Restructuration

Le Musée de l’Homme en voie d’évolution

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 16 avril 2004 - 639 mots

Amputé l’an dernier d’une partie de ses collections, l’institution parisienne devrait faire peau neuve d’ici à 2009.

PARIS - Dépouillé de ses collections d’ethnologie (300 000 pièces), parties alimenter les futurs Musée du quai Branly, à Paris, et Musée de l’Europe et de la Méditerranée, à Marseille, le Musée de l’Homme traversait l’an dernier une crise profonde (lire le JdA n° 167, 21 mars 2003) sur fond de pétitions, grèves des personnels et manifestations en tout genre. Lourds de conséquences, les déménagements des pièces ethnologiques laissent en effet vacants environ 50 % des locaux actuels (d’une surface totale de 18 684 m2), situés au palais de Chaillot depuis 1938. Une situation qui oblige l’établissement à repenser entièrement sa muséographie. À cet effet, Jean-Pierre Mohen, responsable des laboratoires des Musées de France, a été nommé en février 2003 pour mener une mission de réflexion sur l’avenir de l’institution, un travail qu’il a accompli avec un groupe de treize personnes, membres du Muséum d’histoire naturelle– dont le Musée de l’Homme dépend – et personnalités scientifiques. Réunis dans un rapport publié début 2004, leurs travaux devraient permettre à Zeev Gourarier, directeur du département du Musée de l’Homme, d’élaborer le nouveau pôle muséographique. Le projet, qui concerne en premier lieu l’amélioration des conditions de conservation (mise aux normes du réseau électrique, des dispositifs de sécurité ou de l’air conditionné), devrait s’étaler sur cinq ans (dans le meilleur des cas) et coûter environ 70 millions d’euros.

L’unité de l’homme et son inscription dans la nature
La rénovation du musée s’inscrit dans la réforme du Muséum national d’histoire naturelle lancée en 1999. Devenu établissement public en 2003, le Muséum s’est doté auparavant d’un président, Bernard Chevassus-au-Louis, et d’un directeur général, Bertrand-Pierre Galey, tandis que ses 26 laboratoires ont été transformés en 7 départements de recherche et 3 départements scientifiques de diffusion, chacun pourvu d’un directeur. Chaillot réunit trois d’entre eux, le Musée de l’Homme cohabitant avec les départements « Hommes, natures et sociétés » et « Préhistoire » à vocation purement scientifique. « Spécialement créé pour l’activité muséographique au sens large (expositions permanentes et temporaires, conférences, catalogues…) », comme le précise le rapport de Jean-Pierre Mohen, le nouveau Musée de l’homme devra donc se contenter de valoriser les résultats scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle, à l’instar de la Grande Galerie de l’Évolution ouverte en 1994. Celle-ci considère l’Homme comme l’un des facteurs de l’évolution récente. Le musée du palais de Chaillot aura lui pour vocation « d’inscrire l’homme dans l’évolution des espèces en détaillant l’histoire de la lignée humaine, mais aussi d’expliciter et d’illustrer les différentes conceptions de la nature », et sera désormais plus axé sur le corps humain et ses maladies, sa préhistoire, son environnement, son avenir sur la planète. Il « défendra l’idée fondamentale de l’unité de l’homme et de son inscription dans la nature dans une perspective de citoyenneté et de responsabilité ».
Concrètement, le musée sera muni d’espaces d’expositions permanentes (avec des pièces majeures comme des crânes d’hommes de Cro-Magnon, des statues-menhirs du midi de la France, des blocs gravés du Sahara, des cires anatomiques du XVIIIe siècle…) et temporaires, d’une médiathèque, d’une salle de conférence-projection et d’une « cyber-salle », l’ensemble étant réparti aux 1er et 2e étages. L’administration, les locaux des chercheurs, les salles d’enseignement et les bibliothèques de recherche seront installés aux 3e et 4e étages, les équipements techniques et lourds, en rez-de-jardin. Pour les collections, une « plate-forme technique des sciences de l’homme » sera aménagée afin d’effectuer leur récolement. Tous ces aménagements sont censés palier à la désertion progressive du musée dont la fréquentation (estimée à 120 000 personnes en 2003) a chuté de moitié ces dix dernières années.

À lire : Jean-Pierre Mohen (sous la dir.), Le Nouveau Musée de l’Homme, coédition Odile Jacob et Muséum d’histoire naturelle, Paris, 2004, 254 p., 23,50 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Le Musée de l’Homme en voie d’évolution

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