Région

L’autre Méditerranée

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 23 octobre 2007 - 650 mots

Alors que le Mucem est mis en attente, la région PACA lance son projet de «”¯Centre de la Méditerranée”¯».

 MARSEILLE - Sur l’esplanade du J4, ancien embarcadère du port de la Joliette à Marseille, aux côtés du très attendu Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), prend place un autre projet, baptisé « Centre de la Méditerranée » et conçu par l’architecte Stefano Boeri. Un lieu d’expositions, de conférences, colloques et débats, entièrement subventionné par la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). « Nous sommes les seuls financeurs pour être les seuls décideurs. Nous voulons une totale liberté d’action », précise, pragmatique, le président de Région Michel Vauzelle (PS).
Revus à la hausse, estimés aujourd’hui à 40 millions d’euros, les travaux devraient démarrer à l’automne 2008 avec un chantier d’une durée de trente mois, pour une ouverture prévue courant 2011. Le Centre de la Méditerranée pourrait être inauguré avant que ne soient achevés les travaux programmés aux alentours, qu’il s’agisse de la réhabilitation de la darse ou de l’édification de la partie contemporaine du Mucem imaginée par Rudy Ricciotti. D’allure discrète avec ses 19 mètres de hauteur (correspondants à la partie haute du rempart du fort Saint-Jean), plus modeste que le Mucem – la surface totale s’élève à 6 000 m2, contre 21 000 m2 pour ce dernier –, le Centre de la Méditerranée a néanmoins été conçu dans un réel souci d’harmonie et de complémentarité avec la construction de Ricciotti, précise Stefano Boeri. Côté programmation, pas de confusion des genres possibles entre les deux établissements, selon Bernard Millet, chef du projet : le centre doit drainer des publics qui n’iraient pas spontanément au musée, et vice versa. Et de citer en exemple, à Barcelone, le centre culturel et le Musée d’art contemporain (Macba) dont la proximité géographique a créé une réelle dynamique.
« La mer est au centre du projet, de manière à la fois symbolique, culturelle et fonctionnelle », témoigne Boeri. Ainsi, tous les espaces publics donnent sur l’eau, tandis que la partie située en sous-sol et destinée à accueillir deux auditoriums et des salles de congrès est littéralement immergée sous les flots. Véritable prouesse architecturale, le porte-à-faux de 40 mètres de long (qui constitue le premier étage) devra, pour sa part, accueillir quatre expositions annuelles, ce afin de « mettre en scène la Méditerranée contemporaine », souligne Bernard Millet. Concrètement, une première exposition inaugurale sur le thème du voyage en Méditerranée pourrait être confiée à Jean de Loisy – critique d’art et commissaire d’exposition à qui l’on doit notamment « La beauté en Avignon », en 2000. Il est également question d’expositions sur les mathématiques ou sur l’imaginaire des ports, mais aussi de carte blanche donnée à une personnalité (artiste, intellectuel, écrivain, chercheur, économiste…) ainsi que de manifestations destinées à valoriser la jeune création, les arts vivants, les arts graphiques (1). Une programmation résolument hétérogène pour cet endroit que Michel Vauzelle conçoit comme « un instrument politique au sens noble du terme, un outil de pédagogie populaire qui doit exprimer une autre Méditerranée que celle de la violence et de la guerre. Un lieu de mixité sociale pour lutter contre le communautarisme, la ghettoïsation, le racisme ». Des propos que pourrait reprendre à son compte le futur Mucem dont les travaux ne pourront pas démarrer en 2008, faute de budget afférent (lire le JdA no 266, 5 octobre 2007, p. 3). Si, le 2 octobre, la ministre de la Culture, Christine Albanel, a rappelé au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, « sa volonté » de voir se réaliser ce « musée national de grande envergure », le budget 2008 de la Culture permettra seulement de financer les marchés d’études. Une situation particulièrement embarrassante à l’heure où Marseille cherche à se donner une envergure plus universelle, de part et d’autre de la Méditerranée.

(1) Un espace de préfiguration du futur Centre de la Méditerranée est actuellement ouverts dans les docks de la Joliette.

Centre de la Méditerranée

- Budget : 40 millions d’euros - Surface : 6 000 m2 - Maîtrise d’ouvrage : Région Provence-Alpes-Côte d’Azur - Architecte : Stefano Boeri

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°267 du 19 octobre 2007, avec le titre suivant : L’autre Méditerranée

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