stand du spécialiste Jacques Baillon (tél. 06 86 96 92 18). - Musée français de la carte à jouer, 16, rue Auguste-Gervais, 92130 Issy-les-Moulineaux, tél. 01 41 23 83 60.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°187 du 20 février 2004, avec le titre suivant : Les cartes à jouer anciennes

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