XXe siècle

Un Américain à Paris

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 16 avril 2004 - 426 mots

Le Musée d’art américain de Giverny met en lumière les œuvres de jeunesse d’Edward Hopper.

 GIVERNY - Entre 1906 et 1910, le jeune Edward Hopper (1882-1967) effectue différents voyages à Paris où il réalise des séries de paysages à la manière impressionniste. Une quarantaine de ces travaux (aquarelles, gravures, dessins, peintures) sont aujourd’hui réunis au Musée d’art américain à Giverny. Conçue par le Whitney Museum of American Art, à New York, l’exposition tente de montrer comment les séjours effectués par Hopper dans la capitale française eurent « une influence décisive sur son style ». Malgré un parcours agréable et lumineux, la démonstration reste peu convaincante : les œuvres parisiennes semblent surtout inabouties au regard des tableaux que Hopper réalisa par la suite – qui feront d’ailleurs l’objet d’une importante rétrospective à la Tate Modern, à Londres, à la fin du mois de mai. Imperméable aux leçons du fauvisme, du cubisme ou du futurisme, Hopper commence par réaliser des petits panneaux en bois, où il représente l’immeuble dans lequel il habite à Paris (rue de Lille), les rues qu’il emprunte tous les jours, les quais de Seine, autant de vues assez sombres, voire angoissantes, de la capitale. En témoignent Marches à Paris, Pont et quai ou Sur le quai : le suicide (œuvres datant toutes de 1906). Lors de son deuxième séjour à Paris, au printemps 1907, le peintre exécute de grandes toiles beaucoup plus lumineuses, mais toujours dépourvues de présence humaine, à l’image de Louvre et la Seine ou de L’Après-midi de printemps. Parfois, timidement, une silhouette humaine apparaît comme dans Les Lavoirs à Pont Royal (1907) et Le Pont des Arts (1907), sur lequel défilent des personnages à peine esquissés. En 1909, Hopper séjourne une dernière fois à Paris où il recommence à peindre ces éternelles vues du Pont Royal, du Pavillon de Flore ou encore du Louvre sous l’orage… Parmi toutes ces visions similaires, dans lequel l’artiste n’a manifestement pas encore trouvé son style, se distingue nettement Le Bistro, exécuté en 1909, à New York cette fois. Le décor figure une partie du quai Voltaire et une terrasse parisienne, transposées dans un lieu désertique d’où émergent quelques cyprès… Un monde énigmatique qui annonce enfin l’esthétique réaliste du grand Edward Hopper.

EDWARD HOPPER : LES ANNÉES PARISIENNES, 1906-1910

Jusqu’au 4 juillet, Musée d’art américain Giverny, 99, rue Claude-Monet, 27620 Giverny, tél. 02 32 51 94 67, tlj sauf lundi, 10h-18h. Catalogue, 96 p., 30 euros. À voir aussi : Edward Hopper, du 27 mai au 5 septembre, Tate Modern, Bankside, Londres, tél. 44 20 7887 8888, www.tate.org.uk.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Un Américain à Paris

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